Quand Lexis Numérique (In Memoriam 1 & 2) revient avec un nouveau jeu d'aventure au concept original, c'est forcément un évènement. Le studio d'Eric Viennot s'étant forgé une solide réputation avec ses premiers titres, son dernier bébé est en effet très attendu par les fans. Une attente bien récompensée.
Ce qui fait l'originalité du concept d'Experience 112, c'est d'abord le système de contrôle indirect de l'héroïne. Le joueur n'incarne pas directement Léa Nichols, mais un autre personnage dont on ne sait rien, hormis qu'il dispose d'un accès à une interface de sécurité. Cette interface lui permet de diriger des caméras, d'ouvrir des portes, d'allumer des lumières... De cette manière, il peut donner des indications à Léa et suivre sa progression sur les écrans. Bref, il y a un personnage qu'on voit mais qu'on ne commande pas, et un autre invisible mais qui nous permet d'agir. Avec ce tandem complémentaire, on obtient un gameplay inédit qui fonctionne très bien.
Très bien me direz-vous, mais dans quel but faire tout cela ? Eh bien, il s'agit de trouver des réponses aux nombreux mystères qui entourent l'histoire. Le scénario est une des grandes forces d'Experience 112, je vais donc essayer d'en poser uniquement les bases sans trop révéler les rebondissements. Mais si vous préférez avoir le plaisir de la découverte entier, je ne peux que vous conseiller de passer directement au paragraphe suivant. Tout commence sur un ancien supertanker, devenu dans les années 60 la base du projet militaro-scientifique EDEHN, un acronyme qui signifie Ethology Departement of Extra-Human Neuroscience. Sachant que l'éthologie est l'étude du comportement animal, et que ce qui est "extra-humain" n'est, par définition, pas humain, on en vient vite à deviner qu'il s'agit de recherches sur une espèce inconnue. Par la suite, on ira à sa découverte en quittant le navire pour un monde étrange où on tentera d'entrer en communication avec elle. Bien sûr, accrocher ou pas à une histoire est quelque chose d'éminemment subjectif mais personnellement j'ai beaucoup aimé.
Ce scénario, on le découvre petit à petit en lisant les dossiers du personnel disparu de la base. On trouve progressivement leurs mots de passe et, par le biais de l'interface de sécurité, on accède ainsi à leurs mails, leurs codes ou encore leurs documents de nature diverse (textes, photos, enregistrements audio ou vidéo). Chaque membre de l'équipe cachait ses petits secrets, une lecture attentive de leurs fiches est donc requise pour lever un coin du voile sur l'épais mystère entourant les évènements survenus à bord. Des tensions existaient aussi entre certains individus. Pire, certains soupçonnaient même l'existence d'un traître à la solde d'une opaque confrérie secrète. Qui était-ce ? Est-il responsable des faits qui se sont déroulés ? Ces interrogations trouveront en partie leurs réponses dans ces fameux dossiers.
Mais ils ne servent pas uniquement à comprendre l'histoire, ils contiennent également de précieuses informations concernant la résolution des énigmes. Elles sont assez différentes : de la cryptographie, de la linguistique, un puzzle, etc. Si elles peuvent paraître relativement simples au début, ça se complique un peu dans la dernière partie, même si on n'atteint pas le niveau d'un In Memoriam. En tout cas, elles restent toujours cohérentes, tous les éléments étant dans les mains du joueur. A lui de faire fonctionner sa cervelle pour les mettre bout à bout et former la réponse. Un autre élément du jeu est le pilotage d'appareils. Attention, il n'est pas question ici de conduire des bolides, plutôt de prendre le contrôle de robots pour effectuer certaines tâches, ou de manoeuvrer délicatement un bathyscaphe lors d'une sortie en mer.
Le gameplay est donc varié et c'est une franche réussite. D'autant plus que les petits soucis de pathfinding aperçus dans la version preview ont été corrigés. En revanche, le moteur graphique pourrait avoir été un peu mieux optimisé. Certes, c'est une sacrée performance d'afficher de la 3D en temps réel dans jusqu'à trois fenêtres simultanément. Mais cela se fait au détriment de la fluidité, à moins de jouer sur une machine de guerre ou de désactiver les ombres. Heureusement, le framerate n'est pas primordial dans un jeu qui privilégie la réflexion à l'action. A part ça, c'est du beau travail, tant sur le plan graphique que sonore d'ailleurs. L'interprétation sans faille de Léa est secondée par des musiques particulièrement réussies. Bref, Lexis Numérique nous a une fois de plus gâtés avec un grand jeu, une expérience dont on ne ressortira pas indemnes.
- Graphismes15/20
Le design général dégage une atmosphère très réussie, même si quelques problèmes d'aliasing viennent ternir un peu le rendu final. Les effets d'ombres plombent le framerate, alors prévoyez une très bonne machine ou préparez-vous à les désactiver.
- Jouabilité17/20
Le gameplay inédit d'Experience 112 fonctionne très bien et en fait un titre vraiment à part. De plus, il vient s'enrichir de nouvelles possibilités au fil de la progression du joueur. Enfin, les énigmes sont toujours très logiques, ce qui n'empêche pas certaines d'offrir un challenge assez corsé.
- Durée de vie16/20
Evidemment, la durée de vie dépend beaucoup de la vitesse de résolution des énigmes. Mais il faut tout de même compter une bonne quinzaine d'heures environ pour venir à bout de l'aventure, c'est tout à fait correct.
- Bande son17/20
Les musiques et bruitages collent parfaitement à l'ambiance. Quant au doublage de Léa, il est très convaincant.
- Scénario17/20
L'histoire, originale et pleine de surprises, est excellente. Elle est épaulée par un solide background composé d'une multitude de documents écrits, audio ou vidéo. On regrette juste que le choix du dénouement ne soit pas laissé au joueur, il aurait suffit d'ajouter une cinématique alternative...
Prenez une bonne histoire, racontez-la via un gameplay original, accompagnez le tout d'une réalisation soignée, vous obtenez Experience 112, le nouveau titre de Lexis Numérique qui, comme les précédents, fera date dans le genre des jeux d'aventure.