Oendan aura pris tout son temps pour traverser les océans et finalement parvenir jusqu'aux contrées gauloises alors même qu'il a été occidentalisé depuis déjà bien des mois. Mais au moins, l'attente valait le coup.
Inspiré de Oendan, Elite Beat Agents n'en est finalement que la version occidentalisée, une façon de s'assurer un public plus large que ce qu'aurait permis la musique japonaise originale. Car, faut-il le rappeler à ceux qui n'auraient pas lu la preview, Elite Beat Agents est un jeu de rythme diabolique nettoyé de sa J-Pop d'origine pour être rempli de tubes plus proches de nous. En dehors de la bourrée, on trouve à peu près tous les styles dans la bande-son du jeu d'une rare qualité technique pour un jeu DS. De David Bowie (Let's Dance) à Avril Lavigne et son Sk8ter Boy, on fait un tour d'horizon musical assez complet dont les étapes sont aussi diverses que les Villages Peoples (YMCA), Brian Setzer (Rock This Town) ou même Madona (Material Girl) en passant par Sum 41 (Makes No Difference) ou les Stones (Jumpin' Jack Flash). Plus de 25 titres au total allant du rock'n roll à la love pop gnangnan.
Pour le principe de jeu, c'est simple, à l'écran, des pastilles numérotées s'affichent, entourées d'un cercle se resserrant de plus en plus autour d'elles de façon à vous indiquer quand les toucher avec le stylet, les unes après les autres et en respectant le rythme de la chanson. Le nombre de cercles vous signalera également le nombre de frappes qu'il faudra répéter. A l'occasion, la pastille deviendra une balle circulant sur un rail qu'il faudra alors accompagner le long de son périple. Voilà, ça ne va pas plus loin, et pourtant ça suffit amplement. D'une part parce qu'il n'en faut pas plus pour faire un jeu de rythme, d'autre part parce que le jeu ne tarde pas à devenir sérieusement corsé. Il ne s'agit pas de terminer une phrase et d'attendre patiemment la suivante, non, très vite, vous aurez à peine fait la moitié d'un enchaînement que le suivant sera déjà à l'écran, sans parler des figures qui vous prennent à contretemps ou suivent des augmentations de tempo affolantes. De plus, Elite Beat Agent ruse parfois en suivant soit le phrasé du chant, soit la rythmique de l'accompagnement, de quoi se laisser distraire quand on croit malin de simplement se focaliser sur la musique. Evidemment, pour fun qu'il soit, Elite Beat Agents n'échappe pas à certains problèmes typiques des jeux musicaux, à commencer par le fait qu'on ne peut pas aimer toutes les chansons et que confronté à un titre qu'on ne connaît pas du tout, on se retrouve privé de toutes possibilités d'anticipation, contraint à apprendre le titre et se farcir quelques game over.
Et d'un coup je réalise que j'ai fait l'impasse sur le background du jeu. Alors encore une fois pour ceux qui ont zappé la preview, qu'ils soient maudits sur 6 générations, les Elite Beat Agents sont de gentils hommes en noir intervenant lorsque la situation devient désespérée afin de distribuer du bonheur en musique. Mère accablée qui a promis à son fils qu'il ne pleuvrait pas, réalisateur en manque d'inspiration, couple d'amoureux qui aimerait bien pouvoir faire dormir le petit frère, autant de scénarios complètement idiots racontés sous la forme de plans fixes commentés et mis en musique. Musique sur laquelle les Elite Beat Agents collent leur chorégraphie ridiculement drôle. Ca ne va pas plus loin que ça et c'est sûrement précisément pour cette raison qu'on accroche aussi vite au jeu. Sa sortie estivale ne pouvait pas mieux tomber, Elite Beat Agents sera parfait sur la plage entre deux baignades.
Dans l'incapicité de prendre des screens de la version européenne du jeu, les images proviennent de la version US.
- Graphismes16/20
Le design déjanté fait plaisir à voir, les scénarios sont illustrés sur un ton souvent parodique qui se cache parfois derrière une délicieuse mièvrerie.
- Jouabilité16/20
Il faut environ 15 secondes pour comprendre le principe et plusieurs heures pour décrocher. Il est simplement dommage qu'on soit parfois contraint d'apprendre certains morceaux et que l'affichage finisse par manquer de clarté dans les sessions les plus complexes.
- Durée de vie14/20
Un mode multijoueur prolonge un peu la durée de vie mais attention, si vous n'êtes pas du genre à vouloir compléter un jeu en rejouant à divers niveaux de difficulté, vous risquez de trouver le tout un peu léger.
- Bande son18/20
Le contenu sera apprécié selon les goûts de chacun mais on ne peut que s'incliner face à la qualité des morceaux compressés sur une cartouche DS.
- Scénario/
Gentiment débile, Elite Beat Agents est drôle et addictif dans son gameplay. Tapoter en rythme l'écran tactile au stylet est une solution particulièrement intuitive. Il est simplement dommage que le titre contienne sa part de frustration et de confusion par moments.