Difficile d'ignorer la sortie des nouveaux épisodes de Pokémon, tant ils sont attendus de longue date sur DS en version française. Même s'il n'est sans doute plus le même aujourd'hui qu'il y a huit ans, le public répond toujours massivement à l'appel de ces créatures adorées par les uns, haïes par les autres. Le plus édifiant est de constater que si la formule n'a finalement quasiment pas changé, le succès, lui, est toujours au rendez-vous.
Commencer une partie de Pokémon, c'est comme se relancer dans un Tetris et savoir qu'on risque de ne plus pouvoir s'en passer, mais c'est aussi s'exposer à une impression de déjà-vu qui devrait suffire à nous faire lâcher prise. Et pourtant, l'addiction prend immanquablement dès lors qu'on s'aventure dans une quête qui commence, se déroule et s'achève toujours de la même façon, et ce depuis 1999. En dépit du changement de support, on se dit que cette fois on ne s'y laissera pas prendre, et que si rien n'a évolué, à quoi bon soutenir une série qui s'obstine à refuser de grandir ? Plus encore que dans les précédents volets, Pokémon Diamant et Perle ne sont pourtant pas dépourvus de nouveautés, loin de là, mais celles-ci ne renouvellent pas autant qu'on le voudrait l'expérience de jeu. Et si les fans réserveront sans doute un accueil chaleureux à ces versions DS, ce sera avant tout dans le but de retrouver la formule miracle qu'ils avaient découverte sur GBA, GBC, ou peut-être même sur la Gameboy monochrome, à une lointaine époque.
Comme le veut la tradition de la série, les nouvelles aventures de Pokémon nous arrivent simultanément en deux versions quasiment identiques, puisque seule la fréquence d'apparition des Pokémon diffère de l'une à l'autre. Le fait d'opter soit pour la version Diamant, soit pour la version Perle, n'aura donc pas de répercussion majeure sur le déroulement de l'aventure, dans la mesure où seule une petite poignée de créatures est spécifique à chacune des deux versions. Est-il bien nécessaire de s'attarder sur un principe désormais connu de tous ? Le but du jeu consiste encore et toujours à capturer un maximum de Pokémon sauvages, et de les entraîner pour affronter les leaders de chaque arène afin d'obtenir leurs badges. Si ces nouveaux opus apportent de nouvelles idées, ce n'est pas dans le déroulement du jeu qu'il faut aller les chercher. On retrouve toujours le même système de progression et de capture, et les combats au tour par tour n'ont pas changé d'un iota.
Situés dans la toute nouvelle région de Sinnoh, l'aventure de Pokémon Perle et Pokémon Diamant débute par le choix d'un dresseur, le personnage laissé pour compte devenant automatiquement l'assistant du professeur Sorbier pour lequel vous allez collecter des renseignements sur les Pokémon qui peuplent la région de Sinnoh. Entre la capture des Pokémon sauvages et les affrontements contre les dresseurs, l'aventure sera régulièrement interrompue par l'intervention de votre rival qui viendra vous défier de temps à autre pour tester vos talents de dresseur. Les trois nouveaux Pokémon de départ qui vous sont présentés sont les mêmes sur les deux versions, à savoir Tortipouss (plante), Ouisticram (feu) et Tiplouf (eau). Le scénario inédit met également en scène les membres de la Team Galaxy qui pratiquent des expériences sur les Pokémon dans le but de contrôler entièrement la région de Sinnoh.
L'un des premiers objets inédits que l'on vous confie dans le jeu est la Pokémontre. Il s'agit d'un appareil multifonction qui sert à la fois de montre digitale, de calculatrice, de carnet pour prendre des notes, de repère pour dénicher les baies mûres, de calendrier, de radar à objets, de podomètre (utile pour savoir quand un oeuf va éclore), de contrôleur d'amitié indiquant les sentiments des Pokémon à votre égard, mais aussi de base de données concernant votre équipe de monstres. L'horloge interne est prise en compte à chaque partie, suivant un cycle de 24 heures divisé en 5 phases : matinée, journée, soirée, nuit et nuit noire. Ces phases influent essentiellement sur la fréquence d'apparition de certaines races de Pokémon, des indications que vous pourrez d'ailleurs retrouver en consultant le précieux Pokédex. J'ignore combien de créatures ont été créées à ce jour depuis les premières versions Gameboy, mais c'est encore une centaine de Pokémon inédits qui viennent s'ajouter à ce total et font leur apparition dans Diamant et Perle. Bien sûr, une bonne partie des anciens a disparu, mais la plupart pourront quand même être transférés à un certain stade du jeu, puisque le soft est compatible avec toutes les versions GBA existantes (Rouge Feu, Vert Feuille, Rubis, Saphir et Emeraude). A noter que, pour la première fois dans la série, l'apparence des Pokémon mâles et femelles diffère légèrement, et il est d'ailleurs assez amusant de constater les changements opérés sur les plus anciens Pokémon.
Bien que toujours désespérément austère, la réalisation ne déstabilisera pas les habitués des opus GBA. Le soft rajoute maintenant un effet 3D qui donne un peu de profondeur aux graphismes, mais l'évolution n'est pas flagrante et surtout pas significative du changement de support. De plus, l'écran tactile est trop peu exploité, et le fait de ne pas pouvoir tout contrôler au stylet risque d'inciter le joueur à revenir à un maniement classique avec les boutons. L'interface a également été remaniée durant les combats, mais les fonctions disponibles n'ont pas changé. Parmi les nombreux à-côtés de l'aventure, on trouve des choses assez surprenantes, comme les concours de danse, qui renvoient aux petits jeux musicaux basés sur le rythme, et les concours de comédie, où il faut impressionner les juges en utilisant les capacités des Pokémon. On peut aussi améliorer le style d'un de ses monstres en lui ajoutant des accessoires, ou même augmenter ses stats en le gavant de poffins, des sucreries confectionnées à l'aide des baies récoltées.
Avec la sortie de ces nouvelles versions DS, la connexion wi-fi vous permet désormais de faire des échanges, et d'organiser des duels et des discussions avec d'autres amateurs du jeu partout à travers le monde, sachant que le micro de la console autorise aussi le chat vocal. La connexion sans fil comporte elle aussi une vraie nouveauté en permettant d'explorer les souterrains de Sinnoh avec des amis durant l'aventure. Ces galeries sont le seul endroit où vous pourrez établir une base secrète qui vous servira de QG, et dans laquelle vous pourrez entreposer les drapeaux capturés dans les bases des autres joueurs connectés, et y placer des pièges pour empêcher vos adversaires de pénétrer chez vous. Un véritable jeu dans le jeu inspiré du mode Capture the Flag de nombreux FPS, qui devrait bien fonctionner auprès du public. Le souterrain est aussi l'endroit où vous pourrez tenter de déterrer des fossiles à l'aide du stylet. Même si tout ceci n'est pas directement lié à l'aventure principale, on constate que ces nouvelles idées apportent un peu de fraîcheur à la série. Et ceux qui regrettent que la formule soit toujours aussi fidèle à elle-même et qui commencent à sérieusement se lasser pourront toujours se tourner du côté de Pokémon Ranger sur le même support.
- Graphismes13/20
C'est très certainement un choix de la part des développeurs, mais la réalisation ne tranche absolument pas avec les volets GBA, en dépit de l'ajout d'un effet 3D qui donne aux graphismes un peu de profondeur. En conservant les mêmes types d'animations sommaires et le même choix de perspective, Nintendo semble vouloir rester dans un registre old-school qui, apparemment, ne déplaît pas.
- Jouabilité16/20
L'interface de jeu se fait plus tactile pour apporter un meilleur confort de prise en main, mais il est dommage qu'on ne puisse pas tout contrôler à l'aide du stylet. Le gameplay est fidèle à lui-même, pas surprenant pour un sou mais toujours aussi proche de la perfection.
- Durée de vie17/20
Dépassant facilement la quarantaine d'heures relatives à l'aventure solo, le soft rajoute aussi de nouveaux modes multijoueurs. On retiendra surtout les possibilités relatives au souterrain en connexion sans fil, sans oublier la présence inédite du wi-fi pour faire des échanges et des duels avec des joueurs du monde entier.
- Bande son12/20
Aux guillerettes mélodies qui caractérisent la saga Pokémon, s'ajoutent des bruitages dédiés tout particulièrement aux nostalgiques puisque ce sont, pour la plupart, les mêmes depuis le début de la série. A noter que le micro de la console rend possible le chat vocal en wi-fi.
- Scénario14/20
On repart avec de nouveaux dresseurs, une région inédite à explorer et une Team Galaxy qui fait des siennes. C'est toujours les mêmes routines, mais c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe.
Quelle note attribuer au futur blockbuster de la DS ? Faisant toujours autant office de phénomène de société, Pokémon Diamant et Perle nous ramènent avec nostalgie à l'époque des épisodes classiques de la série. Avec une formule de départ tellement redoutable et un concept aussi bien huilé, le résultat était gagné d'avance et le virus circule sans problème d'une génération de joueurs à l'autre. Si déception il y a, c'est parce qu'on était en droit d'espérer plus de renouveau de la part de ces versions qui marquent tout de même l'arrivée de la série sur DS, Pokémon Ranger et consorts étant classés à part. On sanctionnera donc l'absence désespérante de prise de risque, même si l'ajout de suppléments bien pensés et le plaisir de retrouver l'essence de la série suffisent à nous faire replonger comme à la première heure.