Sorti quasiment pour le lancement de la Wii au Japon et aux Etats-Unis, Trauma Center est un titre que les Européens attendaient avec une impatience toute justifiée. Et pour cause, il s'agit incontestablement d'un des softs les plus réussis de la console, et il succède dignement à son aîné qui avait fait grand bruit sur DS. Ces six mois d'attente prennent donc fin avec la sortie du jeu dans notre pays, et pour les indécis qui attendraient encore notre feu vert : qu'est-ce que vous attendez ?!
Je m'étais jurée de ne pas revenir encore une fois sur l'épisode DS de Trauma Center, mais sachant qu'il est sorti depuis plus d'un an déjà et que je suis sûre que beaucoup d'entre vous sont passés à côté, je me permets de sacrifier quelques lignes pour refaire l'apologie de ce titre monumental. S'il est vrai que celui-ci a laissé quelques personnes indifférentes et qu'il en a rebuté d'autres à cause de sa difficulté, il a surtout trouvé une place de choix dans le coeur d'une majorité de joueurs qui sont restés cois devant l'audacieux concept du jeu d'Atlus. Réussir à nous donner des sueurs froides en transformant le stylet en scalpel chirurgical est déjà un tour de force pour un jeu sur console portable, mais le résultat s'avère d'une telle maîtrise qu'il passionne autant qu'il génère l'angoisse, redéfinissant à lui seul le terme d'immersion. A l'annonce d'une suite sur Wii, les fans avaient de quoi craindre le pire en imaginant le massacre qui risquait d'arriver si jamais le soft ne restituait pas le même niveau de précision que sur DS. Des craintes complètement dissipées depuis la sortie des versions import, puisque la jouabilité de Trauma Center n'a finalement rien à envier à celle de son aîné, bien au contraire.
Mais pour obtenir un tel résultat, il était nécessaire de modifier certaines caractéristiques de l'interface de jeu. Conserver le même système d'icônes en bordure d'écran pour aller chercher systématiquement chacun des outils chirurgicaux aurait alourdi considérablement le rythme des opérations, voilà pourquoi les développeurs ont eu l'ingénieuse idée d'affecter le Nunchuk à cette fonction. Ainsi, le choix des instruments se fait beaucoup plus simplement à l'aide du stick directionnel, moyennant une bague d'objets qui comprend les habituels scalpel, loupe, laser, gel antibiotique, seringue, ultrasons, forceps et autres sutures indispensables à la survie du patient. Dans la pratique, le changement d'outil ne prend même pas une nano-seconde, à moins de craquer sous la pression et de trembler au point de choisir malencontreusement le mauvais objet. En parallèle, la Wiimote était la solution toute désignée pour interagir avec une précision d'orfèvre sur la chair à traiter. Autre manipulation qui gagne en crédibilité, la saisie d'éléments via le forceps implique de maintenir deux boutons à la fois à la manière d'une pince, ce qui renforce d'autant l'immersion.
Voilà déjà bon nombre de choses qui devraient réussir à renouveler l'expérience de jeu, y compris pour les habitués de la version DS qui maîtrisent déjà la plupart des tâches de Trauma Center : Under The Knife. Car malgré son changement de titre, Tauma Center : Second Opinion n'est pourtant pas totalement neuf, mais s'apparente plutôt à un remake du soft original. On touche là à un point sensible quant à la note qu'il convient d'attribuer au jeu, car même si les changements apportés sont assez considérables, le résultat aurait été carrément plus mémorable si l'épisode Wii n'avait comporté que des opérations inédites. En effet, à moins de ne jamais avoir touché à Trauma Center sur DS, l'effet de surprise n'est plus un argument susceptible de nous faire jubiler et crier au génie. De la même façon, le fait de connaître en grande partie la démarche requise pour accomplir le traitement de la plupart des opérations nuit beaucoup à la tension ressentie durant les longues minutes passées à chercher de quelle façon venir à bout d'une maladie inconnue.
La façon de traiter la majeure partie des cas est en effet sensiblement la même que sur DS, à quelques modifications près, ce qui facilitera beaucoup la tâche des habitués qui auront l'impression de se balader en enchaînant les opérations à vitesse grand V. La bonne idée est d'avoir remplacé le système de progression classique par une arborescence calquée sur le mode Challenge de l'opus portable, et qui permet ainsi de revenir à tout moment sur les missions déjà terminées dans le but d'améliorer son score. De cette façon, les néophytes qui ne visent que la réussite rapide de chaque opération et la découverte du scénario pourront toujours surmonter une mission ardue en se rabattant à tout moment sur l'option Facile, quitte à revenir ensuite au mode Normal. A l'inverse, les joueurs en quête de challenge se feront un devoir de terminer chaque étape en Difficile avec un rang S, une vraie gageure dans les derniers chapitres. Dans tous les cas, la durée de vie reste le talon d'Achille de la série, même si la version Wii s'efforce de proposer son lot de missions inédites.
Concrètement, à chaque fin de chapitre, le soft vous donne la possibilité de laisser de côté le parcours professionnel de Derek Stiles pour profiter de la compagnie de Nozomi Weaver, une femme chirurgien qui traite uniquement des cas problématiques à l'hôpital Saint Francis. Ce second pan de scénario est un apport non négligeable à Second Opinion, puisqu'il pimente de manière inattendue un scénario que l'on croyait connaître sur le bout des doigts. Ce qui se trame en à Saint Francis est étroitement lié aux différentes formes de TAC découvertes par les experts de Caduceus, et la rencontre entre les différents intervenants pourraient bien produire des étincelles. Sans chercher à spoiler, le dénouement et les missions du dernier chapitre justifient à eux-seuls la découverte de cet épisode Wii dans son intégralité, malgré une majeure partie qui reste assez routinière. Le docteur Nozomi possède, tout comme Derek, le don de guérir, qui se traduit par la possibilité d'utiliser les mains miraculeuses (ou mains curatrices) pour ralentir l'action durant les moments les plus difficiles.
La manoeuvre requiert toujours de tracer un pentacle qui vous donnera le temps nécessaire pour rétablir une situation critique et improviser en cas d'imprévu. Le stress se fait sentir à chaque nouvelle manifestation de la TAC, cette forme inconnue de virus créé par l'homme, qui prend parfois des allures organiques qui ne dénoteraient pas dans un volume de Blackjack, le médecin marron imaginé par Tezuka. Dommage, d'ailleurs, que les opérations n'aillent jamais trop loin dans l'horreur et le surréaliste, les cas rencontrés restant toujours relativement softs, sans parler des hémorragies qui n'entraînent jamais de véritables effusions de sang. Quoi qu'il en soit, la sortie de Trauma Center est l'occasion ou jamais de découvrir un concept atypique dans le domaine du jeu vidéo, et de vous mettre à jour en attendant la venue du prochain volet qui devrait proposer des missions à deux joueurs en coopération !
- Graphismes16/20
Changement radical de rendu visuel par rapport à l'épisode DS, avec des couleurs plus discrètes et des graphismes ayant un cachet futuriste très appréciable qui rendent le jeu plus adulte. Les personnages ont également subi un relooking, mais conservent la touche manga qui les caractérisait déjà.
- Jouabilité17/20
La Wiimote assure une précision optimale et la sélection des outils via le stick du Nunchuk améliore beaucoup le confort de jeu. Les opérations confiées à Nozomi Weaver tirent habilement parti des propriétés de la Wiimote, en demandant par exemple de tourner un fragment d'os pour l'orienter correctement, ou encore d'opérer dans le noir en activant des flashs photographiques. La plupart des instruments chirurgicaux sont les mêmes que sur DS, hormis le défibrillateur qui remplace les massages cardiaques.
- Durée de vie13/20
La durée de vie reste malheureusement le point faible de ce nouveau Trauma Center. Les missions inédites ne sont pas très nombreuses, les autres étant très proches de celles proposées sur DS, mais le dernier chapitre compense largement le caractère routinier de la première moitié du jeu. Le challenge est tout de même au rendez-vous pour obtenir un rang S dans tous les modes de difficulté, et le fait de pouvoir revenir en Facile à tout moment évitera aux néophytes d'abandonner avant la fin.
- Bande son15/20
Des musiques toujours très bien choisies, directement importées de l'opus original mais qui soutiennent à merveille les moments les plus tendus ou les plus tragiques de l'histoire. Peu de doublages, mais de bonnes interventions vocales durant les opérations.
- Scénario15/20
Le scénario est une composante essentielle de Trauma Center, et les nouveaux intervenants de cet épisode Wii sont là pour assurer un dénouement aussi intéressant qu'imprévisible. Les phases de dialogues sont récurrentes mais indispensables à la mise en place d'une atmosphère sérieuse et pesante.
Opération menée de main de maître pour cet épisode Wii de Trauma Center. Tout aussi précis que sur DS, ce Second Opinion offre une nouvelle approche d'un concept qui mérite toute notre admiration tant il fait preuve d'efficacité et d'originalité. Un titre indispensable sur ce support, même si on attend surtout la suite pour découvrir quelque chose d'entièrement inédit.