La "bête à bon Dieu" n'est plus ce qu'elle était. Avec le battage médiatique effectué par Disney autour de la saga cinématographique et télévisuelle de la Coccinelle, l'insecte n'évoque plus, pour la plupart des gens, qu'un véhicule atypique dépossédé de ses origines naturelles. Mais à force de s'incruster sur consoles dans des adaptations pas très folichonnes, Choupette va finir par perdre une bonne partie de son charisme.
Bien que peu nombreuses, les adaptations des films de la Coccinelle ne font pas vraiment figure de références dans le domaine du jeu vidéo. L'épisode GBA était d'ailleurs l'un des titres les plus calamiteux qu'il nous ait été donné de voir, et c'est donc avec beaucoup d'appréhension qu'on se lance dans la découverte de ce nouvel opus, réalisé à seulement un an d'intervalle. Le développement ayant à nouveau été confié à l'équipe de Climax, on constate qu'il va falloir encore une fois prendre sur soi pour éviter de balancer la cartouche dans une autre dimension. Mais n'allons pas trop vite, car bien que cet opus soit passablement mauvais, il fait tout de même meilleure impression que son aîné et laisse un espoir de salut aux prochains volets qui ne manqueront pas de revenir hanter nos consoles portables.
Abandonnant le côté réaliste du premier jeu, cet épisode DS s'éloigne davantage du long-métrage pour proposer une atmosphère très cartoon. Cela se retrouve principalement au niveau visuel durant les courtes phases de narration, où l'on profite de quelques illustrations dont le style rappelle vaguement celui de Genndy Tartakovsky (Samurai Jack, Star Wars : Clone Wars, Le Laboratoire de Dexter). Ces scènes n'interviennent cependant que durant les séquences intermédiaires du mode Histoire, et le rendu visuel durant les courses est beaucoup plus classique. Classique et laid, pourrait-on dire, étant donné l'atrocité des textures 3D utilisées et la piètre qualité de l'animation des véhicules. Mais tout ceci n'est rien à côté du gameplay, exemple type de tout ce qu'il convient de ne pas faire dans le domaine du jeu de courses pour éviter que le joueur ne finisse par maudire les développeurs, et à juste titre. Les défis se limitent à quatre participants au maximum, et le seul et unique objectif est de parvenir à se qualifier pour déverrouiller l'étape suivante.
C'est seulement lorsqu'on se retrouve aux commandes de Choupette qu'on prend conscience du désastre. Si les commandes sont on ne peut plus classiques, les virages se négocient bizarrement et trahissent des lacunes pénibles sans le système de dérapages qui entraîne souvent des tête-à-queue dont on se passerait bien. Votre pire cauchemar : la gestion calamiteuse des collisions. Le moindre choc vous arrête net au beau milieu de la piste pendant de longues secondes puisque le véhicule que vous avez eu le malheur de frôler ne fera absolument rien pour se dégager. Dans ces conditions, il faut anticiper soi-même sur la meilleure façon de contourner les erreurs de gameplay, par exemple en évitant de viser un concurrent avec un lance-pneus à moins de se trouver suffisamment loin pour avoir le temps de le contourner à bonne distance. Ces problèmes de collisions vous pourriront la vie en anéantissant tout le plaisir de jeu qui aurait pu survenir durant les courses, sans compter que le comportement idiot des adversaires gérés par l'IA n'est pas là pour arranger les choses.
Quelques options sont pourtant là pour pimenter les courses vous permettant par exemple de laisser des flaques d'huile derrière vous ou de provoquer une explosion de fumée pour gêner les véhicules les plus collants. Ces bonus étant tous plus conventionnels les uns que les autres, on retiendra surtout le plus inutile de tous, le porte-voix qui ne fonctionne qu'en hurlant dans le micro. Comme si le fait de jouer à Choupette à la Rescousse n'était pas déjà assez honteux. Mais l'idée révolutionnaire apportée par cet épisode de la Coccinelle réside dans les jetons 53. Plus vous en collectez, plus vous gagnez de la vitesse, mais surtout, plus vous avez de chance de remplir la jauge qui donne accès aux "moments Choupette". Concrètement, une rampe spéciale apparaît sur la piste, et il vous suffit de rouler dessus pour voir la petite voiture se lâcher en accomplissant des prouesses, comme rouler sur le flanc d'une falaise pour prendre un raccourci. En réalité, vous pourrez difficilement voir ce qui se passe à l'image puisque le joueur est obligé de garder les yeux rivés sur l'écran tactile pour effectuer certaines manipulations avec le stylet dans le but d'optimiser l'efficacité de la manoeuvre. L'autre inconvénient est de devoir s'emparer du stylet au beau milieu d'une course, ce qui n'est pas très ergonomique par rapport aux contrôles utilisés le reste du temps. Franchement peu intéressants, les parcours comportent parfois certains obstacles, tels que des éboulements ou des tornades, qui échouent à rendre les courses plus palpitantes. Résultat, on se dépêche de faire le tour du mode solo pour en finir avec ce jeu peu fréquentable pour l'échanger contre un Mario Kart ou un Asphalt : Urban GT 2.
- Graphismes7/20
Misant sur une 3D plus ou moins réaliste, la réalisation peut être comparée à celle d'Asphalt : Urban GT 2, mais le résultat est loin d'être à la hauteur.
- Jouabilité6/20
Le gameplay est entaché de lacunes impardonnables, comme les dérapages surréalistes et la gestion des collisions désastreuse. Mais le niveau de difficulté est tellement faible qu'on gagne quand même sans effort, grâce au comportement idiot des adversaires gérés par l'IA.
- Durée de vie10/20
Le mode Histoire propose trois niveaux de difficulté et comporte différentes épreuves que vous retrouverez ensuite dans les autres modes, comme les étapes en contre-la-montre ou en face à face. Ajoutez à cela des tournois et des parties multijoueurs jusqu'à 4 participants, pour les plus motivés.
- Bande son8/20
Les musiques sont ratées et les bruitages catastrophiques, comme en témoigne le bruit du klaxon horripilant. Notez tout de même que vous pourrez varier le son du klaxon en déverrouillant les bonus, mais cela en vaut-il vraiment la peine ?
- Scénario/
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Moins navrant que son aîné, ce nouveau volet de la Coccinelle démontre qu'il serait peut-être temps que Choupette prenne sa retraite et évite de jouer dans la cour des grands tant qu'elle n'a pas quelque chose de vraiment convaincant à nous proposer. Les amateurs de jeux de courses se tourneront sans regret vers un bon Mario Kart ou un Asphalt : Urban GT 2, selon leur préférence.