Commerce, combat, diplomatie : telles sont les trois mamelles du gameplay de Spaceforce : Rogue Universe, si l'on en croit l'arrière de son boîtier. Un leitmotiv qui rappelle notamment celui de la simulation spatiale X3 : Reunion. Et il est vrai que ces deux space operas ont quelques similitudes, aussi bien au niveau de leurs qualités que de leurs défauts.
En effet, tout comme X3, Spaceforce commence par lâcher le joueur dans la nature, ou plutôt en l'occurrence dans l'immensité de l'espace intersidéral, sans autres explications qu'un très maigre tutoriel. C'est assez déroutant, car étant donné la grande liberté d'action, la richesse des possibilités et le nombre de commandes à appréhender, une séance d'apprentissage plus détaillée n'aurait pas été du luxe. Si on choisit le mode histoire, on débute l'aventure dans le rôle du jeune Jim Anderson, de l'Earth Military Directorate (EMD), qui cherche à venger la mort de son père et à retrouver sa soeur. On peut alors choisir uniquement sa profession : scientifique, marchand, pirate, espion... (une dizaine en tout). Celle-ci influe sur les caractéristiques de départ, mais rien n'empêche de faire un peu de piraterie si on a choisi marchand, le joueur reste maître de son destin et chacun pourra donc jouer de la manière qui lui convient. Il existe également un mode libre, où il est possible de choisir en plus la civilisation de son personnage parmi les onze factions humaines ou races extraterrestres disponibles. Mais à part l'absence de scénario le jeu reste exactement le même.
Le jeu justement, se déroule uniquement à bord du vaisseau, à l'exception de quelques escales dans les stations orbitales. Il faudra donc prendre soin de son appareil, en améliorant ses différentes caractéristiques comme le blindage, la capacité de transport, la vitesse ou les armes. Le problème est que tout ceci coûte très cher, et l'argent ne rentre pas vite. Le principal moyen d'en gagner est d'accomplir les nombreuses quêtes (annoncées au nombre de 2000 !) que l'on trouve dans les stations. Malheureusement elles sont peu intéressantes, la moitié d'entre elles consistant à activer des satellites, l'autre à détruire des pirates ou des pilotes ennemis. Les combats sont heureusement assez réussis, et représentent un réel challenge. On dispose d'un tir principal, laser par exemple, sur le bouton gauche de la souris, et de missiles sur le bouton droit. Tous les vaisseaux possèdent un bouclier, qui se régénère assez vite, puis une fois ce bouclier à zéro les dégâts commencent à attaquer la coque. Les adversaires sont très mobiles, et lorsqu'ils sont plusieurs à la fois ça peut très vite se terminer par une défaite. On peut heureusement faire appel à des alliés, mais une fois de plus cette possibilité n'est pas expliquée, il faudra donc découvrir tout seul comment, c'est tout de même dommage. Avec le temps on finit par avoir un vaisseau puissant, capable de faire face à de plus sérieuses menaces (et elles ne manquent pas), mais la progression est très lente.
Les joueurs moins agressifs pourront cependant se rabattre sur le commerce. Il existe de très nombreuses marchandises plus ou moins légales à posséder. Un autre moyen de gagner rapidement de l'argent sans risque est le minage des astéroïdes. Ils rapportent des métaux ou d'autres matériaux, que l'on peut ensuite assembler pour créer des améliorations. On peut en équiper son vaisseau à moindre coût, ou les vendre à un bon prix. Ce système de craft est très pratique, et si on ne veut pas passer son temps à miner on pourra toujours trouver les matières premières dans des stations spatiales. Ces stations sont vraiment très utiles, en plus des quêtes, du commerce, des réparations et modifications de son appareil, on peut aussi y consulter ses mails ou les actualités pour connaître les derniers évènements et la fluctuation des prix qui en découle. Le background de Starforce : Rogue Universe est assez riche, avec ses différentes civilisations antagonistes. Notre personnage a d'ailleurs une réputation envers chacune d'entre elles, qui évolue en fonction des quêtes accomplies ou des actes d'agression. En cas de besoin, on peut toujours payer un tribut pour remonter dans l'estime d'une faction, ou user d'une carte ID pour s'infiltrer discrètement. Selon le système dans lequel on se trouve, les risques de croiser des civilisations hostiles varie, il faut donc faire bien attention à l'itinéraire qu'on emprunte. Des portes interdimensionnelles permettent de passer d'un système à l'autre et le joueur est libre d'explorer la vaste galaxie comme il l'entend.
Une grande liberté, des possibilités variées... Spaceforce serait-il donc la simulation spatiale rêvée ? Non, car au-delà des problèmes déjà évoqués plus haut, la réalisation souffre également d'un manque de finition évident. Malgré le patch 1.1, beaucoup de bugs subsistent notamment au niveau des textes de la VF, qui débordent des cases, sont mal traduits, comportent des caractères étranges... Les voix, restées elles en anglais, sont tout juste correctes. L'aspect graphique est déjà plus réussi, même si avec toutes les options poussées au maximum on reste assez loin des images qui nous avaient été présentées jusqu'à présent. Que s'est-il passé entre temps ? Enfin ne soyons pas trop durs, le jeu reste dans l'ensemble plaisant à regarder, même si selon les systèmes c'est très inégal. Même chose pour le design des stations spatiales ou des vaisseaux qui oscillent du beau au médiocre. Tous ces défauts seront compensés par la richesse du jeu pour ceux qui sauront se plonger dans un long et difficile apprentissage, les autres risquent d'être assez vite rebutés, dommage.
- Graphismes13/20
Les fonds étoilés sont très jolis, la surface des planètes beaucoup moins. Le jeu reste globalement assez beau, malgré une grande disparité, notamment dans la modélisation et les textures des stations et vaisseaux (certains cockpits sont vraiment ratés).
- Jouabilité12/20
Le gameplay est riche de nombreuses possibilités, chacun y trouvera son compte. Le système de craft est bien pensé, les vaisseaux disposent de beaucoup d'améliorations, les marchandises sont variées, le joueur a une grande liberté. Les quêtes sont en revanche très répétitives et l'absence d'un vrai tutoriel clair est vraiment dommageable.
- Durée de vie15/20
L'univers à explorer est très vaste. La progression est lente, il faudra de nombreuses heures avant d'obtenir le vaisseau ultime. Malheureusement les centaines de missions se ressemblent toutes. Par contre, les nombreux métiers et civilisations disponibles, sans compter les différentes manières possibles de jouer, confèrent une bonne rejouabilité au titre en mode libre.
- Bande son12/20
Les musique sont réussies, le thème joué lorsque tout est calme est planant et incite à la contemplation de l'espace. Les sons des armes sont plus contrastés et deviennent vite lassants. Quant aux voix anglaises, elles assurent le minimum syndical.
- Scénario10/20
Une sombre histoire de vengeance familiale sert de fil conducteur. Rien de bien original ni palpitant, mais le background des forces en présence est relativement bien travaillé. A noter que les cinématiques ne sont pas sous-titrées en français contrairement au reste des dialogues !
Au final, c'est un sentiment de gâchis qui reste après avoir joué à Spaceforce : Rogue Universe. Non pas que le jeu soit mauvais, loin de là, mais il laisse apercevoir un fort potentiel, sans jamais réellement parvenir à convaincre. La faute à quelques gros défauts qui l'empêchent de se hisser un cran au-dessus de la moyenne, excepté pour ceux qui parviendront à passer outre.