Quand Koei ne sait plus quoi faire avec ses séries et ses dérivés de séries, elle nous fait le coup du cross-over. Rien de tel que le mélange de deux grosses pointures vidéoludiques, Samurai Warriors et Dynasty Warriors, pour engranger les pépettes le plus simplement du monde. Du coup, tout le monde est content sauf le testeur qui se rend vite compte de la supercherie.
Warriors Orochi, c'est d'abord un état d'esprit, une vision d'une ou de plusieurs personnes qui ont eu l'illumination. Le constat fut donc très simple. Dynasty Warriors et ses déclinaisons se vendent bien, de même que Samurai Warriors et ses mêmes déclinaisons. Bon, qu'allons-nous pouvoir faire maintenant pour renflouer les caisses de la société en dépensant le moins d'argent possible tout en répondant à une sorte de demande de la part du public ? Quelqu'un, une idée ? - Pourquoi, on ne développerait pas autre chose que du beat'em all de masse ?... Silence gêné... Et puis quoi encore, un jeu à la Wipeout tant que vous y êtes ?!... Silence encore plus gêné... - Je crois qu'on l'a déjà fait ça, monsieur !... Silence de mort... Bon, bref, je veux des idées les enfants, mais des vraies, hein, des novatrices... Huit heures plus tard... Bon, nous sommes tous d'accord ! Nous allons donc fusionner Samurai Warriors et Dynasty Warriors pour en faire une fausse nouvelle franchise en tablant principalement sur le nombre de personnes jouables ! - Monsieur, cette idée est brillante, je peux vous embrasser ?... Silence de mort suivi d'un silence gêné.
Dans tout ça, Warriors Orochi a tout de même la chance de bénéficier d'un scénario follement jouissif qui pourra se vanter de m'avoir fait rire aux larmes. Imaginez un peu. Orochi, un démon séculaire traversant l'espace temps décide de fusionner les univers des Trois Royaumes et l'époque Sengoku afin d'asseoir sa suprême suprématie (ouais, l'est un peu mégalo l'Orochi) en venant à bout de tous les meilleurs combattants de ces deux mondes. Et c'est qu'il va avoir de quoi faire le bougre vu qu'on dénombre 77 personnages sortant respectivement des Samurai Warriors ainsi que d'une tripotée de Dynasty Warriors. Ce mélange a au moins le mérite de proposer aux joueurs des héros hauts en couleurs, disposant chacun de techniques de combat spécifiques. Dommage que le reste du jeu n'ait pas bénéficié d'idées aussi brillantes. En somme, exception faite de son casting de luxe, le soft de Koei fait peine à voir. D'une part, le contenu se limite aux modes Histoire et Jeu Libre, le second nous permettant de reprendre les niveaux débloqués dans le premier avec des groupes de trois combattants que nous aurons choisis au préalable en allant piocher parmi les protagonistes de chaque épisode composant ce cross-over.
La construction du jeu est, elle aussi, strictement identique à celle de ses aînés à quelques détails près. Ainsi, il est désormais possible de switcher entre trois personnages à tout moment de l'aventure, ceci conférant aux rixes un côté moins monotone. Cependant, il n'en reste pas moins que les missions se ressemblent beaucoup trop, qu'on a parfois tendance à ne plus savoir quoi faire, sans parler des combats toujours aussi brouillons n'arrangeant pas les choses. A ce sujet, honte aux développeurs qui n'ont pas su régler les problèmes de caméra, celle-ci étant mal placée et empêchant d'avoir une vue claire de la situation. De même, l'IA quasi inexistante et la qualité graphique achèvent un titre qui n'avait pas besoin de ça. Bien entendu, le gain d'expérience pour augmenter les caractéristiques de son poulain, ainsi que la fusion d'armes répondent présents mais c'est loin d'être suffisant pour masquer les carences techniques ou l'absence de nouveautés qu'on était en droit d'attendre d'un tel produit.
- Graphismes9/20
Warriors Orochi fait pitié malgré un character design réussi et de superbes cinématiques en CG. Dommage que les décors soient si vides, que les effets spéciaux ne soient finalement pas si spéciaux que ça et que le jeu soit bourré de clipping.
- Jouabilité11/20
Quand Koei comprendra qu'il faudrait vraiment repenser totalement son système de jeu ? En l'état, Warriors Orochi est blindé de problèmes de caméra (légèrement en plongée afin de permettre au joueur de ne rien comprendre de ce qui se passe à l'écran) et les combats sont brouillons. Enfin, on passera sous silence l'IA des adversaires aussi élevée que celle d'un suricate atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob puisque c'est un trait commun à tous les jeux du genre.
- Durée de vie13/20
Un mode Histoire et un mode Libre où il est possible de reprendre n'importe quel niveau débloqué avec des personnages de Samurai Warriors ou Dynasty Warriors. On est quand même loin du contenu des précédents volets d'autant que s'il est possible de jouer en coopératif, il n'y a toujours pas de mode en ligne à l'horizon.
- Bande son12/20
Les musiques aux ambiances technoïdes font un peu tache dans cet univers de fantaisie et une fois de plus, on devra se taper le doublage anglais, ceci garantissant une immersion pour le moins limitée.
- Scénario8/20
Comment légitimer la rencontre entre les Trois royaumes de la Chine antique et l'ère Sengoku du Japon ? Eh bien, pourquoi ne pas inventer un démon du nom d'Orochi voyageant à travers l'espace-temps qui aurait l'idée de fusionner tout ce beau monde ? Et là, je crois que tout est dit... Sauve-nous Marty McFly !
Warriors Orochi n'est qu'un succédané des séries Dynasty Warriors et Samurai Warriors. Plus de 70 personnages au compteur, pas mal de missions mais l'impression d'assister à une gigantesque opportunité marketing prévaut de bout en bout. De fait, les développeurs n'ont pas résolu la visibilité d'ensemble du titre et ont laissé traîner de nombreux problèmes de caméra, le graphisme est d'une laideur sans nom et le contenu s'avère au final famélique. A oublier très vite.