Dans la lignée des films catastrophes tels Le Jour d'Après, Twister ou Le Pic de Dante, Raw Danger est un soft qui s'intéresse à la survie de l'homme dans des conditions extrêmes face aux débordements de la nature. Le titre que 505 Games nous invite à découvrir est en fait le second volet de la série Zettai Zetsumei Toshi développée par Irem, et dont le premier opus avait été distribué en France par BigBen sous le titre SOS : The Final Escape.
Une sortie pas si anecdotique que ça puisque le principe étonnant de SOS : The Final Escape lui avait déjà permis à l'époque de capter l'attention des joueurs en quête de nouveaux concepts. Irem a donc repris sa formule en l'appliquant, non plus aux tremblements de terre, mais aux inondations, ce qui, dans les faits, ne change pas énormément la donne. Raw Danger s'apparente ainsi à une sorte de survival sans le côté horror, la nature étant votre seule véritable ennemie dans le jeu. Bien que volontairement proche de notre société à nous, le contexte du titre se déroule dans un environnement fictif et débute au mois de décembre de l'année 2010. Nous sommes à Del Ray, une cité prospère mais insulaire, cernée par les montagnes, les rivières et l'océan. L'histoire commence au centre des congrès, alors que le maire de la ville achève son discours pour célébrer la grandeur et la sûreté de Del Ray, en vue de mettre en place un projet d'envergure appelé Geo City. Tels les passagers du Titanic à l'instant précédant le drame, les invités ne réalisent pas encore le cauchemar qu'ils s'apprêtent à vivre lorsque le personnel annonce qu'il faut évacuer le bâtiment. Victime d'une soudaine montée des eaux induite par la crue du fleuve voisin, la ville de Del Ray devient d'un seul coup la proie d'une catastrophe naturelle qui risque de ne laisser aucun survivant. N'oublions pas non plus que nous sommes à la fin du mois de décembre, et que si la neige est en retard pour Noël, la météo n'est pas clémente pour autant. Les pluies diluviennes qui s'annoncent sont de celles qui vous engloutissent toute trace de civilisation en l'espace d'une poignée de secondes, et la survie s'annonce donc pour le moins difficile.
Les adeptes de SOS : The Final Escape se souviennent sans doute que l'eau représentait l'élément le plus précieux dans ce premier opus où l'on pouvait mourir de soif à n'importe quel moment du jeu. Ironie du sort, l'eau ne manque pas dans ce second volet et devient même votre pire cauchemar. La principale donnée de survie qui est prise en compte dans Raw Danger est la chaleur corporelle, puisque le fait d'être constamment mouillé va se répercuter sérieusement sur la température de votre corps, vous devrez donc tout faire pour éviter de finir comme une éponge gorgée d'eau, surtout par le temps qu'il fait. Si vous vous baladez trop souvent les pieds dans l'eau ou sans aucune protection contre la pluie, les symptômes ne tarderont pas à se faire sentir, à commencer par les frissons, l'incapacité à vous déplacer rapidement, les vertiges et finalement la mort. Pour éviter ça, vous devrez donc mettre la main sur des chapeaux, impers et autres parapluies pour vous équiper de manière adéquate, en sautant sur n'importe quel accessoire pouvant se révéler utile, et tant pis si vous passez pour un clown avec votre chapeau haut-de-forme et vos bottes de Père Noël. L'idéal reste quand même les points de survie, ces havres de paix où vous pourrez vous réchauffer à la chaleur d'un bon feu, mais aussi sauvegarder et cuisiner des plats ne pouvant être dévorés crus. Mais le froid n'est pas votre seul ennemi, loin de là, puisque les inondations comportent des risques autrement plus violents, comme les effondrements de bâtiments qui peuvent vous broyer les os, les affaissements de terrain qui entraînent des chutes mortelles, sans parler du risque permanent d'être emporté par le courant. Comme dans SOS : The Final Escape, les développeurs avaient sous la main un excellent concept, mais faute de moyens, ils n'ont pas réussi à obtenir un résultat ayant l'impact suffisant pour conférer un minimum de crédibilité au jeu. Le rythme et la mise en scène sont à revoir entièrement, les personnages bougent comme des vieillards et la lourdeur du gameplay et de l'interface ne renforce pas vraiment l'immersion. Qui plus est, la réalisation est équivalente à celle du premier volet qui paraissait déjà dépassée lors de sa sortie en 2002, c'est vous dire à quel point on ne se sent aucunement menacé par ce déluge, ni même impliqué par le triste sort réservé aux héros.
L'aventure se divise en 5 scénarios distincts durant lesquels vous contrôlerez 5 personnages successifs. Si ceux-ci n'ont pas vraiment la possibilité de se croiser, ils arpentent parfois les mêmes lieux, ce qui autorise le transfert d'objets via des poubelles que vous utiliserez comme coffres de stockage. On retrouve bien là le côté survival, avec la gestion des items que vous pourrez parfois combiner entre eux, mais que vous devrez bien souvent laisser en arrière compte tenu de la taille réduite de votre sac à dos. L'alternance des scénarios et le fait que chaque personnage dispose de talents propres ne sont pas sans rappeler Forbidden Siren, un titre dont les créateurs de Raw Danger se sont probablement inspirés pour ce qui est du gameplay et de la construction de l'aventure. Dommage que les talents des différents personnages soient aussi ridicules, car on se demande bien pourquoi tous ne sont pas capables d'étreindre quelqu'un pour le réchauffer ou d'écouter la radio en voiture. La survie vous amènera régulièrement à faire un bout de chemin avec un ou plusieurs sinistrés, ce qui vous donnera l'occasion de leur venir en aide ou au contraire de faire preuve d'un égoïsme primaire. Plusieurs choix de ce type interviendront également durant les dialogues, mais on aurait aimé que tout ceci ait davantage de répercussions sur les relations entre les personnages. Plusieurs incohérences nuisent aussi beaucoup au côté réaliste du soft, preuve que le joueur ne bénéficie quasiment d'aucune liberté de s'écarter du cheminement prévu par les développeurs. Par exemple, il est impossible de garer son véhicule en dehors des places de parking en dépit de la gravité du contexte, ou de donner un vulgaire jus de tomate à un NPC qui grelotte de froid alors qu'il acceptera un kit de survie. La gestion de l'inventaire pose de multiples désagréments qui impliquent des allers-retours pénibles, sans parler des fois où il faudra recommencer la partie pour surmonter un passage acrobatique délicat. On peut donc être exaspéré de voir que Raw Danger ne résout aucun des problèmes qui gâchaient la découverte de SOS : The Final Escape, y compris les gros soucis de caméra. Une fois encore, les responsables de la localisation se sont contentés de transposer la version américaine à connotation raciste, puisque tous les personnages japonais ont été relookés façon beaux blonds californiens pour ne pas rebuter les joueurs occidentaux. Les textes ne sont d'ailleurs même pas traduits en français. Tout ceci ne donne franchement pas envie d'être indulgent envers ce titre qui se contente de calquer son aîné sans améliorer la formule, et même si le concept reste toujours pertinent, il ne fera pas mouche tant qu'on ne donnera pas aux créateurs les moyens de concrétiser sérieusement leurs idées.
- Graphismes11/20
On ne peut pas vraiment reprocher aux développeurs de ne pas avoir pu obtenir un résultat plus percutant, ceux-ci n'ayant visiblement pas eu les moyens de faire mieux au niveau technique. Le résultat est à peine meilleur que pour SOS : The Final Escape dont la réalisation paraissait déjà dépassée en 2002. C'est regrettable pour un titre qui mise justement sur l'ampleur des catastrophes et leur caractère spectaculaire.
- Jouabilité11/20
On retrouve les mêmes lacunes de gameplay que dans le précédent volet. Le rythme et la mise en scène sont à revoir, la caméra est un boulet qu'on traîne derrière soi et la panoplie d'actions des personnages donne l'impression de contrôler des handicapés.
- Durée de vie14/20
Avec 5 scénarios à découvrir, le jeu réserve une durée de vie correcte pour un survival, la progression étant renouvelée par la présence de plusieurs personnages jouables alternativement.
- Bande son10/20
Des musiques de Noël ponctuent régulièrement le vacarme engendré par les catastrophes. Les personnages ne savent produire qu'un seul son, et peu de dialogues sont doublés, preuve encore du manque de moyens mis à la disposition de l'équipe de développement.
- Scénario12/20
Si vous n'aimez pas les films catastrophes, vous ne risquez pas de vous sentir impliqué dans cette histoire de survie contre les éléments déchaînés. Dommage que les choix de comportement n'influent pas davantage sur le déroulement de l'aventure et les relations entre les personnages. Les textes ne sont d'ailleurs pas traduits.
Irem nous revient avec un Raw Danger qui s'inscrit dans la droite lignée de son aîné, sorti en 2002. Mais contrairement à SOS : The Final Escape où vous deviez survivre à un tremblement de terre, ce nouvel opus vous confronte à des inondations, avec une gestion primordiale de la température corporelle. Dommage que si peu de choses aient changé en 5 ans, les défauts étant toujours trop opaques pour faire semblant de ne pas voir qu'ils sabotent complètement le concept pourtant très pertinent du jeu.