Company of Heroes est certainement l'un des tout meilleurs jeux de stratégie actuels. Un gameplay très tactique et riche en possibilités allié à une réalisation de haute facture en ont fait une référence du genre. A vrai dire, il ne lui manquait pas grand-chose, si ce n'est une seconde campagne permettant d'incarner l'Axe. Un oubli désormais réparé grâce à Opposing Fronts.
Les développeurs de Relic ayant fait le choix d'un stand-alone et non d'une extension, le jeu cherche surtout à conquérir de nouveaux venus, même s'il s'adresse évidemment aussi aux vieux briscards du premier épisode en quête de nouvelles missions. Pour les premiers, rappelons donc les bases du gameplay de Company of Heroes. Les batailles sont centrées autour de la capture de points de ressources disséminés sur la carte, ce qui rappelle les précédentes productions du studio canadien comme Warhammer 40 000 : Dawn of War. Selon leur nature, ces points rapportent trois types de ressources : munitions, carburant et main-d'oeuvre. Une fois sous le contrôle du joueur, ils rapportent régulièrement à condition d'être situé sur un territoire relié au Quartier Général. Pas besoin de phase de récolte donc, ni de construction de bâtiments chers à d'autres titres du genre, d'ailleurs. Les seules constructions possibles sont quelques ouvrages défensifs, comme des emplacements de mortiers, de mitrailleuses ou encore d'obusiers. En partie affranchi des contraintes liées à l'économie et au développement d'une base, le joueur peut donc se concentrer sur la gestion de ses troupes, vers laquelle le jeu est résolument tourné.
Car il va falloir les bichonner, ces troupes, tant elles sont peu nombreuses. Chacune des unités est précieuse, puisqu'au fil des combats elles gagnent de l'expérience, qui sert à acquérir de nouvelles capacités. Mieux vaut donc tenter de préserver ses hommes plutôt que de les envoyer au casse-pipe sans réfléchir au risque de devoir les remplacer par de la bleusaille. Pour cela, il faut utiliser au maximum le terrain pour se mettre à couvert. N'importe quelle carcasse pourra servir d'abri de fortune, mais un muret offrira une bien meilleure protection. De la même manière, les soldats peuvent entrer dans les bâtiments pour être moins exposés. Il faut toutefois garder à l'esprit que tout est destructible, un tank les délogera donc facilement. Les tanks justement, doivent être attaqués de préférence par-derrière, où leur blindage est plus faible. Bref, foncer dans le tas n'est jamais la stratégie gagnante, chaque assaut nécessite une planification correcte, ce qui n'est pas une mince affaire parfois dans l'urgence d'une situation. Tous ces aspects déjà présents dans Company of Heroes se retrouvent bien sûr dans Opposing Fronts. De ce côté-là, les vétérans du premiers opus ne seront pas dépaysés. Voyons donc maintenant quelles sont les nouveautés apportées par ce stand-alone.
Deux nouvelles armées font leur apparition : les Britanniques et la division blindée allemande Panzer Elite. Commençons par passer en revue les troupes de l'armée britannique. Tout d'abord, leur base est mobile. Elle est constituée d'un camion que l'on peut déployer où bon nous semble, puis replier pour la déplacer à un autre point de la carte en fonction des besoins, pratique. Toujours dans les véhicules, on trouve évidemment les modèles de chars spécifiques à cette nation, comme le Tetrarch ou le Cromwell. Mais mon préféré reste l'énorme Churchill, le tank, pas le Premier ministre. Il est décliné en plusieurs versions bidouillées par les Royal Engineers, connues historiquement sous le nom de Hobart's Funnies. Les spécialistes apprécieront donc la présence de l'AVRE, équipé d'un puissant mortier, ou du Crocodile et son lance-flammes bien pratique pour faire le ménage. Au niveau de l'infanterie, des officiers (lieutenants et capitaines) peuvent être rattachés aux sections pour leur conférer des bonus. Les soldats peuvent creuser des tranchées pour établir une ligne de défense. Des planeurs sont également de la partie pour déployer rapidement sur le champ de bataille commandos ou blindés, créant ainsi autant de points de spawn avancés. Enfin, le système de point de commandement est toujours présent et permettra au chef des Britanniques de demander de l'aide. Par exemple, un support de l'artillerie canadienne, comme le 'barrage roulant', terriblement efficace pour avancer rapidement ses troupes à l'abri d'un front d'explosions qui avance.
Cette campagne britannique se déroule en Normandie et vous fera vivre de nombreux évènements historiques comme la fameuse prise de la colline 112, qu'il faudra ensuite défendre désespérément lors d'une contre-attaque quelques missions plus loin. Tout cela nous amènera jusqu'à la libération de la ville de Caen. La campagne germanique, quant à elle, vous met à la tête de la division blindée Panzer Elite lors de l'opération aéroportée massive Market Garden. Pour ceux qui ont séché leurs cours, petit rappel : cette opération alliée avait pour but d'arriver en Allemagne via la Hollande en contournant la ligne Siegfried. Elle s'est soldée par un échec. A la tête des nazis, votre but sera donc de reproduire l'Histoire en repoussant cette offensive. Pour cela, de nombreuses nouvelles unités sont à disposition. Une des plus utiles est sans conteste l'autochenille (halftrack). Avec ce véhicule, le joueur possède un mortier portatif rapide et efficace qui peut pilonner les positions adverses tout en restant relativement en arrière. De quoi harceler l'ennemi, d'autant qu'il existe des obus incendiaires dévastateurs. Les panzergrenadiers sont eux aussi bien pratiques avec leur armement lourd, ils constituent une infanterie de choc. Bref, je ne vais pas dresser une liste exhaustive des unités apportées par Opposing Fronts car il y en aurait encore beaucoup à détailler, mais elles sont suffisamment nombreuses et variées pour renouveler l'intérêt de Company of Heroes et faire naître des tactiques inédites. En tout cas pour la première fois qu'ils sont jouables en solo les Allemands ne déçoivent pas, la Panzer Elite est vraiment plaisante à manier.
Avec ces deux nouvelles campagnes solos, ce stand-alone place déjà la barre très haute niveau gameplay et durée de vie, mais la technique n'est pas en reste. Le jeu est magnifique, comme l'original, peut-être même un peu plus grâce à de nouveaux effets, notamment pour la météo. En revanche, pour en profiter pleinement il faudra un ordinateur puissant, sous peine de devoir beaucoup baisser les détails. Mais même sans pousser tous les taquets à fond ça reste tout de même joli à regarder. C'est du grand spectacle, un peu à la manière d'un Call of Duty mais vu de dessus : les grenades et obus explosent tandis que les maisons croulent sous une pluie de fer et de feu, le tout soutenu par des bruitages incroyablement réalistes et une musique du tonnerre. Je crois que je peux arrêter là la liste des superlatifs, vous aurez compris que la réalisation était une fois de plus grandiose, ce qui après tout n'est pas surprenant venant des créateurs d'Homeworld. Je suis tout juste capable de trouver un petit défaut pour ne pas passer complètement pour un fanatique : le zoom arrière n'est pas suffisant, on est encore un peu trop proche de l'action à mon goût. Une vue plus large du terrain aurait été appréciable. Voilà, c'est dit. Mais ce n'est pas ce genre de broutille qui empêchera Company Of Heroes : Opposing Fronts de se hisser au sommet du panthéon de la stratégie en temps réel.
- Graphismes18/20
Un an après la sortie de Company of Heroes, Opposing Fronts n'a pas à rougir du temps passé. Relic a su mettre à jour son moteur avec quelques effets dont pourront profiter les possesseurs de cartes graphiques DirectX 10. Pour les autres, pas de panique, ça reste magnifique à condition de posséder une bonne machine. Les décors sont entièrement destructibles : les bâtiments s'effondrent sous un déluge d'explosions, les arbres s'enflamment ou plient sous le poids d'un char, bref ça pète de partout, c'est du grand spectacle. Et on a même droit à des effets météorologiques.
- Jouabilité18/20
Les possibilités offertes au joueur sont vraiment riches. Le jeu est cependant accessible, la prise en main demandant peu de temps. Opposing Fronts apporte de nombreuses unités, qui amènent leur lot d'aptitudes et de nouvelles tactiques. L'intelligence artificielle donne du fil à retordre dans les niveaux de difficulté les plus élevés.
- Durée de vie18/20
Enfin une deuxième campagne permettant d'incarner l'Axe ! Avec près d'une vingtaine de missions au total, ce stand-alone est donc encore plus long que le jeu original. De plus, certaines demandent beaucoup de temps pour être accomplies, surtout si on veut mener à bien tous les objectifs secondaires et gagner les médailles. Cerise sur le gâteau, le mode multijoueur permet d'affronter les joueurs qui n'ont que Company of Heroes, autant dire que dès la sortie vous n'aurez aucun mal à trouver des parties.
- Bande son17/20
Notre version de test était en anglais. Du côté germanique, les voix étaient soit en allemand durant les cinématiques, soit en anglais accent teuton durant les phases de jeu, étrange... Impossible de dire dans l'immédiat ce qu'il en sera de la version française. Côté musique et sons c'est tout simplement du grand art : les thèmes sont épiques, les tirs et explosions extrêmement bien rendus, on s'y croirait.
- Scénario16/20
On peut regretter les cinématiques réalisées avec le moteur du jeu, qui montrent quelques faiblesses au niveau de zoom maximum comparé aux séquences en images de synthèse utilisées dans d'autres titres. A part ça, on sent bien que les développeurs ont fait un vrai travail de documentation pour coller au plus proche de la réalité historique.
Plus long, plus beau, plus fort, telle pourrait être la devise d'Opposing Fronts. L'original était déjà excellent, ce stand-alone est encore mieux puisqu'il en reprend les bases en les enrichissant de nouvelles possibilités. L'ajout d'une seconde campagne corrige le principal reproche fait à Company of Heroes et allonge la durée de vie. Bref, inutile de tergiverser plus longtemps, après cet éloge il est clair que nous tenons là une nouvelle référence des jeux de stratégie.