En 1962, Guy Lux et Pierre Brive présidaient à la création d'un nouveau projet télévisuel nommé Intervilles. L'idée était de faire s'affronter les émissaires de deux villes du sud pour l'honneur, la gloire et surtout pour le bonheur des petits et des grands. Jeux d'adresse, costumes ridicules, chutes en tout genre et plus tard vachettes parvinrent à imposer le programme que l'on retrouve depuis sur nos télés, tous les étés. Aujourd'hui, l'émission se voit adaptée en jeu pour la première fois, et le résultat se trouve être presque aussi déséquilibré qu'un candidat en costume de sumo tentant d'éviter une charge bovine.
Intervilles le jeu officiel, cherche bien évidemment à retranscrire l'atmosphère de l'émission guerrière, digne extension de la Guerre des Boutons. On y retrouvera donc tous les aspects de la dernière version d'Intervilles, diffusée sur France 3 et présentée avec talent par Julien Lepers (qui nous recommande chaudement d'acheter du jeu), Tex, Nathalie Simon, Robert Wurtz et Phillippe Corti. Le soft ne vous permettra d'ailleurs que de rencontrer ces deux derniers, présents dans de minuscules fenêtres et prompts à y aller de leurs commentaires au moindre succès, ou à la moindre gaufre. L'habillage et l'ambiance musicale sont tout à fait conformes à ce que vous pourriez observer sur votre téléviseur. Malheureusement, le bilan technique n'est pas particulièrement flatteur puisque le jeu ne propose véritablement aucune option de configuration, ne permet qu'un affichage en 800x600 et s'apparente plus à une série de mini-jeux en flash qu'à un véritable logiciel de simulation de vachettes.
Mais comme le disait le grand Guy Lux, "En voiture Simone !", et tentons malgré tout de voir ce que ces Intervilles vidéoludiques nous réservent. Deux modes de jeu sont disponibles : Saison et Partie Rapide. Le premier vous invite à donner un nom à votre ville, puis à remporter la victoire au cours de six confrontations successives, chacune composée de 8 épreuves directement inspirées de l'émission. L'autre mode permet bien évidemment d'accéder indépendamment à chaque épreuve, pour peu que vous les ayez déjà débloquées en mode Saison. Le soft comprend 48 challenges au total et propose bien évidemment les traditionnelles courses d'obstacles, les combats contre Rosa ou Lulu, les vachettes, les épreuves du fil rouge (comme concocter des chocolats et construire un radeau) et le fameux mur des champions qui permet souvent de renverser la vapeur et d'arracher la victoire alors que tout semblait perdu. Mais au fond, sur ces 48 missions suicides, 15 seulement semblent vraiment originales, le reste n'étant en fait que des variantes plus ou moins maquillées d'une même activité.
Les épreuves d'Intervilles se jouent toutes à la souris, et on se retrouve de fait avec un stock d'options fort limité : cliquer, voire encore cliquer, cliquer plus vite, cliquer en rythme, voire cliquer en maintenant le bouton enfoncé... Les experts en démineur, ou tout simplement, en navigation sur le net n'auront donc aucun problème à expédier les concurrents manchots des villes adverses et à leur infliger de mémorables tannées. Les épreuves, amusantes quelques secondes, se révèlent toutes trop limitées, simplistes et faciles pour soutenir notre intérêt. Cliquer sur un personnage pour le faire sauter, puis matraquer le bouton de la souris pour le faire sprinter constitueront vos seules activités pendant une grande partie du jeu. On ne pourra pas non plus défier de joueurs humains pour espérer rencontrer un semblant de résistance, le soft n'ayant pas été prévu pour parer à cette éventualité. Bref, vous l'aurez compris, Intervilles se présente donc un soft ignoblement facile et répétitif, excessivement limité et donc tout à fait dispensable, surtout au prix auquel il est proposé actuellement.
- Graphismes5/20
Des décors simplistes façon "Où est Charlie ?", en beaucoup moins détaillés, et une animation digne d'un jeu en flash constituent le paysage d'Intervilles. Le soft conserve pourtant la présentation de l'émission lorsqu'il annonce les épreuves ou nous délivre les caractéristiques techniques de chaque vachette. Pas de quoi grimper aux rideaux cependant.
- Jouabilité6/20
Intervilles brosse un tableau particulièrement complet de tout ce qu'il est possible de faire avec une souris. Le clic répétitif, le clic maintenu, le clic en rythme, tout y passe mais se montre fondamentalement abrutissant et souvent imprécis.
- Durée de vie9/20
Terminer le mode saison ne volera guère plus de 4 ou 5 heures de votre vie, et ce, en prenant tout votre temps. Les 48 épreuves du jeu n'offrent en fait qu'une variété toute relative, puisque la plupart d'entre elles s'avèrent être des déclinaisons d'un genre plus général : la course, l'adresse, l'arène à vachettes et le grand n'importe quoi. On risque donc d'essayer quelques épreuves pour repartir s'étaler sur le divan.
- Bande son12/20
Le thème d'Intervilles est bien présent et vous sera répété jusqu'à ce que mort s'ensuive. D'autres musiques, rigolotes mais génériques sont également là pour vous accompagner. Quant aux commentateurs, ils vous offriront quelques tirades sympathiques (on n'éclatera pas de rire pour autant) et vous donneront l'illusion d'être devant la télé, lors de votre première partie du moins.
- Scénario/
A moins de vouloir absolument affirmer la supériorité de Bigorneau-les-Oies sur Ploucville, il n'y a pas vraiment de raisons rationnelles pour acheter Intervilles. Limité à tous les points de vue, autant technique qu'en termes de gameplay, le soft n'a pas grand-chose pour lui et risque de lasser rapidement, que l'on soit fan de l'émission ou pas.