Lessivées par des années 2000 peu indulgentes envers tous les anciens héros de FR3, les seules tortues bipèdes au monde, têtues comme des mules, tentent une nouvelle mue sur grand écran. Détenteur de la licence, Ubisoft a coordiné son exploitation vidéoludique sur l'ensemble des supports, 9 au total. Parmi ces adaptations, il y en a une qui craint méchamment. A vous de deviner laquelle. Je vous donne un indice : ce n'est pas la version GBA.
Il devrait exister une charte du jeu pour jeune public. Et dans celle-ci apparaîtrait une règle claire : simplicité n'est pas abrutissement. Certes, les versions 128 bits de TMNT : Les Tortues Ninja ne brillent pas pour leur variété. Mais ces copies light des derniers Prince Of Persia proposent au moins un minimum de challenge. En comparaison, cette figuration PSP nous réapprend l'alphabet du jeu vidéo : appuyer sur le bon bouton au bon moment. Passionnant. Le gameplay propose ainsi de la plate-forme qui n'en est pas vraiment, ça serait plutôt un mélange laborieux du Sonic sur Wii et des phases avec Midna dans Zelda Twilight Princess. Tous les 5 mètres, le joueur rencontre une zone contextuelle bleutée qui représente le tremplin du prochain saut. La plupart du temps, il n'y a strictement rien à faire à part appuyer sur un bouton, toujours le même, comme dans Twilight Princess ou les séquences de bumper d'un Sonic Adventures. Mais les level-designers ont aussi pensé à ouvrir un peu leurs niveaux et les tremplins proposent, une fois sur deux, différents points de réception. Vous choisissez droite, gauche, ou tout droit avec les trois boutons supérieurs de la console. Ca reste cependant limité car les chemins se rejoignent rapidement et aucun n'apporte de réel changement dans la progression.
Pour affiner un peu ces principes très sommaires, quelques variations surgissent ponctuellement. Sur les surfaces glissantes la tortue doit charger son saut avant d'arriver sur le point contextuel. Même principe pour passer les trapèzes ou sauter d'un flanc de mur à un autre. De temps à autres, vous aurez aussi droit à une plate-forme mobile qui ne se placera au-dessus du point de réception qu'à un moment précis. En dernier lieu, il faut évoquer la Course Ninja, qui consiste à rattraper un de vos frères qui vous a mis au défi. C'est le seul piment dans cette soupe bien fade. Car rien n'y fait : non seulement ces phases sont d'une simplicité insultante, mais elles n'apportent aucune sensation, si ce n'est une vague notion de rythme. Vous gagnez un peu de vitesse si vous enchaînez correctement 5 tremplins d'affilée. Malheureusement le bonus est ridiculement court et se révèle de toute manière inutile, sauf pendant les Courses Ninja. A noter également la possibilité de faire des combos en l'air. Là encore, ça ne sert que la frime gratuite.
Dans les phases de combats, la situation ne s'améliore guère. Des tortues très rigides, des adversaires nullissimes, des vagues successives ennuyeuses, voilà, on a fait le tour. C'est le syndrome du beat'em all qui propose plusieurs solutions offensives mais ne sait jamais les mettre en valeur. A ce compte-là, on finit par frapper son adversaire de la même manière, du début à la fin du jeu. Même les boss ne proposent aucune adversité. Même la possibilité d'appeler une autre tortue (si vous avez réussi les séquences de Courses Ninja) reste inutile. Les maigres différences entre les styles de combats propres à chaque Tortue, Nightwalker inclus, ne suffisent pas non plus pour varier ces affrontements. Avec le coup simple et la tornade pour éloigner les encerclements, toute difficulté est tuée dans l'oeuf. Compte tenu de la simplicité des séquences de plate-forme, les niveaux défilent comme des diapositives Power Point devenues folles. Un joueur moyen atteint le quinzième stage en une heure, et la fin du jeu en trois. Peut-être conscient que c'était un peu court, les jeunes hommes d'Ubi ont inclus un mode multijoueur sous forme de course en duo. Il faut bien avouer que le gameplay même des séquences de plate-forme s'adapte assez bien à ce genre de duel. Mais sur la même console, et pour le même type de joute, Sonic Rush reste tellement plus convaincant... Peut-être est-ce la faute au visuel, assez détaillé mais trop morne. Ou alors la responsabilité incombe à la partie sonore, bruyante et disgracieuse. Ou peut-être tout simplement que TMNT : Les Tortues Ninja sur Playstation Portable n'a vraiment pas sa place parmi les jeux intéressants. Pas sous cette forme-là en tout cas.
- Graphismes8/20
Le titre est non seulement indigne de la PSP (textures, modélisation, effets spéciaux : tout est sommaire) mais en plus visuellement assez repoussant. On ne peut pas en vouloir à Ubisoft d'avoir suivi à la lettre la charte graphique du film, mais il faut bien avouer que l'environnement des Tortues Ninja n'a rien d'excitant, sauf pour celui qui aime les ruelles sombres et les chantiers de construction au clair de lune.
- Jouabilité8/20
Dans les séquences de plate-forme, les zones contextuelles de sauts mâchent trop le travail du joueur, qui finit par subir plutôt qu'agir. La difficulté est également inexistante. Les quelques possibilités annexes ne règlent rien, Sega faisait déjà aussi bien avec Sonic Adventure 2 en 2001. Quant aux combats, ils sont très loin de la félinité des versions 128 bits ou de la richesse entrevue sur GBA. Le jeu n'exploite aucun avantage de la console.
- Durée de vie4/20
De loin la version la plus simple et la plus courte, TMNT sur DS ne dépassera pas les 5 heures de jeu, même pour ceux qui ont encore quelques dents de lait. Le mode multijoueur retient, sans déplaisir, l'histoire de trois ou quatre courses. Une bien piètre durée de vie, donc. C'est l'histoire du lapin et de la tortue, sauf que là, le plus pressé n'est pas celui qu'on croit.
- Bande son9/20
Que la musique puisse être tapageuse, c'est bien compréhensible. Mais quand ça ne s'arrête pas de vociférer en permanence, c'est beaucoup plus gênant. Les bruitages et les dialogues sont assez mal restitués, comme souvent sur DS. Enfin, c'est un aspect vraiment mineur.
- Scénario12/20
Le jeu prend le temps de nous présenter chacune des tortues au moyen de missions qui reviennent sur leurs derniers exploits individuels. On suit également la trame du mystérieux Nightwalker par quelques séquences où on l'incarne : un moyen comme un autre de retenir l'attention.
Mauvaise pioche pour les possesseurs de Playstation Portable : cette version est la plus mauvaise de toutes. Bêtifiant, ultra-court et rasant, le jeu se permet même un rendu à peine digne de la Psone. Rien à sauver donc, excepté peut-être les duels en multi. Si vous êtes vraiment fan, allez donc voir du côté des versions 128 bits ou GBA.