On le pensait conçu exclusivement pour la Wii, mais la loi du marché en a voulu autrement. Tony Hawk's Downhill Jam s'offre une seconde vie sur Playstation 2, et tente d'exister comme un jeu de courses arcade comme les autres, sans l'attrait de la Wiimote, et donc de la nouveauté. Cela en vaut-il encore la peine ?
Mise à part la prise en main, cette version Playstation 2 reprend l'exact contenu de son homologue sur Wii. En lieu et place des skates parcs et autres bacs à sable urbains pour skateurs affranchis, Downhill Jam met en scène des circuits pentus, faits de très nombreux embranchements. Semblables en cela à SSX, c'est principalement la présence de rampes et de rails qui permet de couper droit dans un virage, ou d'atteindre une zone en hauteur, plus directe que le chemin principal. Après une dizaine de courses effectuées, la richesse de ces grandes descentes se dévoile. Si on met de côté deux trois environnements, comme le dénommé Twin Peaks à Los Angeles, les trois quarts des zones fourmillent de raccourcis, de rides à chevaucher à la suite et de rampes permettant d'éviter bien des ennuis. Par contre, il y a assez peu d'environnements différents, une dizaine environ, et la quarantaine de courses annoncées n'est faite que de variations, avec changements d'objectifs et d'adversaires.
La plupart du temps, il s'agit simplement d'arriver le premier entre 4 participants. Ponctuellement, un défi mano a mano vous permet de débloquer un nouveau personnage jouable, quand il ne s'agit pas d'une nouvelle planche. Pour cela, il faut juste réussir à décrocher un certain nombre de points, lesquels s'obtiennent en alignant les médailles d'or, d'argent et de bronze. Passées quelques quantités de points prédéfinis, vous êtes autorisé à poursuivre votre progression sur un autre tableau de jeu avec son lot de nouveaux environnements, de courses, de défis et de combats. La castagne dans un Tony Hawk, c'est nouveau et ça l'éloigne d'ailleurs aussi grandement de SSX. A la manière d'un Road Rash, le bonhomme peut dégager tout quidam qui se trouve à côté de lui, sur un skate ou non. Cette mécanique, comme les tricks, les rides et la destruction d'objets, simplement en fonçant dessus, remplit une jauge de puissance. Une fois pleine, vous pouvez déclencher un boost court mais efficace. Notez que vous pouvez accumuler les charges en remplissant la jauge quatre fois à la suite, puis garder sous le coude une ou deux accélérations pour les fins de courses tendues.
Pour conclure sur le volume de jeu solo, il reste un peu décevant. On accède à l'ensemble des tableaux avec un personnage après trois heures d'utilisation, et la relance avec un autre skateur ne change strictement rien. Obtenir des médailles d'or sur toutes les courses est une autre paire de manches. Certaines missions se montrent vraiment accrocheuses, le challenge est bien présent. Il l'est d'autant plus avec cette version PS2 qui, c'est assez surprenant, se révèle moins maniable que sa cousine sur Wii. Oubliez déjà le stick analogique, imprécis et trop peu sensible. La croix directionnelle permet, au bout d'un certain temps, de reprendre le dessus. Mais le gameplay est indéniablement moins instinctif et la maniabilité moins réactive que dans l'original sur Wii. A cause de ce désagrément, tous les petits défauts de fabrication ressortent plus vivement. En particulier ces fichus bugs de collision qui expédient trop souvent votre skateur à contresens. Sur certaines descentes particulièrement fournies en obstacles, tremplins et grinds divers, anticiper les problèmes est quasiment impossible.
Tout cela tient à un manque de finalisations et de tests, et il est très regrettable qu'Activision n'ait pas profité de ce portage pour revoir la copie, pourtant très perfectible, de la version Wii. Dans le même ordre d'idée, on aurait aimé profiter de davantage d'environnements et de tracés puisque le jeu peut être terminé en 5 ou 6 heures. Le multijoueur se cantonne pour sa part à de simples duels 1 contre 1. L'absence des manipulations à la Wiimote pour exécuter les tricks enlève également une bonne partie de l'intérêt. Et Downhill Jam s'en retrouve forcément écrasé sous le poids des comparaisons avec n'importe quel SSX. Si le jeu rivalise largement avec celui de EA Big sur le plan technique (écrans bien chargés, jolis décors, animations satisfaisantes...), ses problèmes de finition et son contenu bien trop léger le placent un ou deux crans en dessous. Intéressant sur Wii, il devient ici un jeu moyen parmi tant d'autres, dont l'achat est à envisager si vous avez déjà fait le tour des SSX, ou si vous le trouvez à bon marché.
- Graphismes14/20
Techniquement, c'est tout à fait honnête. Les tracés sont généreux en détails correctement modélisés, l'espace est bien rempli, les animations d'excellente facture, et les effets spéciaux ont de la gueule. Les scènes manquent un peu de lisibilité à cause de la surcharge d'éléments et des tracés trop étroits par moments. Par contre, on peut sérieusement remettre en question la volonté de rajeunir l'imagerie Tony Hawk si c'est pour nous proposer un faucon qui a l'air totalement idiot et une interface in-game franchement grossière.
- Jouabilité10/20
Curieusement, le saut de la Wiimote à la manette PS2 est assez problématique. Le stick analogique est inutilisable, la faute à une sensibilité mal réglée. Avec la croix, c'est déjà mieux, mais on reste handicapé par des mouvements un peu trop lents, et des skateurs trop peu réactifs. Additionné au problème de lisibilité et à des circuits un peu trop chaotiques, ce problème de prise en main rend le titre indéniablement moins amusant à jouer que sur Wii.
- Durée de vie10/20
Une quarantaine de circuits vous attendent. La courbe de difficulté est cohérente mais vous débloquerez l'ensemble assez rapidement. Reste la possibilité de refaire le tout avec un autre skateur (peu intéressant) ou se mettre au multijoueur, engageant mais totalement illisible avec certains circuits. A vous de trier.
- Bande son12/20
La sélection musicale est très large et fait un peu le yo-yo entre le pénible et le mythique. De Ministry à Motorhead, en passant par OSI, il y a tout de même un gouffre assez comique. Les bruitages sont bien produits.
- Scénario/
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La version Wii était une bonne surprise, cette figuration PS2 n'est qu'un concurrent de SSX parmi tant d'autres. Les carences de l'original, et plus particulièrement les bugs de collision, sont accentués par une prise en main qui manque de réactivité, et donc inférieure à celle avec la Wiimote. Egalement un peut trop court, ce Tony Hawk Downhill Jam est un jeu moyen à tous les niveaux.