Malgré une quantité phénoménale de titres de gestion en tout genre, on n'avait pas véritablement vu de soft nous proposant de prendre la direction d'un hôpital depuis l'excellent Theme Hospital de Bullfrog, sorti il y a près de dix ans. Aujourd'hui, Hospital Tycoon reprend le flambeau et tente de nous faire découvrir avec humour le quotidien trépidant des médecins.
Vous vous sentez l'âme d'un philanthrope ? Vous n'aspirez qu'à soulager les souffrances de votre prochain et ne jurez que par les facéties télévisuelles de George Clooney dans la série Urgences ? Alors Hospital Tycoon pourrait bien avoir de quoi vous satisfaire, à ceci près que vos élans de générosité, aussi louables soient-ils, ne suffiront pas à faire tourner les rouages compliqués d'un hôpital digne de ce nom. Car voyez-vous, un tel établissement est avant tout une entreprise, avec des objectifs économiques, des salariés, des coûts de fonctionnement et bien sûr des règles à respecter. Rendre un hôpital viable implique de posséder de solides connaissances en matière de management, des connaissances que les trois premières missions du mode Histoire se chargeront de vous distiller au compte-gouttes, comme une perfusion. Ce sont en fait deux personnages souffrant de quelques soucis d'élocution, à la manière des Sims, qui s'évertueront ainsi à vous expliquer le fonctionnement de votre fief aseptisé. En fait, il apparaîtra rapidement que la bonne tenue de votre établissement repose sur 4 aspects bien précis : la compétence du personnel, son confort, la qualité des soins apportés aux patients et enfin l'esthétique générale des locaux. Au fond, si les 12 missions du jeu instaurent des objectifs particuliers, comme l'acquisition de tel ou tel matériel ou encore la remise à niveau d'un hôpital en perdition, l'idée générale revient toujours à atteindre un niveau convenable dans chacun de ces domaines.
Mais comment parvenir à un tel résultat ? La priorité dans un hôpital est, vous en conviendrez, de soigner les clients... Euh... Mes excuses, les patients, afin qu'ils vous cèdent leurs séduisants billets verts. Le système suit toujours le même schéma : le patient doit tout d'abord être accueilli par une réceptionniste qui l'orientera vers un service précis. Le malade doit ensuite être pris en charge par une infirmière qui l'accompagnera se faire examiner par un docteur. A partir de ce moment-là, le docteur peut être en mesure d'établir un diagnostic, ou au contraire d'avouer sa totale méconnaissance des symptômes rencontrés. Si la maladie est connue, à vous de voir si vous possédez les machines nécessaires pour la traiter, ainsi que les spécialistes capables de les faire fonctionner. En revanche, si la maladie n'est pas identifiée, le patient devra alors faire un tour par le laboratoire de recherches. Et rapidement, vous devriez pouvoir obtenir une fiche technique de la maladie vous indiquant tout ce dont vous avez besoin pour en venir à bout. Tout comme dans Theme Hospital, vous allez découvrir des maladies aussi ridicules que divertissantes, telle l'Ampoulopathie, le Syndrome du Golfeur, la Zombalgie Du Stress, le Dégazage Aigu ou l'Eternuboumite, qui si elle n'est pas traitée, conduira à l'explosion pure et simple du patient. Chacune nécessite donc une infrastructure particulière qu'il faudra rapidement mettre en place sous peine de voir les patients succomber dans les couloirs, en emportant bien sûr leurs précieuses économies dans la tombe.
A vous donc d'agencer les différents services et de privilégier les patients les plus mal-en-point, à vous d'acheter des décorations en tout genre pour rendre l'hôpital aussi accueillant que possible, à vous d'installer des distributeurs de boissons dans les couloirs et de ne pas oublier de mettre des toilettes à la disposition de tout le monde, tout en veillant à leur entretien. A vous d'embaucher le personnel nécessaire pour que tout cela marche le mieux possible, mais prenez garde ! Car il faudra également veiller à la bonne entente de tout ce petit monde. Du technicien de surface à l'expert en décontamination, tous entretiennent des rapports dont la qualité influe logiquement sur le travail fourni. Pas question de faire bosser un jeune docteur fougueux et débordant d'énergie en compagnie d'une infirmière aigrie et peu encline à discuter. Hospital Tycoon intègre donc un système de gestion des relations sociales sympathique, mais qui se montrera rapidement problématique puisque vous n'aurez que très peu de moyens pour influer directement sur le comportement de vos ouailles. Tout juste pourrez-vous inciter une infirmière à aller discuter avec une collègue, ou même flirter avec le kiné.
Malgré cette apparente complexité, Hospital Tycoon se montre tout de même comme un titre étonnamment accessible et finalement assez superficiel. Les menus, simplistes mais relativement clairs, n'offrent pas beaucoup d'options et n'auront plus de secrets pour vous passée l'heure de jeu. Une heure supplémentaire et vous aurez sans doute saisi la plupart des mécanismes du soft. De fait, les 12 missions du jeu, plutôt faciles, ne devraient pas vous résister très longtemps et ce malgré l'impossibilité d'obtenir une vision véritablement globale de ce qui se passe dans votre établissement. Régulièrement, on se retrouvera même sans aucune tâche particulière à accomplir, et on se contentera simplement d'observer les membres du personnel vaquer à leurs occupations pendant que les dollars s'accumulent sur votre compte en banque. Mais reconnaissons-le, regarder nos petits Sims chirurgicaux extirper des balles de golf des oreilles d'un malade avec une ventouse n'est pas sans une certaine saveur. Les membres du staff discutent, traînent leur flemme dans les couloirs, soignent leurs patients avec des démagnétiseurs nucléaires ou se divertissent grâce au matériel que vous avez eu la bonté de leur fournir. Vous aurez même le loisir d'observer votre petite ruche par les yeux même du personnage sélectionné. Mais là encore, on court tout de même le risque de se lasser rapidement. Une fois la campagne terminée, vous aurez certes la possibilité de monter votre propre hôpital à partir de rien dans le mode Bac A Sable, mais le challenge ne sera pas plus relevé que précédemment. Hospital Tycoon ne propose pas non plus de mode multijoueur et ses futurs acquéreurs en feront donc rapidement le tour. Reste un titre de gestion fort sympathique, qui aura le mérite de vous éviter de trop sérieuses prises de tête.
- Graphismes13/20
Les graphismes d'Hospital Tycoon ne sont pas particulièrement fins, mais les nombreuses animations des personnages, pleines de malice et d'humour, contribuent à donner vie à cet univers hospitalier.
- Jouabilité13/20
L'exemple même d'un titre agréable et accessible qui séduira sans peine les joueurs désireux de s'essayer au genre en évitant de se faire submerger par une trop grande complexité. On ne sera donc pas trop surpris de découvrir une interface relativement simple aux options somme toute limitées.
- Durée de vie11/20
Principal écueil de cet Hospital Tycoon, la durée de vie, qui n'excédera pas les 6 ou 7 heures pour le mode histoire, et qui se contente d'un mode Bac A Sable agréable, mais sans aucune possibilité de configuration. On risque donc de se lasser un peu trop vite.
- Bande son11/20
Les bruitages sont corrects, mais la musique se montrera rapidement énervante. Un constat que l'on appliquera également aux paroles volontairement inintelligibles des personnages. Argh !
- Scénario12/20
Le mode Histoire permet de suivre l'évolution de plusieurs hôpitaux successifs et ce par le biais des interventions des membres de votre staff, un peu à la manière d'Urgences. Le résultat est loin d'être transcendant, mais s'avère tout de même rigolo.
Hospital Tycoon se révèle être un petit titre de gestion agréable qui conviendra sans doute aux joueurs encore peu familiers du genre. Les autres risquent en effet de lui reprocher son manque de profondeur et son contenu très limité. Quoi qu'il en soit, le titre de Deep Red Games parvient tout de même à distiller une bonne dose d'humour par le biais de ses personnages délirants et de ses maladies loufoques, tout comme Theme Hospital autrefois.