Il n'y a pas à dire, Sega excelle véritablement dans l'art délicat du dépoussiérage de vieilles licences glorieuses mais oubliées par le plus grand nombre. Au menu de ce jour, Alien Syndrome, un titre qui naquit en 1987 et officia avec talent sur d'imposantes bornes d'arcade. Décliné sur plusieurs autres supports, de l'Amiga à la bouffeuse de piles autrement connue sous le nom de Game Gear, Alien Syndrome aura mis près de 15 ans à nous revenir. Et l'essentiel est maintenant de voir si ce come-back en vaut vraiment la chandelle.
Pour tenter de séduire la jeune génération, le remake d'Alien Syndrome délaisse les deux héros originaux au profit de la plantureuse Aileen, une guerrière du futur au passé mystérieux. Envoyée dans l'espace pour enquêter sur la disparition soudaine et inexpliquée d'un vaisseau de terraformation, Aileen ne tarde pas à découvrir que le plus vieil ennemi de l'humanité est en passe de ressurgir du vide intersidéral : l'Alien Syndrome. Sous ce nom barbare se cache en fait une race d'extraterrestres insectoïdes, amateurs de petits enfants et parfois même, si le temps s'y prête, de bigorneaux. Notre héroïne finit donc par retrouver le vaisseau disparu et décide bien évidemment de l'explorer, histoire d'exterminer quelques milliers de ces créatures baveuses. Rien de bien original en somme, mais cette histoire convenue suffit néanmoins à poser le décor de cet action-RPG old-school.
Avant de vous lancer dans l'aventure en elle-même, il conviendra tout d'abord de choisir une classe parmi les cinq catégories proposées. A vous de transformer Aileen en pyromane, en commando, en "tank" (un perso qui compte avant tout sur ses mandales pour progresser), en tireur d'élite ou en experte en explosifs. Ce choix initial définira bien évidemment vos stats, vos talents spéciaux, ainsi que le genre d'armes que vous serez capable de manipuler. Comme dans tous les jeux du genre, la vaporisation constante d'adversaires vous permettra d'engranger de l'expérience et ainsi de gagner des niveaux. Rien ne vous empêchera alors d'allouer vos points de compétence chèrement acquis à des capacités qui définissent normalement les autres classes, histoire de rendre Aileen plus polyvalente. Bon, pour être franc, ce n'est pas franchement une bonne stratégie et il sera presque impossible de rendre l'héroïne réellement compétente dans d'autres domaines que ceux de sa classe d'origine. Et si comme votre humble serviteur, vous tentez plusieurs fois l'aventure avec un personnage différent, vous vous apercevrez bien vite que les classes proposées ne sont guère équilibrées. Progresser en tant que sniper est nettement plus difficile qu'avec un "Tank", puisque les vagues interminables d'aliens auxquelles vous devrez face cherchent avant tout le corps-à-corps (et on les comprend...).
A cela, Alien Syndrome ajoute également un système de gestion de l'inventaire. Cinq écrans successifs, auxquels on accédera en pressant la touche select, vous permettent ainsi de gérer vos armes, votre armure, et quelques améliorations. Car les couloirs grisâtres du vaisseau (tout comme les entrailles de vos adversaires d'ailleurs) regorgent de matos. A vous de ne sélectionner que le strict nécessaire et de délaisser l'équipement destiné aux autres classes. Aileen dispose également d'un petit robot volant qui lui donnera occasionnellement un coup de pouce lors des combats, mais qui servira surtout à synthétiser de nouveaux objets. Vos pérégrinations spatiales vous amèneront en effet à récolter des "points de ressources", que le petit robot pourra alors utiliser pour créer des armes, des morceaux d'armure ou tout simplement des munitions. Bref, Alien Syndrome, bien que mortellement classique, semble malgré tout proposer un bon degré de profondeur. Mais dès lors que l'on s'attache à ce qui se passe réellement dans les couloirs sombres de l'épave spatiale, le titre adopte un tout autre visage.
Alien Syndrome est un titre excessivement bourrin, dans lequel on passe le plus clair de son temps à déverser des projectiles de diverses natures sur des hordes grouillantes d'insectes débiles. La caméra se place au-dessus d'Aileen et légèrement de biais, et malgré la possibilité d'éloigner un petit peu cette dernière, on se sentira toujours trop proche de l'action. Il est effectivement impossible d'obtenir une vue d'ensemble d'une salle et on aura constamment l'impression d'observer les décors sombres du jeu avec une longue-vue. Sachez de plus que la gestion de la caméra vous est totalement dévolue, et qu'il faudra péniblement l'orienter en inclinant le Nunchuck sur les côtés. Le système est donc loin d'être pratique et on pestera régulièrement lors des combats. Au-delà de ça, les contrôles en eux-mêmes sont tout à fait convenables. La visée est gérée par la Wiimote et les déplacements par le stick du Nunchuk. Les touches de la croix permettent quant à elles de changer d'arme et d'accéder aux kits de santé. Et pour le corps-à-corps, la Wii vous imposera même quelques mouvements dont elle a le secret. Dommage que leurs effets à l'écran tardent tant à se manifester.
Mais le véritable souci, c'est qu'Alien Syndrome peine vraiment à se renouveler. On enchaîne les mêmes salles grisâtres et on vaporise le même genre d'ennemis à longueur de temps. On rencontre parfois quelques boss incompétents et pas combatifs pour un sou, et on finit par se dire que faire la vaisselle serait presque plus excitant. Les objectifs sont basiques et se limitent généralement à "Récupérez la carte d'accès bleue" ou "Traversez le poste de commandement", voire "Sauvez les colons". Des objectifs qui n'impliquent généralement que d'avancer sans réfléchir et sans réelle possibilité d'explorer un environnement désespérément uniforme. Au fond, la plus grande faiblesse du jeu relève tout simplement de son manque de variété. D'autant que la bête ne se termine pas en une paire d'heures, mais plus probablement en deux dizaines. C'est long, très long, trop long. Le premier Alien Syndrome ne constituait sans doute pas une révolution, mais il parvenait tout de même à délivrer quelques bonnes giclées d'adrénaline. Son remake en revanche, ne nous offre qu'une action mollassonne mâtinée d'un aspect RPG sympathique, mais limité.
- Graphismes7/20
Techniquement, le titre se situe à peine un cran au-dessus de la version PSP, ce qui est clairement indigne de la Wii. Alien Syndrome se complaît dans des environnements sombres et trop souvent semblables les uns aux autres. Le bougre se permet même de saccader méchamment lors des gros affrontements. Le résultat n'est donc pas très agréable à l'oeil.
- Jouabilité8/20
Outre une gestion de la caméra délicate, le titre souffre avant tout de sa grande linéarité. Un soupçon de RPG, et beaucoup d'action sans âme, voilà ce qui constitue l'ossature de cette aventure.
- Durée de vie14/20
Une vingtaine d'heures sera nécessaire pour terminer l'aventure. Un mode multi est également présent et permettra à quatre joueurs de tenter l'aventure en coopérant sur la même console. Il faudra cependant disposer d'un énorme téléviseur et du salon qui va avec, surtout si un de vos compagnons se spécialise dans le corps-à-corps et se met à gesticuler en tout sens.
- Bande son12/20
Des bruitages corrects et quelques musiques discrètes constituent la bande-son d'Alien Syndrome.
- Scénario11/20
L'humanité affronte encore une fois des extraterrestres belliqueux. On fait dans le classique et l'oubliable.
Alien Syndrome ne risque pas de sortir de l'oubli avec ce petit remake sans envergure. Poussif et répétitif, le titre de Totally Games ne pèse pas lourd face à la concurrence. Les fans des jeux originaux feront peut-être mieux de s'en tenir à leurs vieux souvenirs. Dommage.