Le teenage-movie mâtiné de survival-horror revient sur nos machines en la personne d'Obscure II. Toujours développé par Hydravision, ce projet, qui ne date pas d'hier, reprend les mêmes ficelles que son aîné en décalquant son système de jeu tout en s'abreuvant de séries américaines pour adolescents et de divers films d'horreur. Cependant, si la recette est la même, la proportion d'ingrédients utilisée est légèrement différente, ceci donnant au résultat final une saveur un peu particulière.
Difficile de dire à quoi est dû la renaissance d'Obscure II qui, pour des raisons économiques (voire ésotériques), n'avait pu sortir en temps et en heures il y a quelques années. Peut-on y voir une volonté de Playlogic de profiter du revival du film d'horreur aux US grâce, notamment, à Michael Bay, producteur de nombreux remakes de films cultes sortis (Massacre à la tronçonneuse, Amityville, The Hitcher) dans les années 80 et 90 ? Possible, puisqu'on sent bien la volonté des développeurs d'avoir voulu faire de cette suite, un jeu certes dans la droite lignée du premier Obscure, tout en l'expurgeant d'une bonne partie de son humour noir, de son second degré. Pourtant, l'histoire n'en reste pas moins volontairement kitsch avec une aventure se déroulant à Fallcreek, ville voisine de Leafmore, théâtre des événements du premier opus, à nouveau dans un campus envahi par de mystérieuses fleurs ayant la désagréable habitude de transformer nos pires cauchemars en réalité.
Et nous voilà repartis pour des déambulations périlleuses entrecoupées de punchlines bien senties et autres réflexions métaphysiques de la part d'étudiants nourris à la bière et au chichon. C'est pourtant sur cette clique de super-zéros que nous allons devoir compter pour mener à bien cette enquête de Scoubidou au pays de Body Snatchers. Comme précédemment, le jeu se découpe en chapitres (une quinzaine environ) dans lesquels vous aurez à diriger deux personnages. Il arrivera cependant que l'équipe soit au grand complet (enfin, si je puis dire), ce qui impliquera de choisir vos deux membres. A ce sujet, on reprochera aux développeurs de ne pas avoir revu un point perfectible du premier épisode qui demandait de souvent revenir voir notre petite troupe pour choisir un autre ado. ayant les compétences requises pour résoudre une équipe. Un peu lourdingue même si ce soucis est ici atténué par le simple fait que dans 90% des cas, les niveaux se jouent avec un seul et unique duo. Bref, vous devrez alors mettre à profit les compétences de vos ouailles pixélisées, Kenny ou Sven pouvant pousser des objets massifs, Stan crochetant les serrures, Mei tenant le rôle de hackeuse aguerrie, Amy étant à même de déchiffrer des puzzles malgré son statut de Miss tee-shirt mouillé, etc. Au total, six personnages sont jouables auxquels on rajoutera le professeur James détenteur d'un savoir pouvant nous être bien utile.
La façon de procéder est donc similaire à celle d'Obscure et bien qu'on y trouve de nouvelles énigmes, des armes supplémentaires ou divers passages inédits (dont une séquence en barque renvoyant un peu à celle de Silent Hill 2, avec quelques monstres en plus à dégommer), on reste en terrain connu. Toutefois, Obscure II se veut moins exclusif dans ses ambiances qui empruntent ici au teen-movie bien entendu mais aussi au survival de Konami ou à Leatherface via un boogeyman armé d'une tronçonneuse venant nous titiller les oreilles à plusieurs reprises. De fait, l'histoire se laisse suivre même si elle reste moins immersive (l'absence d'effets de surprise n'étant pas étrangère à cet état de faits) que celle de son aïeul. Pour revenir sur le jeu en lui-même, signalons aussi une autre différence importante avec le premier Obscure qui veut que désormais si un de vos personnages meurt, ce sera immédiatement synonyme de fin de partie. Dommage, car cet aspect du premier Obscure était vraiment intéressant et rajoutait à l'angoisse du joueur qui devait dès lors faire très attention à ses petits protégés. Ceci peut paraître paradoxal mais en définitive, la construction plus narrative d'Obscure 2 délaisse la liberté au profit du récit. C'est un choix, discutable, qui a ses avantages et ses inconvénients. Ensuite, bien qu'on dispose de beaucoup plus d'armes, il est regrettable que l'idée de la lumière pour éliminer les monstres (élément repris entre autres de Alone In The Dark : The New Nightmare) ait été abandonnée en cours de route. Bizarre, tout comme l'aspect graphique bien plus terne que celui du premier volet. Au final, Obscure II est un soft qu'on prend du plaisir à parcourir, seul ou à deux, mais qui ne passionne (toutes proportions mises à part) plus autant que son grand frère. Est-ce dû également à des caméras pas toujours bien placées qui nous obligent souvent à recentrer l'objectif, l'intelligence toute relative de nos copains et copines de chambrée ou simplement à un certain conformisme global ? Je vous laisse répondre à cette interrogation mais pour l'heure, saluons tout de même Hydravision qui a dû passer par bien des étapes avant de pouvoir nous livrer un jeu bancal, plus fade que l'original mais loin d'être désagréable.
- Graphismes13/20
On pourrait presque parler de jeu monochromatique tant les niveaux se complaisent dans des teintes bleutées, grisâtres. Pourtant, les environnements sont plus éclectiques que ceux du précédent volet mais ceci m'empêche en rien Obscure 2 d'être plus terne que son prédécesseur.
- Jouabilité12/20
On retrouve les mêmes mécanismes que naguère avec la complémentarité des personnages pour résoudre des énigmes et il est toujours possible de jouer seul ou avec un ami. Malheureusement les développeurs ont changé le système de sauvegarde (les check points étant désormais de rigueur), de game over et n'ont pas résolu tous les soucis de caméra.
- Durée de vie10/20
Obscure se finissait rapidement et il en est de même avec Obscure II qui se termine grosso modo en 8 heures environ. Le potentiel de rejouabilité étant peu élevé (à moins d'y jouer seul puis avec un compagnon d'infortune), on ne peut que pointer du doigt la longévité du bébé d'Hydravision.
- Bande son16/20
Si on appréciera ou non le doublage américain, on sera tous unanimes pour féliciter de concert la bande-son qui est du niveau de celle de son aîné. Le sceptre musical est large, allant du rock pop américain à des compositions symphoniques du plus bel effet et offre à Obscure II une farandole de mélodies bien supérieures à bon nombre de jeux similaires.
- Scénario11/20
L'histoire n'est pas inintéressante mais donne dans le déjà-vu. Moins second degré que celui d'Obscure, davantage inspiré par Silent Hill ou Massacre à la tronçonneuse que par The Faculty, le synopsis d'Obscure II se laisse suivre mais ne surprend guère.
Obscure avait bénéficié de l'effet de surprise ici réduit à peau de chagrin. On ne saluera pas toutes les innovations de cet épisode, loin d'améliorer le résultat final, et bien que le scénario s'aventure vers des horizons un peu plus torturés, on pourra aussi reprocher un manque de second degré, élément représentatif du précédent volet. En somme Obscure II est une sorte de face cachée d'Obscure qui aurait mérité un peu plus d'ambition pour briller autant que son modèle.