Pendant l'E3, La Mémoire dans la Peau qui ne s'appelait encore que The Bourne Conspiracy, n'avait eu droit qu'à une présentation axée autour d'un trailer de trente secondes qui lui avait valu de tomber dans les abîmes de la coupe sombre. Le titre se rattrape aujourd'hui à la Games Convention avec une session de démo plus convaincante qu'on ne le pensait.
"Les jeux à licence c'est caca", le gimmick est d'une triste banalité, néanmoins, il existe des exceptions qui vont du très correct à l'excellence. On ne saurait encore trop dans laquelle de ces catégories il faudra caser La Mémoire Dans La Peau, mais la démo réalisée par les développeurs du titre aura au moins assuré un certain niveau de qualité. Inspiré des films plus que des romans, ne serait-ce que pour son placement chronologique qui le situe à notre époque et non dans les années 70, cette adaptation s'efforce pourtant d'explorer des coins sombres du scénario original. Ainsi le niveau présenté sur le stand presse de Vivendi nous emmenait à Marseille, deux jours avant que Jason C. Bourne ne soit repêché à moitié mort et amnésique dans les eaux de la Méditerranée.
Pour cette adaptation, High Moon Studio tire la carte de l'action pure, dure et non-stop puisque même si quelques phases d'infiltration sont évoquées, le gros du jeu reposera sur des séances de gunfight et de close combat, sous un enrobage cinématographique qui fait tout pour coller aux films. Il suffit pour s'en convaincre de regarder Jason Bourne distribuer les mandales avec son style si particulier, typique du close combat, des attaques à courtes distances et très vives. De plus, si au cours des déplacements ou des affrontements à l'arme à feu, le titre ressemble à n'importe quel third person shooter, il suffit de se lancer dans un combat à mains nues pour que la caméra se mette à coller à l'action alors que Jason semble "locké" sur ses adversaires.
Avec à sa disposition toute une panoplie de coups assez dévastateurs, le joueur enchaîne les frappes, projections, désarmements et gros coups à la cuisse avec remontée du coude dans le pif suivi d'un bon éclatage de tronche dans le mur. Le décor étant en effet à considérer comme une arme à part entière, on n'hésitera pas à projeter son adversaire la tête en avant sur tout ce qui peut sembler plus solide qu'un crâne, ni même à reculer violemment afin de plaquer un ennemi venu se glisser dans notre dos sur le mur le plus proche, le souffle coupé et l'esprit peu prompt à la riposte. Le résultat à l'écran se veut extrêmement dynamique. Mais la touche qui vient compléter cet aspect cinématographique, tout en mettant en avant le côté instinctif de la gestuelle de Bourne, provient de l'usage de l'adrénaline et des QTE. Certes, la formule n'est pas neuve. Encerclé par plusieurs adversaires, on pourra déclencher ces séquences scriptées du plus bel effet qui feront avant tout intervenir un ralenti et des mouvements de caméra efficaces.
Outre la ficelle du game design, le ralenti colle plutôt bien au personnage. Restera alors à appuyer sur les bonnes touches, celles indiquées à l'écran, pour lancer les enchaînements qui seront généralement composés d'attaques "take down", un coup fatal, l'ensemble profitant d'une chorégraphie chiadée à mort, si je puis me permettre. On n'aurait du mal à ne pas trouver une classe certaine à ce qu'on voit sur l'écran de jeu. Précisons en outre que ce système de combat s'applique également aux gunfights, une astuce commode lorsqu'on se retrouve acculé. Si on a déjà vu ce type de gameplay dans nombre de jeux, La Mémoire Dans La Peau fait partie de ceux qui en font un usage des plus efficaces. D'autant que l'esthétique des combats est soutenue par quelques menus détails, notamment la gestion des dégâts apparents sur les visages tuméfiés par les patates, à commencer par celui de Jason Bourne. Excessivement dynamique, fort bien animé et même plutôt joli alors que la version n'était qu'une pré-alpha, le soft de Vivendi et High Moon Studio aura encore à faire ses preuves un pad en main, mais on peut déjà penser à juste titre qu'on sera loin du jeu vite ficelé qui ne cherche qu'à profiter d'une licence de plus en plus porteuse.