Cela faisait bien longtemps que les Ghosts n'avaient pas réussi à briller sur une console de Sony. Après le premier épisode sur PS2, les soldats d'élite s'étaient effectivement montrés incapables de monter une autre opération d'envergure, enchaînant les défaites, les raclées jusqu'à la débâcle finale. Nous pensions ces soldats d'élite condamnés à faire des présentations pour les JAPD dans des casernes de province, et voilà que débarque Ghost Recon Advanced Warfighter 2 sur PS3, en une version très semblable à son homologue 360, et donc tout simplement brillante.
GRAW apparaissait pour beaucoup comme le premier titre véritablement next-gen à voir le jour sur la console de Microsoft. Visuellement superbe, servi par un gameplay de qualité bien qu'entaché par quelques soucis d'I.A., GRAW délivrait une expérience unique. On se retrouvait dans la peau du capitaine Scott Mitchell, embarqué avec ses Ghosts pour une mission de reconnaissance au Mexique. Manque de bol, les soldats américains tombaient en fait sur un groupe révolutionnaire, déterminé à porter son leader, un général renégat, dans les locaux présidentiels de la capitale. Les Ghosts parvenaient finalement à abattre ce grossier personnage et repartaient, guillerets, vers leur patrie bien aimée. GRAW 2 reprend l'histoire de son prédécesseur à ce moment précis. La dépouille du général renégat n'a pas eu le temps de refroidir que ses partisans tentent déjà d'en remettre une couche. Pour eux, la signature du traité de l'ASNA entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique n'est qu'une ruse des Américains pour faire de ce dernier un état vassal de l'Oncle Sam. Les terroristes tentent donc un deuxième coup d'état qui transforme bien vite la ville mexicaine de Juarez, proche de la frontière américaine, en gigantesque zone de guerre. Les Ghosts sont donc une nouvelle fois sollicités pour prêter main forte à une armée régulière mexicaine décidément bien malmenée. Là où ça se corse, c'est que les rebelles ont cette fois pour projet de s'en prendre directement aux USA, histoire de donner un peu plus de poids à leurs arguments. Bref, d'un point de vue purement scénaristique, ce deuxième épisode se pose véritablement en prolongement du premier GRAW et de là à imaginer que les 11 nouvelles missions du bébé d'Ubisoft ne sont qu'une sorte de seconde campagne d'un seul et même jeu, il n'y a qu'un tout petit pas.
Au fond, si le jeu n'a pas changé grand-chose à une formule qui marchait déjà très bien, le tutorial sera tout de même l'occasion de constater quelques ajouts et modifications salvatrices. Ainsi, en plus de nouvelles armes et du drone de reconnaissance, notons l'arrivée en fanfare du M.U.L.E., non pas la bête à poils, mais une bête de somme tout de même puisque ce petit véhicule tout-terrain fait office d'armurerie mobile. Un médecin fait aussi son entrée sur le théâtre d'opérations pour soigner vos hommes. Enfin, la petite fenêtre qui s'affichait en tout petit sur un coin de l'écran pour vous montrer vos coéquipiers en train de se faire écharper à découvert a été perfectionnée. La Cross-Com 2.0 puisque c'est son nom littéraire, peut donc s'afficher en plein écran à la moindre pression d'une touche. Et ce n'est pas tout mes bons amis, car vous aurez maintenant la possibilité de donner des ordres à vos hommes, ou à toute autre unité de soutien, par l'intermédiaire de ce dispositif high-tech. Ainsi, il n'y aura plus besoin d'avoir vos gars dans votre champ de vision pour les envoyer au casse-pipe. Rien ne vous empêche en effet de vaquer à vos occupations martiales d'un côté tout en faisant s'activer vos 3 baroudeurs avec entre vous, 100 mètres de flammes et de bâtiments en ruine.
Voilà qui m'amène à traiter d'un sujet d'inquiétude pour de nombreux joueurs, j'ai nommé l'I.A. . Alors que jusque-là, la fine fleur de l'infanterie américaine considérait l'idée de se mettre à couvert comme une atteinte à leur virilité et un principe galvaudé et désuet, les nouveaux Ghosts seront à la fois plus dociles et plus soucieux de leur bien-être personnel. Alors évidemment, ils sont loin d'être des génies et semblent parfois avoir le Q.I. d'un jeune labrador, mais dans l'ensemble, ils seront beaucoup moins frustrants et désespérants que par le passé. On les entendra d'ailleurs régulièrement vous communiquer des informations plus ou moins utiles sur ce qu'ils aperçoivent sur le terrain. Les ennemis quant à eux, ne semblent pas beaucoup plus malins qu'avant, pourtant on constatera de temps en temps, surtout lors des missions en solo, quelques contournements bien pervers ainsi que quelques lancers de grenades particulièrement déstabilisants. Au final, le tout semble quand même bien plus convaincant que dans le précédent épisode, et c'est le plaisir de jeu qui en sort grandi.
Si la structure de la campagne reste très semblable à ce qu'on avait pu voir jusque-là en cela qu'elle fait se succéder les missions classiques de nettoyage, des opérations en solo et des séquences de shoot héliportées où la sulfateuse de tonton Robert se montrera tout bonnement époustouflante d'efficacité, on appréciera cependant la variété des situations de combat. On découvrira même une vision un peu moins aseptisée d'un capitaine des Ghosts dépossédé de son couvre-chef le temps d'une mission. Les développeurs nous font donc profiter d'une campagne un peu plus variée qu'à l'accoutumée et soutenue par une mise en scène encore plus réussie que chez le grand frère, si l'on fait abstraction de quelques intervenants un peu ridicules et de répliques phares du type «Je n'ai pas de nom, je suis un Ghost». Cette variété relative, on la retrouve logiquement dans les différents environnements proposés. On passera donc d'une zone montagneuse à une plaine désertique qui ravira les snipers de tout bord, avant de se livrer aux combats urbains dans une ville qui semble souffrir de plus en plus alors que la campagne progresse. Les niveaux de GRAW 2 sont globalement plus ouverts que dans le dernier épisode, et au traditionnel chemin linéaire, se substituent souvent des zones offrant plusieurs voies d'accès et autant de possibilités de jeu. Du coup, le joueur consciencieux pourra élaborer des stratégies toujours un peu basiques mais certainement plus riches que dans GRAW premier du nom. En tout cas, vu l'équipement dont vous disposez et vos alliés sensiblement plus fiables, ce serait un crime que de bourriner aveuglément, même si cela aussi peut souvent marcher. Car c'est un fait, GRAW 2 est indéniablement plus facile que son prédécesseur, et plus court aussi, puisque sept heures suffiront à un joueur moyen pour terminer la campagne. Heureusement, la version PS3 nous offre quatre niveaux de difficulté au lieu de trois sur 360. Du coup, en vétéran, la moindre balle est mortelle et l'aventure prend un tout autre aspect. Malgré cela, les joueurs consciencieux et prudents sauront rapidement maîtriser la bête.
Avec GRAW 2, la série confirme également son désir de s'attirer les bonnes grâces du grand public. Le jeu se veut extrêmement spectaculaire, à la manière d'un énorme blockbuster américain où tout semble avoir été fait pour magnifier l'action. On découvrira donc des effets pyrotechniques d'une incroyable puissance visuelle et sonore, ainsi qu'une fumée criante de vérité, même si on ne parlera pas de photoréalisme. La moindre explosion prend des allures de show hollywoodien, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le soft n'est pas avare en flambées en tout genre. Fans, réjouissez-vous car vous pourrez enfin demander le fameux raid aérien de vos rêves, en deux occasions certes, mais fichtre, vous et votre caisson de basse risquez de ne pas en sortir indemnes. Dans l'ensemble, les affrontements ont pris de l'envergure, et on retrouvera régulièrement la sauvagerie de l'assaut des terroristes sur l'ambassade américaine de GRAW, pour terminer en apothéose avec la bataille rangée du dernier niveau. Après cette débauche de superlatifs, on restera tout de même conscient que le moteur graphique du jeu est toujours le même que celui employé dans le premier épisode, et si les effets de lumières ont beaucoup gagné en finesse, de même que la gestion des particules, on découvrira toujours quelques textures râpeuses et grossières qui jurent avec l'incroyable modélisation des Ghosts. Techniquement, cette version PS3 est quasiment identique à son homologue 360. On y découvre deux ou trois saccades ainsi que des couleurs un poil plus ternes mais le résultat est tout de même très impressionnant.
En fait, la version PS3 ne se différencie véritablement de la 360 que par la possibilité d'utiliser les fonctions de détection des mouvements de la manette. On pourra donc délaisser le stick et incliner son pad afin de contrôler les mouvements des unités de soutien. Le système est fiable mais moins réactif et moins précis que le stick. Le Sixaxis permet même de changer la posture de Scott. Un coup ver le bas par exemple, et notre homme se baisse. On pourra aussi tenter les roulades sur le côté, mais dans ce cas précis, le système réagit particulièrement mal. Et soyons honnêtes, ces petits ajouts apparaissent finalement comme très accessoires, et la plupart des joueurs s'en tiendront inévitablement au maniement conventionnel.
Bref, GRAW 2 en solo est une aventure intense au moins aussi brillante que celle de son prédécesseur et même sans doute meilleure encore. Certes, les améliorations sont loin d'être révolutionnaires, mais le titre semble plus posé et vous permet de profiter de l'action avec plus de facilité que jamais, tout convaincu qu'il est d'être en mesure de délivrer des combats de haute volée. GRAW 2 s'approche tout de même de l'archétype du jeu pop-corn et je recommande chaudement aux acharnés de la série de monter d'entrée le niveau de difficulté au maximum. Mais que serait GRAW 2 sans un mode multijoueur digne de ce nom ? Là aussi, on ne sera pas déçu car le soft offre à nos pads avides 6 nouvelles missions co-op jouables à 16, et qui constituent une petite campagne parallèle. Si les modes habituels de Combat, ou Combat En Equipe font leur inévitable come-back, ils n'ont pas non plus échappé au souffle «améliorationniste» des développeurs. Ainsi, un nouveau système de résurrection évitera que les joueurs ne se livrent au tristement célèbre massacre d'une équipe dans sa propre base. Bref, GRAW 2 risque d'écourter sérieusement vos nuits.
Pour des raisons techniques, les screens qui ornent cette page n'ont pas pu être pris en haute définition et ne reflètent donc pas la qualité finale du jeu.
- Graphismes18/20
C'est en fait le moteur du premier jeu que l'on retrouve ici mais avec quelques améliorations. La poussière virevolte, les explosions tout comme la fumée sont impressionnantes et les environnements semblent globalement plus vivants. Le grain de l'image a été retravaillé pour que vous puissiez savoir de quel côté de la frontière vous vous battez pour un rendu qui n'a pas à rougir devant les dernières grosses productions vidéoludiques. Cela dit, on n'échappera pas à des textures grossières, des décors parfois trop anguleux et une modélisation des ennemis qui jure avec celle des Ghosts.
- Jouabilité17/20
La jouabilité sera sans doute un peu confuse au début pour ceux qui découvrent la série, mais on se fera rapidement au maniement des Ghosts et de leurs unités de soutien. Tout est plaisant et bien pensé, bien que finalement très arcade, et l'architecture des niveaux poussera sans doute les fans à expérimenter de nouvelles approches. Mais le soft semblera peut-être trop facile aux acharnés, et ce même avec le nouveau mode de difficulté spécifique à la PS3, qui incite simplement à être plus consciencieux et observateur. Notez enfin que les fonctions Sixaxis sont très accessoires.
- Durée de vie14/20
Ce petit 14 est tout relatif car les joueurs qui ne disposent pas d'un accès au net risquent sans doute d'être moins indulgents envers une campagne intense, mais courte. Il faudra 7 heures en moyenne pour sauver le monde, mais on aura sans doute plaisir à y revenir régulièrement.
- Bande son17/20
Pardonnez-moi, mais je ne résiste pas à l'envie de dire que de ce côté-là, le soft envoie du GRAW. La bande-son est excellente et le volume sonore dégagé par le jeu est à la mesure des explosions qu'il affiche en grand nombre. Alors oui, l'accent mexicain de certains de vos alliés ne fait pas toujours très sérieux, mais bon, l'ensemble évoque à n'en pas douter une grosse production hollywoodienne.
- Scénario14/20
L'univers futuriste de Ghost Recon ne prête pas vraiment aux envolées lyriques et la poésie, mais même en gardant cela à l'esprit, le scénario de GRAW 2 est un peu plat et convenu.
Ghost Recon Advanced Warfighter 2 est un excellent jeu d'action doté d'une incroyable atmosphère. Il reprend le flambeau de la série avec panache même s'il est maintenant clair que les Ghosts se tournent vers le grand public avant de tout faire exploser. L'aspect stratégique est certes toujours là, mais avec tout votre attirail high-tech, il semble que les terroristes, aussi malintentionnés soient-ils, ont bien du mal à tenir la route.