Avec Boogie, Electronic Arts délaisse temporairement sa stratégie commerciale traditionnelle qui comme chacun sait, repose essentiellement sur de grosses licences aux suites pléthoriques. Car Boogie, c'est un jeu au concept atypique, qui tente de mélanger de frénétiques séquences de danse et des sessions de chants dans la plus pure veine des Singstar de Sony. L'idée est aguicheuse, mais dans les faits Boogie aura bien du mal à convaincre les graines de star que nous sommes.
Pour acquérir Boogie, sachez qu'il vous faudra parlementer longuement avec votre portefeuille ou votre carte bancaire, car le titre d'EA coûte une dizaine d'euros de plus qu'un jeu Wii traditionnel. Ce prix gonflé, on le doit à la présence dans l'emballage d'un sympathique micro blanc estampillé EA, indispensable pour conquérir vos futurs admirateurs. La bête se connecte sur un des ports USB disposés à l'arrière de la console. Le fil mesure environ cinq mètres, soit presque trois Rivaol de long selon l'unité de mesure en vigueur à la rédaction. Cette longueur permet donc de se déchaîner dans son salon, sans trop de restrictions. Forts de ces considérations techniques, attachons-nous maintenant à ce que nous réserve le petit disque rutilant en lui-même. Boogie se présente donc comme un titre hybride, proposant successivement des phases de karaoké et des séquences rythmiques où la Wiimote s'apparente presque à une baguette de batterie.
Cinq personnages hauts en couleur nous accueillent au sein de menus fort classieux et agréables à parcourir. Julius est un alien, une star de la pop à la peau verte et affublé d'une chemise hawaïenne de première catégorie. Bubba est le Ricky Martin de la bande, malgré ses airs de Patrick dans Bob l'Eponge. Léa et Jet ressemblent fort à des candidats de la Star Ac'. Enfin, le petit dernier, Kato, n'est autre qu'un fougueux félin adepte des arts martiaux. Il vous faudra donc choisir votre avatar parmi ces joyeux drilles, puis véritablement se l'approprier en modifiant son apparence. Boogie propose un bon nombre d'objets différents, qu'il faudra d'ailleurs acheter en enchaînant les spectacles et en récoltant bonus et deniers rutilants. Une fois votre star prête à bondir sur la scène, vous aurez le choix de vous plonger directement dans la campagne, tout juste constituée de 5 séquences successives à la difficulté progressive, de passer par la case entraînement, ou de sélectionner une mission de danse ou de chant. Car sachez-le, Boogie ne conjugue aucunement les deux disciplines. Dans le monde de Boogie, le chant et la danse s'excluent mutuellement.
Commençons donc avec la danse. Il s'agira alors de balancer votre Wiimote dans quatre directions, tout en respectant scrupuleusement le tempo de la chanson en cours. Ce dernier est d'ailleurs indiqué par le biais d'un métronome dans un coin de l'écran. Chacun de vos mouvements est interprété par le soft et permettra à votre personnage d'effectuer des cabrioles et autres gestes funkys joliment stylisés. De quoi faire pâlir d'envie Kamel Ouali himself ! Lancez votre Wiimote sur la droite, et votre star "dansera" dans cette direction. Si vous parvenez à battre la mesure sans vous interrompre, tout en variant les mouvements, votre score grimpera en conséquence. Cela sera également le cas de votre barre de Boogie, qu'on utilisera pour tenter de déclencher des combos et des mouvements spéciaux. Le Nunchuk (Norris) n'est pas oublié pour autant puisqu'il permet tout simplement de se déplacer sur le dance-floor. En plus de rendre votre performance plus énergique, tournoyer sur la scène permet également de récolter quelques bonus lâchés de temps à autre par de petits extraterrestres. Piécettes ou bonus d'énergie pour remplir votre Boogie bar, tout est bon à prendre.
Bref, tout cela est bien joli, mais franchement, au bout de 5 minutes, ça devient particulièrement lassant. D'autant que le titre n'intègre aucune variation de rythme au sein d'une même chanson. Autre souci, la détection des mouvements, qui est souvent très aléatoire et qui rend certains combos difficiles à réaliser. Au fond, on n'aura jamais l'impression de danser, ni d'exercer un véritable contrôle sur son perso. Vous pouvez tout aussi bien jouer à Boogie, en slip, avachi sur votre divan en sirotant bière sur bière. Et ça, ça fait tout de même désordre. Le jeu se montre donc bien trop tolérant pour son propre bien. Vous aurez parfois l'impression de vous croûter magistralement en ratant une note sur deux, mais finirez malgré tout avec un score astronomique. Voilà qui contribue à dépecer encore plus une durée de vie solo déjà très réduite.
Venons-en maintenant à la partie chant de notre épopée vidéoludique ratée. Boogie comprend près d'une quarantaine de titres assez variés. Du méphitique Oops I Dit It Again de Britney Spears, en passant par Jennifer Lopez, The Jackson 5, Simply Red, M ou même Pink, pour terminer par les Red Hot Chili Peppers et Jamiroquai, le titre offre une bonne petite sélection de hits mainstream qu'on aura forcément déjà entendu quelque part. Présentées exactement de la même manière que Popstar, les paroles défilent et se colorent en fonction de vos performances musicales. Si votre humble serviteur a d'abord cherché à mettre en valeur son bel organe, il lui est bien vite apparu que les paroles d'une autre chanson, des hurlements, des cris gutturaux ou des couinements avaient plus de chances d'être récompensés que des mots distincts. Pire, tapoter votre micro suffit largement à obtenir des scores gargantuesques, voire même tout simplement atomiques. C'est tout de même un poil gênant pour un jeu du genre !
Pour tenter de sauver les meubles, Boogie propose également un éditeur de clips. Le système est facile d'utilisation et permet de triturer la caméra après chaque chanson pour rendre la chose plus agréable à l'oeil. On pourra également appliquer des filtres, ajouter du texte ainsi que quelques sympathiques effets. S'il est possible de conserver vos créations, vous n'aurez aucun moyen de les partager avec un autre joueur, à moins que celui-ci ne se trouve dans votre salon. Quant au multi, il se limite malheureusement au mode Danse, et conserve bien évidemment tous les défauts décrits précédemment. Bref, Boogie, en voulant se montrer trop accessible, ne parvient finalement qu'à se couler tout seul. Le titre manque clairement de profondeur et n'offre pas assez de contenu pour convaincre, et ce malgré d'excellentes idées. Il n'y aura donc pas de Boogie Woogie avant vos prières du soir, ni même après.
- Graphismes16/20
C'est là la plus grande force de Boogie. Nos cinq pop stars sont adorables et évoluent de manière très stylisée dans un univers joliment coloré. On ne se lasse pas de leurs cabrioles, mais simplement du gameplay.
- Jouabilité7/20
Que cela soit dans les phases de danse ou de chant, trop de choses relèvent uniquement du hasard et de l'approximation. Suivre constamment les mêmes séquences rythmiques et chanter des inepties sans nom dans un micro, tout en étant constamment récompensé pour ça, n'est pas ce qu'on attendait de Boogie.
- Durée de vie9/20
Le concept est attirant, mais le gameplay bancal fait qu'on n'y reviendra sans doute jamais après l'avoir terminé une première fois. Cela ne prendra d'ailleurs guère plus de 4 ou 5 heures.
- Bande son16/20
Près de 35 titres nous font naviguer dans différentes périodes de la funk music pour un résultat de grande qualité. On en aurait juste souhaité un petit peu plus.
- Scénario/
Très décevant que ce petit Boogie. La faute à des mécaniques de jeu bien loin d'être rodées. Trop tolérant et trop simpliste, le jeu semble s'évertuer à couper court à nos velléités de star. Boogie nous laisse en sueur, mais moroses. Peut-être qu'un deuxième épisode, mieux calibré, saura nous faire retourner sur les planches.