Dans la famille des ovnis, Portal brigue une place de patriarche. Ce FPP pour First Person Puzzle est abominablement accrocheur, plein de charme et d'audace mais surtout diablement trop court. Mais difficile pourtant de vous le déconseiller.
Pour pouvoir poser vos mains sur Portal, deux choix vous seront offerts, l'acheter séparément pour une vingtaine de dollars sur Steam (soit environ 15 euros) ou l'avoir plus ou moins gratuitement dans un pack Orange Box. Vu sa durée de vie, on conseillera plutôt cette seconde option. Par certains aspects, Portal ne manquera pas de faire penser au film Cube, véritable ode à l'absurde. En substance, vous vous éveillez dans une cellule vitrée, chichement équipée. Une voix cybernétique aux accents peu sûrs et trébuchants commence alors à s'adresser à vous, vous indiquant vaguement comment faire vos premiers pas dans la série de tests du Centre D'Activité d'Enrichissement Personnel. Cette voix, appartenant à une intelligence artificielle, sorte de HAL en plus féminin, ne vous quittera plus, gardant en permanence un oeil sur vous via les caméras de sécurité, vous parlant constamment. Elle tentera de vous mentir gauchement, de plaisanter de son intonation saccadée d'horloge parlante ou même de vous encourager et de vous rassurer en vous garantissant qu'à l'issue du test, vous aurez droit à un gâteau, une fête et à un soutien psychologique. Sa simple présence vaut déjà la peine de tenter l'aventure Portal tant elle enchaîne les absurdités et les répliques pleine de cynisme grinçant.
On n'en dira pas plus, mais le travail sur la sonorité de la voix et ses répliques assure au titre une excellente ambiance. D'ailleurs, ces propos improbables seront suivis par ceux des tourelles de défense que vous rencontrerez, des tourelles qui passent en « mode sieste », s'inquiètent de ne plus vous voir dans leur champ de tir ou déclarent ne pas vous haïr lorsque vous les neutralisez, tout ceci d'une voix de robot juvénile. Et pour l'histoire, sachez que tout ce bazar appartient à Aperture Science, une firme concurrente à... Black Mesa. Sachez que les points de liaison entre Portal et Half-Life sont multiples, Aperture est cité dans l'univers de HL (voire Episode Two, vers la fin) et on manipulera ici des boules d'énergie directement puisées dans Episode One.
Bien, reste à voir ce qu'on attend de nous dans Portal. Comme je le disais, on a tendance à penser à Cube, cette expérience insensée qui met à l'épreuve les capacités de réflexion et de coopération d'une bande de quidams devant survivre à des machineries mortelles et sans queue ni tête. Ici, c'est un peu la même chose si ce n'est que vous serez seul et équipé d'un seul et unique outil : le générateur de portails inter-dimensionnels. D'un clic gauche, on crée une entrée, du droit on place la sortie. Avec cette simple astuce, il va falloir venir à bout d'une série de situations plus ou moins épineuses. Les premiers puzzles seront d'une simplicité enfantine, atteindre des points en hauteur, acheminer une boule d'énergie d'un point à un autre à travers les murs etc. Mais par la suite, malheureusement un peu trop tard dans le jeu, certains casse-tête mettront vos méninges à rude épreuve. Il faudra lier adresse et réflexion pour utiliser les portails de façon à se propulser dans les airs et pas simplement à « tomber », tout en se débarrassant de tourelles de sécurité qu'on pourra écraser en faisant tomber un cube dessus, cube qu'il faudra par ailleurs employer pour actionner un bouton, bref, une fois franchis les puzzles d'entraînement, vous aurez de quoi vous faire chauffer la tête.
L'ennui, c'est qu'on vient à bout de Portal beaucoup trop vite. Une fois le jeu terminé, vous débloquerez une série de cartes bonus qui sont des variantes des premiers niveaux ainsi qu'une autre série avec chronomètre, au final, tout compris, on comptera entre 3 et 5 heures selon l'aptitude de chacun à résoudre des puzzles mais dans tous les cas, c'est fort bref. Ceci étant, le menu mentionne assez clairement la possibilité de télécharger de nouvelles cartes, on s'attend donc à voir débarquer de la matière. En tout état de cause, Portal reste un petit ovni qui se dévore goulûment car pour bref qu'il soit, ce puzzle en vue subjective est aussi frais que prenant. Et en plus, il a la meilleure musique de fin du monde eeeeennnnntier !
- Graphismes10/20
On ne peut pas dire que Valve ait cherché à faire des étincelles avec Portal. Le design est très dépouillé, même dans la seconde phase de jeu, mais c'est une partie du sex-appeal du titre.
- Jouabilité14/20
Même les premiers niveaux assez basiques sont amusants et la suite assure une bonne dose de cogitation. Et ne le cachons pas, jouer avec le générateur de portails, c'est drôle, pour peu qu'on commence à trouver comment faire quelques cabrioles.
- Durée de vie5/20
En l'état, il faut entre 4 et 5 heures pour terminer l'intégralité du jeu, cartes bonus comprises. On se doute que de nouvelles maps viendront le compléter mais pour l'heure, c'est bien peu. En même temps, il ne coûte que 15 euros.
- Bande son14/20
Comme la partie graphique, la bande-son de Portal est pour le moins aride (pas de musiques, très peu d'effets), mais la Voix a une telle présence, dans sa sonorité ou dans ses propos que l'effet est amplement suffisant.
- Scénario/
Il y a autant de scénario dans Portal qu'il y en avait dans Cube, c'est-à-dire pas du tout et beaucoup à la fois. L'ambiance, malgré sa simplicité, est en tout cas vraiment sympa, de même que le rapport, certes diffus, avec la mythologie Half-Life.
Pour faire simple et bref, Portal propose un concept franchement original et le met fort bien en pratique. Maintenant, mieux vaut en faire l'acquisition dans le package complet de l'Orange Box ou attendre la diffusion de nouvelles cartes si on souhaite l'acheter à part, histoire de ne pas souffrir de la durée de vie rikiki. La note qui suit porte donc plutôt sur l'acquisition en pack.