En dépit d'une série d'adaptations dont la qualité nous pousserait à inventer le terme "navrance", Activision s'entête avec la licence de Shrek et accompagne donc logiquement le troisième film d'un nouveau jeu médiocre mais qui fera sûrement recette.
Pour ne pas déroger à une formule qui ne gagne pas, cette nouvelle adaptation de Shrek prend une fois de plus la forme d'un jeu d'action creux et sans diversité autre que de nous faire incarner de brèves minutes les personnages du film. Ainsi, si Shrek reste le héros principal, on aura fréquemment recours aux capacités du Chat Potté, de l'Ane, de Fiona mais également de La Belle au Bois Dormant et d'autres, chacun ayant son petit plus : le chat peut effectuer un double saut, La Belle Au Bois Dormant est capable de jouer à Mary Poppins avec sa jupe et ainsi de suite. Mais tout ceci ne suffit pas à combler le vide du jeu. Shrek Le Troisième demeure un titre abominablement répétitif dans lequel on massacre consciencieusement deux boutons pour alterner entre l'attaque de base et l'uppercut. Ne cherchez pas de combos à débloquer, le concept n'est même pas évoqué ici. En revanche, chaque personnage peut accumuler de la poussière de fée venant remplir une jauge donnant accès à deux pouvoirs spéciaux. Avec un tiers de jauge, on accède au premier, avec une jauge remplie, au second. Shrek peut par exemple user de ses gaz corporels afin de sonner ses adversaires, ou bien enclencher un mode bullet time, la Belle Au Bois Dormant pour sa part séduit ses ennemis de façon à ce qu'ils se battent les uns contre les autres. La préférence ira naturellement à l'attaque du Chat Potté qui sort sa plus belle trogne de chat "cro meugnon" pour distraire les gardes.
Mais avant de gagner l'accès à ces aptitudes, il faudra doubler la ration pourtant déjà conséquente de matraquage de boutons de façon à détruire le demi-milliard de caisses en bois et de tonneaux qui ont envahi le Royaume. En somme, jouer à ce Shrek, c'est frapper en permanence avec les deux mêmes attaques et sans discernement sur les ennemis comme sur les éléments de décor. Toute cette apparente diversité n'est que poudre aux yeux tant les différences entre les personnages nous importent peu. On nous fait miroiter de profiter de la particularité des uns afin de triompher de puzzles parfaitement simplistes ou de phases de plate-forme sans le moindre intérêt autre que de mettre à l'épreuve la caméra - qu'on ne peut mouvoir à sa guise d'ailleurs. Un problème de prise en main qui s'accompagne d'une douteuse gestion des sauts trop vifs et imprécis. D'une façon générale, Shrek Le Troisième n'est pas franchement agréable à manipuler.
Peut-on au moins espérer trouver ici son compte de shrekeries ? Oui et non, car si les vannes sont présentes, faute de doubleurs officiels remplacés par des voix sans âme ni conviction (avec mention pour l'Ane qui parle comme Pascal Légitimus prenant l'accent antillais), l'humour tombe à plat. On se rabattra alors tristement sur quelques amusants détails des environnements ou sur des gags qui auraient pu être drôles, comme ce personnage d'adolescent asocial ne devant sa présence dans le Royaume qu'à sa pratique d'un MMORPG. On touche ici à un problème de réalisation qui trouvera son pendant dans l'aspect graphique du jeu clairement à des années lumière de ce qu'on attend de nos jours. Le principal et plus impardonnable reproche à sortir de sa manche étant le framerate complètement aux fraises dés que le jeu affiche plus de quatre ennemis à la fois. Et on ne parlera même pas de l'animation des personnages, extrêmement saccadée et souvent gênante. L'ogre vert ne sera donc pas sauvé par la réalisation de son titre.
- Graphismes11/20
Si le design est correct, la technique l'est nettement moins avec ses textures qui bavent et ses modèles 3d franchement grossiers. Sans parler de l'animation lacunaire.
- Jouabilité10/20
Simple, mais diablement creux, Shrek Le Troisième propose un gameplay résolument fadasse et répétitif qui se pare en plus d'une prise en main peu agréable et d'une caméra fixe malvenue.
- Durée de vie10/20
Le jeu est d'une facilité déconcertante et à moins de le vouloir très fort, mourir n'arrive pour ainsi dire jamais. Shrek le Troisième propose également un mode multijoueur où il s'agira de détruire la forteresse de l'adversaire avec des catapultes mais là aussi, on finira vite par succomber à l'ennui.
- Bande son11/20
Toujours pas de doubleurs officiels et des remplaçants qui peinent à faire sourire.
- Scénario/
On aimerait pouvoir conserver de la sympathie pour ce nouveau volet ludique de Shrek, mais au final, il réalise une prestation encore plus décevante que ses prédécesseurs sur les autres consoles, tant dans son gameplay que dans sa réalisation franchement limitée.