Pas gâtés qu'ils sont, les amateurs de rugby férus de jeux vidéo. Depuis les performances tout juste acceptables de Rugby 06 et Rugby Challenge 2006, ils sont radicalement sevrés de simulations du genre, quel que soit le support. Il faut donc une fois encore s'en remettre au spécialiste du genre, EA Sports, pour avoir l'occasion de fouler des pelouses destinées à finir en champ de patates et pénétrer le monde de l'ovalie moderne. Pourtant, s'il est bien une franchise du géant américain qui patine depuis sa création, c'est bien celle des Rugby'. Mais l'occasion était trop belle de profiter conjointement de l'effervescence des initiés pour le parcours du XV de France et des vocations que va forcément faire naître le prochain mondial. Opportuniste, EA l'est clairement mais dans un marché vide de simulation de rugby, on ne crachera évidemment pas sur cet épisode, du pain béni pour à peu près tout le monde, et finalement, quelle que soit sa qualité. Rugby 08 c'est donc avant tout, la simulation du calendrier de la compétition qui démarrera le 7 septembre pour s'achever le 20 octobre prochain par une victoire finale fracassante de nos bleus sur un essai de Pierre Mignoni. En ce sens, les 20 équipes nationales qualifiées pour l'évènement sont au rendez-vous (Afrique du Sud, Angleterre, Argentine, Australie, Canda, Ecosse, Etats-Unis, Fidji, France, Galles, Géorgie, Irlande, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, Namibie, Portugal, Roumanie, Samoa et Tonga), réparties dans les groupes tirés par la FIRA. Si vous tentez donc l'aventure tricolore, il vous faudra d'abord en découdre avec les Pumas argentins, le XV du Trèfle irlandais mais également la Géorgie et la Namibie. Le tout dans les stades qui accueillent l'évènement, comme le Vélodrome, le Stade de France, le stade de Gerland mais aussi un paquet d'enceintes internationales, pour un total de 50 stades, ce qui s'avère considérable, d'autant que la modélisation suit, en dépit des nombreux problèmes techniques du jeu. Les effectifs et tactiques sont évidemment paramétrables et modifiables à souhait, afin d'aller piocher votre composition idéale parmi la quarantaine de clubs issus du Super 14 ou des compétitions européennes de la saison qui vient de s'écouler. On remarque d'ailleurs qu'un paquet d'effectifs n'est malheureusement pas à jour et que, de surcroît, les clubs n'avancent pas les véritables noms de rugbymen, ce qui n'est pas le cas des sélections.

Une base de données donc très complète mais pas forcément à jour, comme le prouvent les compositions par défaut des 30 (modifiables là aussi), pas toujours en phase avec celles des sélectionneurs. Quoi qu'il en soit, les modes de jeu sont encore une fois très nombreux. Des matches amicaux aux Coupes du Monde en passant par le traditionnel mode défi, nouveauté pour la série mais pas pour les jeux EA (dont l'intérêt est douteux puisque les joueurs utilisés ne correspondent pas aux époques des rencontres jouées), il y a de quoi pratiquer du beau jeu durant de longues heures. Si tout le reste se veut également très complet (Tri-nations, Six nations, Super 14, Premiership, Coupe d'Europe, Ligue Mondiale, sans parler des entraînements et initiations destinés aux néophytes), cela sent lourdement le repompage massif et sans effort du contenu du grand frère qui remonte tout de même à février 2006. En résumé, EA ne s'est pas attardé à développer quoi que ce soit d'original pour ce titre, bien conscients que la majeure partie des personnes qui se l'offriront se concentreront principalement sur la Coupe du Monde. Pas de surprise majeure donc, avec des menus très semblables à Rugby 06, que les habitués reconnaîtront en un coup d'oeil. Concernant le gameplay, il y a peu et beaucoup à dire. Peu puisque les améliorations notables ne se bousculent pas et beaucoup dans la mesure où aucun jeu n'atteint le "réalisme" de ce Rugby. Très arcade mais utilisant quelques phases et mouvements très proches d'une simulation, ce titre est à la fois technique et accessible. Si tout est très automatisé (passes, déplacements "clonés" des joueurs, réactions ultra-rapides de l'IA...), les possibilités sont suffisamment nombreuses pour construire des offensives variées. En ce sens, les animations des protagonistes ont fait un pas en avant, notamment lors des chocs, des plaquages, des mêlées et même du jeu au pied. Un réalisme accru donc, dans la décomposition des mouvements comme par exemple, au moment d'effectuer des passes après contacts, des raffuts ou des plaquages en "cathédrale". La quasi-intégralité des gestes du rugby sont au rendez-vous, à part peut-être en ce qui concerne les mêlées, pas très développées, où la force des packs est la seule à pouvoir faire la différence. S'il est possible de gruger un minimum en faisant tourner ou écrouler la mêlée, toutes les autres petites "tricheries" n'ont pas été intégrées, ce qui rend ces regroupements sans âme, où l'équipe qui introduit ou possède le ballon n'a que très peu de chance de le perdre, quelle que soit la pression adverse.

Si l'alternance du jeu puissant, avec les troisièmes lignes et du jeu plus rapide et en passe à destination des ailiers permet de trouver la faille en fonction des forces et des faiblesses de l'adversaire, on est souvent pris de court par la lenteur des lignes à se positionner. Soit celles-ci sont entassées les unes sur les autres, ce qui retarde considérablement la libération du ballon, soit elles se regroupent à un endroit du terrain sans se replacer de sorte à pouvoir enchaîner une nouvelle phase de jeu. Particulièrement dérangeant, ce qui limite l'utilisation des passes longues ou sautées et les changements au jeu au pied. Un jeu au pied délicat et particulièrement mou où il faut faire preuve d'une rapidité extrême et d'une précision sans faille pour taper comme on le souhaite, qu'il s'agisse de trouver une touche, de taper au raz ou de faire une chandelle. Sans parler des drops, très compliqués à mettre en place dans la mesure où le buteur ne se place naturellement pas toujours au bon endroit, ce qui permet à l'équipe adversaire de remonter et de contrer. Les pénalités et transformations quant à elles nécessitent une certaine concentration. Il faut naturellement faire avec la distance du coup de pied, la force du vent et surtout la qualité du buteur. Plus celui-ci sera intrinsèquement fait pour buter, moins la jauge de tir sera rapide, permettant ainsi de viser dans le mille. Les touches de leur côté offrent trois possibilités de lancer : en début, au milieu ou en fond d'alignement. Une coordination assez aisée à trouver, ce qui limite les mauvaises surprises, surtout si l'on doit tenter de se dégager depuis ses 22 mètres. On remarque pourtant deux petites nouveautés consistant d'un côté à choisir le type de lancer (en cloche ou rectiligne) et d'un autre de jouer avec le feu en orientant le ballon en direction de notre alignement. Evidemment, ceci au risque de se faire pénaliser. Et c'est à peu près tout concernant les nouveautés de cet opus, en dehors d'une IA qui s'adapte légèrement plus qu'auparavant à nos tactiques et de la présence de nombreux angles de caméra, afin de profiter au mieux de la largeur du terrain. Voilà donc ce qu'il faut retenir de cette grosse mise à jour du dernier Rugby, qui souffre au passage d'une modélisation très en deçà des possibilités de la machine, entre bugs énormes sur le physique des joueurs et textures immondes. Une version PS2 que les développeurs n'ont pas significativement affiné, ce qui reste tout de même dommageable si on compare sa prestation graphique à un FIFA.