Si je vous demandais de me citer toutes les déclinaisons de la série des Sims, je ne suis pas sûre que vous y arriviez. Pas d'affolement, car avec MySims, c'est à un opus réellement différent auquel on a affaire. Pour la Wii, EA a en effet décidé de renouveler sa franchise en lui injectant une grosse dose de kawaii et une jouabilité étonnante. Voyons un peu ce que donne ce nouveau concept.
Les premiers screens diffusés par l'éditeur furent un chamboulement pour les accros de la série. Effectivement EA a décidé d'offrir aux joueurs Wii un titre vraiment original. Un design Super-Deformed, du mignon à outrance, c'est une véritable bouffée d'air frais à laquelle nous avons droit. Outre un dépoussiérage des graphismes, la jouabilité a été revue de A à Z. Exit la gestion de famille, vous ne dirigez qu'un Sims investit d'une véritable mission, pour ne pas dire un destin : redonner vie à une ville quasiment abandonnée. Plus besoin de gérer l'existence de votre avatar dans les moindres détails, ce dernier n'a plus aucun besoin. Dormir, manger ou se laver, tout cela n'est que facultatif. Le but du jeu est ailleurs. Le titre concentre tout son intérêt ludique dans la création d'objets ou de maisons, chose qui ravira les plus créatifs d'entre vous.
Mais avant de s'attaquer à la tâche, il vous faudra tout de même composer votre personnage. Premier détail déconcertant, vous n'avez pas à choisir le sexe de celui-ci. A vous de lui donner un aspect de garçon ou des airs de petite fille en lui sélectionnant une tenue, une coupe de cheveux, des yeux, un maquillage... Tout cela se fait très intuitivement en pointant les différentes zones du corps à l'aide du curseur. Cependant on regrettera de ne pas avoir un tableau récapitulatif des tenues, ce qui obligera le joueur à toutes les repasser une par une avant de trouver le look ultime. Pour ceux qui seraient déçus par le nombre de choix, sachez que vous pourrez débloquer au fil du temps de nouveaux vêtements, coiffures et autres accessoires. Grande nouveauté, vous aurez aussi la possibilité de choisir la voix de votre personnage, ce qui lui donnera sans conteste un vrai caractère. Vous sélectionnez le timbre et pouvez ensuite le moduler à volonté à l'aide d'une réglette. Le nombre de possibilités est hallucinant et rien ne vous empêchera de donner une voix "chabalienne" à la plus mignonne des fillettes.
C'est bon vous êtes prêt ? Parfait, attelons-nous à la tâche car il y a du travail. Quand vous arriverez dans la ville, on peut dire que la situation n'est pas des plus brillantes. Quasiment abandonnée, seuls cinq habitants vous accueilleront. Effectivement, auparavant cette dernière grouillait de vie grâce à un être exceptionnel qui pouvait créer des objets en utilisant des essences. En disparaissant, les gens ont déserté peu à peu la région. Mais devinez qui sait aussi manipuler ces fameuses essences ? Vous ! Ah je suis sûre que vous ne vous y attendiez pas. Par contre où se trouvent-elles justement ? Elles sont partout dans le monde qui vous entoure et vous aurez plusieurs façons de les récupérer : en interagissant avec les Sims, en les cueillant dans les arbres, en prospectant le sol, etc. A vous d'interagir un maximum avec l'environnement pour les dénicher. Il en existe quatre-vingts différentes, chacune entrant dans six catégories (mignonnes, lugubres, appétissantes, studieuses, amusantes et intelligentes) sur lesquelles nous reviendrons un peu plus tard. Ces essences entrent en compte essentiellement dans la construction d'objets, soit en guise de décoration, soit en guise de peinture.
Habile transition pour aborder l'un des gros morceaux du jeu : la création du mobilier. Contrairement aux licences Sims, où vous meublez votre environnement en achetant les objets, ici vous les construisez. Voici le scénario classique. Généralement un habitant ayant un commerce a besoin d'un article particulier pour pouvoir améliorer son affaire (comme la fleuriste qui a besoin d'un nouvel étal de fleurs), il vous passe donc commande en précisant quelles essences il souhaite avoir dans le meuble et en quelle quantité. Vous n'avez plus qu'à vous rendre à votre atelier, choisir la tâche et le plan de l'objet (les plans se rajoutent au fur et à mesure de l'aventure, jusqu'à avoir un catalogue complet et varié). Le jeu bascule à ce moment en phase création. Le plan fantôme en 3D s'affiche à l'écran et à l'aide de votre Wiimote vous devrez le remplir en attrapant des blocs et en les manipulant un peu comme un puzzle géant. La jouabilité est très intuitive même si parfois positionner un élément à un endroit précis est assez délicat. Une chose cependant irrite, c'est cette maudite touche B. Je m'explique : vous attrapez un bloc avec A, vous le fixez à sa place avec une autre pression. Pour l'abandonner vous appuyez sur B. Jusque-là, rien de pénible, sauf que souvent vous avez besoin du même bloc plusieurs fois, dans ce cas vous devez maintenir ce fameux bouton B alors que vous avez le bloc en main. Vous voyez où je veux en venir ? Donc assez souvent on le lâche au lieu de le dupliquer. Mais là ce n'est rien, car après arrive la rotation. Vous pouvez aisément manipuler l'objet dans tous les sens avec la croix directionnelle de la Wiimote.
Mais quand vous avez un objet dupliqué, vous devez continuer à presser B tout en vous servant de la croix. Vu la configuration de la manette, je resterai polie en parlant d'un moment très casse-bonbons. Hormis ce petit écueil, le plaisir de créer est intact et si au début vous vous sentez un peu trop guidé, avec l'arrivée de modèles plus complexes vous hésiterez de moins en moins à sortir du plan. Seule contrainte, arriver à recouvrir avec des blocs certains points signalés par des étoiles afin que l'objet soit fonctionnel. Une fois fini, vous pourrez appliquer les essences. La plupart du temps ça sera sous forme de peinture, sachant que chacune contient deux couleurs et deux motifs, multipliez ce nombre par quatre-vingts pour vous faire une idée des choix qui s'offrent à vous. Bien sûr vous pourrez aussi les appliquer sous forme d'objets, par exemple une essence de bois mort produit un crâne à mettre où vous voulez sur le meuble, mais on peut regretter que cette dernière utilisation ne soit pas des plus esthétiques.
Autre gros morceau du jeu, la création d'habitation car évidemment en redonnant vie au bourg, vous allez attirer de nouveaux venus qui devront se loger. Cette phase de jeu ressemble un peu à la création d'objets, dans le sens où vous manipulerez ici aussi des blocs. La créativité est vraiment à l'honneur avec de nouveaux éléments de décoration extérieure qui se rajoutent au fur et à mesure et une prise en main enfantine. Seul (mais énorme) regret, même si vous faites une habitation complexe le plan intérieur sera toujours le même (deux pièces pour un commerce et trois pour une maison de citadin). Il ne vous reste plus qu'à bâtir une bicoque en respectant les goûts de celui ou celle qui l'a commanditée. Comme dit précédemment il existe six catégories correspondant aux intérêts des habitants. Chaque Sims (hormis vous) a deux intérêts principaux et un détesté. Plus vous respecterez ces goûts dans les objets, la décoration ou l'habitation de la personne, plus vous le rendrez heureux. Ces intérêts influent aussi sur les Sims qui souhaiteront s'établir. Si votre ville comporte beaucoup de maisons lugubres, alors des Sims de nature lugubre débarqueront. C'est à vous de décider quel aspect prendra la prospérité de la cité.
Tous les matins, n'oubliez pas de passer à l'hôtel, c'est ici que les Sims en transit passent la journée. A vous de choisir qui habitera ici en lui proposant d'emménager. Deux sortes de voyageurs se présenteront à vous : les patrons de boutiques qui vous confieront des tâches, et les citadins. Ces derniers ne vous donnent effectivement pas de missions, mais n'auront quasiment pas de meubles en débarquant. Si vous arrivez à combler leurs besoins, ils vous remercieront avec des objets de décoration. Car oui, vous pourrez décorer non seulement votre maisonnette, mais aussi celle des autres Sims : la Valérie Damidot de la ville c'est vous. Entre toutes ces maisons dont vous pouvez vous occuper, les plus acharnés auront de quoi faire. Mais jusqu'où la ville peut s'étendre ? C'est là qu'entre en compte le niveau d'étoiles. Plus vous accomplissez de commandes, plus votre jauge étoile se remplit. Une fois un niveau acquis, le maire vous offre un objet vous permettant d'accéder à de nouvelles zones. Je serai franche en disant que cet aspect d'exploration est plus que sommaire et ne constitue qu'un élément secondaire du jeu. Il n'existe que cinq niveaux à atteindre, quatre outils (le pied-de-biche, la scie, la pioche et le chalumeau), et en dehors de la forêt et du désert qui vous offrent de nouveaux terrains à bâtir, le reste n'est là que pour trouver des essences inédites. Et c'est bien là le plus gros point faible du jeu, en dehors de l'aspect créatif rien ne vous incite à revenir jouer régulièrement, comme Animal Crossing auquel il fait immanquablement penser. Les interactions avec les autres Sims sont des plus limitées, aucun événement ponctuel ne vient vous soustraire à une certaine routine de gameplay désarmante. Une fois votre ville développée dans son intégralité, vous risquez à votre tour, comme l'ancien bâtisseur, de la déserter pour de bon.
- Graphismes16/20
C'est mignon tout plein, vraiment dans un style différent des autres Sims. On saluera cet effort louable de la part d'EA. Le tout est soigné, avec de jolis détails et des décors assez variés, les personnages ont un petit côté manga proche des figurines Pinky Street (pour les connaisseurs). Bien sûr si on n'accroche pas au style kawaii tout en rondeur, c'est mal barré.
- Jouabilité13/20
Hormis quelques couacs au niveau du choix de certains boutons, le tout reste très intuitif et adapté aux joueurs occasionnels. Le gros point noir reste les temps de chargements à répétition. Vous y aurez droit à la moindre action. Il arrive un moment où ça devient franchement pénible.
- Durée de vie13/20
Pour développer à fond la cité, il vous faudra dans les 20 ou 30 heures, en fonction de votre manière de jouer. Arrivé au bout, pas sûr que vous continuiez sachant que rien ne vous incitera à revenir régulièrement. Dommage pour une licence Sims.
- Bande son16/20
La bande-son est à l'image des graphismes : adorable. Il n'y a pas une musique générale d'ambiance, mais un thème par maison, correspondant au caractère du propriétaire. Les voix et les bruitages participent à l'ambiance bon enfant du titre.
- Scénario/
Un jour l'inventeur du village a disparu, entraînant l'abandon de celui-ci. Mais vous voilà pour corriger la donne et recréer tout un environnement. Bref, juste un synopsis de base servant de prétexte au gameplay.
Au final MySims est un jeu mi-figue mi-raisin. Il contient de bonnes idées qui apportent vraiment quelque chose de nouveau à la licence. Malheureusement, au bout de quelques heures, on regrette qu'il n'y ait pas un univers plus vivant et plus approfondi afin de nous donner envie de rester. Si EA corrigeait ceci dans une éventuelle suite, ainsi que quelques petites choses par-ci par-là (les temps de chargements par exemple), le titre pourrait devenir un hit. Actuellement nous avons là un jeu destiné aux joueurs occasionnels sympa, mais pas transcendant non plus.