C'est dans une boîte de Francfort, à quelques pas des locaux où il est développé, que nous avons pu mettre la main sur Crysis pour un dernier contact avant sa sortie à la mi-novembre. C'était l'occasion de savoir si le prochain hit annoncé des créateurs de Far Cry serait à la hauteur de sa réputation.
A peine assis, on jette un petit coup d'oeil envieux au PC sur lequel on va passer les prochaines heures. Un Dell XPS qui, sous ses lignes futuristes, recèle un Dual Core de 2,6 Ghz, 2 Go de RAM et une Gforce 8800 GTX. Pas mal. « Ça devrait tourner. », comme dirait l'autre. Bon, on se lance. Clic sur "New Game" et là, premier élément en faveur du jeu. Ce n'est qu'un détail mais il est éminemment sympathique. Au niveau de difficulté le plus élevé, les soldats ennemis ne parlent plus anglais mais coréen. On imagine déjà que la différence peut s'avérer essentielle dans l'approche tactique en empêchant le joueur de prévoir les déplacements et les actions des soldats ennemis. Le jeu commence par une chute opérationnelle. Trois commandos fendent le ciel nocturne et se précipitent vers une île aussi rapidement que la gravité le permet. Atterrissage brutal et alors... Un représentant de Crytek intervient pour nous demander de sortir de là immédiatement et de charger la partie enregistrée prévue pour cette démonstration. Chef, oui chef ! L'impatience de plonger dans le jeu nous aura fait rater quelques instructions en route. Oui, on va dire ça...
Donc c'est reparti après un petit chargement. Le personnage qu'on dirige se retrouve sur une petite route traversant une jungle d'une qualité de détail qu'on a effectivement jamais vue. L'ambiance est très réussie et pas seulement au niveau de la végétation. Des chasseurs à réaction passent en permanence au-dessus de nos têtes en larguant de nombreuses bombes. Pas de doute, c'est la guerre. Le boss du commando nous donne ses instructions : il va s'agir de détruire deux canons antiaériens qui empêchent les avions d'atteindre leurs objectifs. En route, mauvaise troupe. On en profite pour faire connaissance avec les commandes spéciales de Crysis : ce qui change le « pouvoir » actif de la nanosuit et la customisation de son arme. En deux temps, trois mouvements, on se retrouve dans la configuration choisie : la nanosuit sur blindage et l'arme transformée en fantasme de sniper avec lunette et silencieux. C'est simple, rapide et évidemment pensé pour être utilisé sans problème au plus fort du combat.
La progression se poursuit jusqu'au premier contact avec l'ennemi. Les soldats coréens font tout ce qu'ils peuvent pour rester dans les bosquets et se planquer derrière des rochers. Et ils se concertent vraiment, discutent entre eux pour nous prendre en tenaille. Mais ils avancent encore lentement et restent trop souvent à découvert pour leur propre bien. De plus, le reste de l'escadron américain n'est pas là pour le décorum et fait des ravages dans les rangs ennemis. Malgré cela, le personnage qu'on dirige se retrouve rapidement seul. Le premier objectif est stationné près d'un pont. Sur place, on se rend compte qu'il s'agit d'un blindé et qu'on n'est pas en possession d'explosifs. Heureusement, on trouve des bidons de carburant pas très loin. Nanosuit en mode force, on soulève un bidon, on le repose à côté du tank, on s'écarte, on tire dessus et boum ! Il est clair que Crysis est conçu pour favoriser la réflexion et, éventuellement, l'improvisation. Les niveaux sont ouverts pour permettre au joueur de faire preuve d'initiative et, si nécessaire, éluder un problème insoluble. Par exemple, après la destruction du premier tank, nous avons été attaqués par un hélicoptère. Heureusement, un lance-roquettes traînant par là nous a permis de l'abattre en deux tirs. Restait une seule roquette dans l'arme ce qui s'est avéré trop peu pour descendre l'hélico que nous avons croisé plus loin. Seule solution : sortir des chemins balisés pour rendre la tâche difficile au tireur embarqué dans l'appareil et rester caché tout en éliminant les soldats coréens qui, eux, n'avaient aucune difficulté à se regrouper autour de notre personnage pour tenter de l'éliminer. Après ce premier contact avec le solo, plusieurs conclusions s'imposent. Déjà, Crysis est clairement signé par les créateurs de Far Cry. On retrouve leur style dans l'omniprésence de la jungle ou encore, dans la présence des vedettes rapides qui patrouillent sur les plans d'eau. Mais l'ambiance est indéniablement plus violente et s'appuie de manière flagrante sur l'aspect militaire du scénario. Techniquement, on regrettera des lacunes désolantes. Déjà, notre machine a "crashé" plusieurs fois de suite au moment du combat avec le premier hélico. Ensuite, certaines textures semblaient s'afficher "en retard" sur des polygones parfois très simplistes. Enfin, en montant dans un Hummer pour parcourir rapidement une portion du chemin apparemment dégagée, nous avons eu la mauvaise surprise de subir quelques secondes de gel total. Non, les extraterrestres n'y étaient pour rien mais nous n'avons pu que constater que la version de cette présentation est encore loin d'être parfaite, surtout si on prend en compte les performances de la machine sur laquelle elle était installée. Espérons qu'en un mois, les développeurs auront eu le temps de corriger tous ces défauts.
La présentation s'est poursuivie par une partie en multi sur le mode "Power Struggle". Les journalistes présents ont été divisés en deux groupes : l'un jouant les Américains, l'autre les Coréens. Dans ses grandes lignes, ce mode nécessite qu'on se saisisse d'une usine de fabrication d'armes et de différents points d'alimentation en énergie. Plus l'équipe dont on fait partie dispose de ces derniers, plus l'obtention d'armes sera rapide, bien entendu. Autre facteur important : à chaque fois qu'un joueur réussit quelque chose (de l'élimination d'un soldat adverse à la prise d'un bâtiment en passant par la destruction d'une des tourelles qui protègent la base ennemie), il obtient des points de prestige. Ce sont eux qui permettent d'acheter des armes légères à la volée ou de fabriquer des armes lourdes. Et croyez bien que ce dernier qualificatif n'est pas usurpé dans la mesure où l'une d'entre elles est carrément un tank projetant des obus nucléaires. Nous l'avons vu en action et croyez-nous quand nous vous disons que ça dépote. D'un autre côté, comme il s'agit d'une des armes ultimes de ce mode, il faut vraiment travailler pour l'obtenir et savoir se montrer économe en points de prestige car il est cher. Dans l'ensemble, Power Struggle nous a semblé très intéressant et sans doute appelé à un bel avenir sur le net et en LAN. D'un autre côté, il faut bien reconnaître que c'était notre première partie sur ce mode et que, malgré tout l'intérêt que nous lui avons porté, nous ne pourrions prétendre avoir tiré le meilleur d'un principe aussi complexe d'autant plus que rien n'est vraiment fait pour accueillir le débutant dans les meilleures conditions. Il y a bien une sorte de didacticiel qui s'affiche dans le jeu, mais qui prend le temps de lire des instructions alors que l'armée coréenne tente de lui faire la peau ? Concernant ce point en particulier, nous vous renvoyons vers l'interview d'Eric Lagel, le producteur du multijoueur de Crysis.Dernière phase de cette première vision de Crysis : une partie en "Instant Action". La vingtaine de lascars présents dans la salle se lance dans un Deathmatch survolté se déroulant dans les entrailles d'un porte-avions. Evidemment, l'utilisation des armes ne fait pas tout et il faut aussi gérer au mieux les pouvoirs qu'octroie la nanosuit. Selon les salles dans lesquelles on se trouve, on se blinde, on gagne en rapidité, on développe sa force, etc. D'ailleurs, le ratio concurrents éliminés/nombre de fois où nous sommes morts le plus intéressant que nous ayons obtenu, s'est fait en traînant dans les coursives les plus exiguës et en activant la force de la nanosuit. Comme cela, on se débarrasse d'un adversaire en deux coups de poings bien placés, de manière plus efficace qu'avec un fusil à pompe, par exemple. En plus, comme il n'y a pas de coup de feu, la cible met un instant à comprendre ce qui lui arrive. Un instant qui lui est fatal... Petite note négative sans doute compréhensible : après avoir bien cherché, nous n'avons pas trouvé d'objets à lancer à la tête des autres concurrents ou des bidons de carburant à entasser dans un coin de la carte pour tendre un piège par exemple. Et il apparaît clairement que le moteur physique en multi n'est pas aussi pointu qu'en solo. Mais, encore une fois, c'est parfaitement normal car cela sous-entendrait des tonnes de données à faire transiter au détriment de la rapidité d'affichage. En tout cas, c'est ce que nous a confié le producteur du multijoueur en assumant pleinement cet état de fait. La journée s'est achevée sur ce qui nous avait été présenté en début de session comme une annonce importante. Alors que nous extrapolions sur d'éventuels portages du jeu sur d'autres plates-formes, ce sont en fait les configurations nécessaires pour le jeu qui ont été annoncées par Cevat Yerli, le président de Crytek. Configuration minimale : 2,8 GHz sur Windows XP ou 3,2 GHz avec Vista – 1 Go de ram à 1,5 Go de ram avec Vista – Carte graphique 256 Mo. Configuration recommandée : Intel Core 2 Duo à 2,2 Ghz ou AMD Athlon 64 X2 4400+ - 2 Go de ram – Nvidia Geforce 8800 GTS 640 ou équivalent.