Puisque la mode est aux compilations sur PSP, Sega nous invite à redécouvrir la série des Crazy Taxi au travers d'un titre qui réunit les deux premiers épisodes. Il s'agit bel et bien des volets développés à l'origine sur Dreamcast en 2000-2001, des jeux toujours aussi cultes mais qui risquent de ne plus autant nous ébouriffer qu'à l'époque de leur sortie.
L'épisode 3 est d'ailleurs passé sous silence, ce qui confère d'autant plus à cette compilation un côté rétro complètement assumé. Les responsables du portage n'ont en effet pas cherché à améliorer la réalisation d'une quelconque façon, celle-ci a donc un peu de mal à faire bonne figure, surtout quand on sait qu'elle n'était déjà pas très impressionnante pour l'époque. Mais si Crazy Taxi n'a jamais cherché la prouesse graphique, c'est plutôt pour la grandeur des villes proposées qu'il aura marqué les esprits, mais aussi pour son punch survolté et son concept complètement original. Au jour d'aujourd'hui, le titre de Sega aura sans doute beaucoup plus de mal à tenir tête à des softs tels que Burnout, mais ce dernier s'en est inspiré allègrement pour devenir l'un des jeux de courses les plus appréciés des amateurs de titres résolument arcades.
Dans le cas hautement improbable où vous n'auriez jamais entendu parler de Crazy Taxi, rappelons que le principe consiste à jouer le rôle d'un taxi-driver n'ayant pas d'autre but que de rentabiliser sa journée en se faisant un maximum de blé. Une fois les clés de contact activées, c'est une course contre-la-montre qui s'engage, l'objectif étant de trouver un maximum de clients à déposer aux quatre coins de la ville pour devenir l'homme le plus riche du monde. La subtilité de la chose vient du fait qu'il n'est pas question de rouler sagement en respectant le code de la route pour remplir sa mission, mais au contraire de ne reculer devant rien pour arriver le plus vite possible sans oublier d'impressionner le client pour qu'il vous paye généreusement. Le bon joueur s'évertuera donc à mémoriser chaque artère de la ville sur le bout des doigts pour emprunter les bons raccourcis. Il n'est pas rare, en effet, de se laisser piéger par le sens de la flèche qui indique toujours la direction de l'objectif sans se préoccuper de la configuration du terrain et de l'emplacement des bâtiments, quitte à vous envoyer vous crasher dans un mur. Maîtriser le jeu, c'est aussi connaître l'art de choisir les bons clients, un code couleur permettant de prévoir la longueur du trajet demandé et donc d'évaluer approximativement la durée de la course.
Précurseur d'une série comme Burnout, le titre de Sega nous apprend la nécessité de prendre des risques en n'hésitant pas à quitter le bitume pour couper dans l'herbe, monter sur les trottoirs ou dévaler les escaliers afin de grappiller quelques précieuses secondes. Libre à vous de faucher volontairement ou involontairement la terrasse d'un café et de pulvériser les cabines téléphoniques et autres éléments du décor qui vous font obstacle. Dévaler les rues à contresens à vitesse maximale en effrayant les piétons qui hurlent à votre approche est un plaisir propre à Crazy Taxi, tout comme foncer sur les rampes pour s'élancer du haut d'un pont en espérant avoir suffisamment de vitesse pour atterrir de l'autre côté ou, mieux encore, survoler les poids lourds qui ralentissent la circulation et s'engouffrer dans un tunnel en croisant les doigts pour ne pas voir le métro arriver en face. On retrouve les deux formules proposées à l'origine, permettant aussi bien les parties à durée déterminée que celles qui se terminent dès que vous mettez trop de temps à trouver un nouveau client. La meilleure technique pour gagner des points est de frôler les autres véhicules en prenant des risques sans pour autant provoquer d'accidents, une idée qui sera intégralement reprise dans la série Burnout. Le but est d'offrir un maximum de sensations fortes à son client sans le décevoir, par exemple si vous êtes trop lent ou trop brutal, auquel cas il reverrait à la baisse le prix de la course. Les réactions amusantes des clients et les protestations du chauffeur garantissent toujours une ambiance agréablement décalée.
En intégrant Crazy Taxi 2, l'opus PSP s'offre toutes les nouveautés propres à cet épisode, à commencer par l'ajout d'une seconde ville inspirée de New York, après San Francisco pour le premier volet. Le résultat est certes loin de la réalité, mais on trouve quand même quelques indices géographiques évocateurs, comme le pont de Brooklyn ou l'Empire State Building.Version remaniée du Crazy Box, le mode Crazy Pyramid comporte une palanquée de défis à relever pour apprendre à maîtriser toutes les subtilités de pilotage. Car si le jeu est résolument arcade, il se révèle parfois assez technique lorsqu'il s'agit de réaliser correctement les manoeuvres telles que le Crazy Dash, le Crazy Jump ou le Crazy Drift en jouant sur le levier de vitesse. Ce second opus rajoutait aussi quatre nouveaux chauffeurs ayant chacun leur propre véhicule, et la possibilité de faire monter plusieurs clients à la fois. La cerise sur le gâteau reste quand même l'intégration du Crazy Hop, une technique vous permettant de faire sauter le taxi pour contourner le trafic par la voie des airs.
Concernant les spécificités de cette version PSP, on peut déjà déplorer l'absence des musiques d'Offspring qui contribuaient grandement à l'immersion générale dans le titre original. En compensation, le soft nous invite à choisir nos musiques personnalisées, ce qui est un plus non négligeable. Pour le reste, on peut toujours paramétrer la densité du trafic ainsi que l'intervalle de temps imparti entre les "courses". La principale nouveauté réside finalement dans l'ajout d'un mode multijoueur qui autorise les parties à deux joueurs en compétition ou en coopération. Une option qui manquait cruellement aux titres originaux et qu'on aura longtemps attendue. S'ajoutent à cela les multiples défis des modes Crazy Box et Crazy Pyramid, la durée de vie générale devenant ainsi beaucoup plus raisonnable qu'à l'époque des premières versions. Celle-ci est tout de même limitée par l'absence de challenges progressifs en dehors des défis techniques, le déroulement purement arcade de Crazy Taxi finissant par nuire à l'intérêt du jeu sur le long terme. Voilà donc une compilation qui ne se justifie que pour satisfaire les amoureux de la série ou ceux qui seraient passés à côté à l'époque.
- Graphismes9/20
Inutile de s'éterniser sur ce point, la réalisation est dépassée et bourrée de bugs en tout genre, mais on l'aime comme elle est parce qu'elle est telle qu'on l'a connue à l'époque de la Dreamcast. A vous de voir si c'est un défaut ou non.
- Jouabilité13/20
Les contrôles ne posent pas de problème notable sur la PSP, les déplacements pouvant être effectués aussi bien au stick qu'avec la croix directionnelle. Le gameplay profite surtout des ajouts du second volet, mais l'impression de vitesse est bien moindre que sur le premier opus.
- Durée de vie13/20
Deux Crazy Taxi pour le prix d'un, sans oublier l'ajout du mode multijoueur si longtemps attendu par les fans. Cela ne suffit pourtant pas à rendre la durée de vie pleinement satisfaisante sur le long terme, la faute à l'orientation arcade du titre qui favorise les sessions de jeu courtes.
- Bande son11/20
Le jeu ne comporte plus les chansons d'Offspring, pourtant indissociables de la série, ce qui fait perdre au soft beaucoup de son charme, mais on peut tout de même importer ses propres musiques, ce qui n'est pas négligeable. Les thèmes par défaut sont, en revanche, peu convaincants.
- Scénario/
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Voilà une compilation qu'on aurait bien aimé découvrir plus tôt, la réunion des deux premiers Crazy Taxi et l'ajout tant attendu du mode multijoueur étant sans doute les meilleurs arguments de cette version PSP. Si le principe est toujours aussi bon, la réalisation accuse le coup et les sensations tiennent difficilement la route à côté d'une série comme Burnout, même si cette dernière ne serait sans doute pas ce qu'elle est sans l'inspiration du jeu de Sega. Un titre à placer dans sa collection à côté des épisodes originaux, mais auquel on ne jouera probablement qu'à de rares occasions.