Si vous êtes fan d'animation, vous n'avez certainement pas pu passer à côté du dernier projet de Michel Ocelot, Azur et Asmar, largement encensé par les médias. L'homme à l'origine des aventures de Kirikou aime à s'inspirer de contes et légendes étrangers pour livrer des histoires simples mais néanmoins empruntes de poésie et de malice. Azur et Asmar est une ode à la différence, à la fraternité et à la tolérance. Malheureusement, c'est de cette dernière qu'il vous faudra en quantité astronomique pour jouer à cette adaptation.
Situé dans le Moyen-Orient médiéval, le soft vous propose d'incarner alternativement Azur et Asmar. Les deux personnages sont frères de lait, élevés par une femme dévouée qui les abreuve des années durant de récits mystiques sur la fée des Djinns. Devenu grand, Azur fils naturel du châtelain local, la tignasse blonde, la peau blanche et les yeux bleus décide de partir à la recherche de la fée. Asmar, fils de la nourrice, la peau sombre et les yeux noirs n'est pas en reste et se lance lui aussi à la poursuite des rêves qui ont bercé son enfance. Les deux jeunes hommes vont donc rivaliser d'audace et d'ingéniosité et tenter de mener à bien leur quête fraternelle. Avec son scénario poétique au possible, le film se pare d'une esthétique simple et colorée du plus bel effet. C'est cet aspect magique que l'adaptation vidéoludique tente de reproduire sur votre PC, mais le jeu est à des années-lumière de la pellicule d'Ocelot.
La galette d'Azur et Asmar emprunte beaucoup à Prince Of Persia. Attention toutefois car ce n'est pas à l'excellent dernier épisode, Les Sables Du Temps, que je fais allusion, mais bien au tout premier jeu de la série sorti il y a près de 18 ans. Si le prince avait fait sensation à l'époque, Azur et Asmar risquent d'avoir beaucoup plus de mal à marquer les esprits. Beaucoup de défauts, tant au niveau du gameplay que de la réalisation, empêcheront le joueur de profiter de la balade. La faute à un temps de développement qu'on imagine très court, ainsi qu'à un manque de moyens manifeste. Quoi qu'il en soit, vous aurez donc affaire à un jeu de plates-formes des plus basiques dont l'objectif sera simplement de traverser les niveaux en un seul morceau, chose qu'il sera plutôt aisé de faire puisque les points de sauvegarde automatique sont légion. L'ennui, c'est que le titre souffre avant tout de sa réalisation datée. La 2D est simpliste, les textures sont grossières et se chevauchent, les bugs sont nombreux, même si moins présents que dans la version PC. L'animation est elle aussi minimaliste, notamment lors des combats. En bref, Azur et Asmar a sans doute beaucoup souffert des impératifs de temps et des limitations techniques imposés à l'équipe de développement.
A ces défauts esthétiques, que les plus petits pardonneraient probablement, s'ajoutent quelques problèmes de jouabilité et de level-design. Les niveaux sont donc encombrés de pièges et mécanismes qui manquent d'originalité : pics acérés qui surgissent du sol, blocs de rochers qui se décrochent de la voûte d'une caverne, plates-formes qui s'effritent sous vos pas, etc. Les deux personnages ne se distinguent que par leur couleur et atours différents, et se prennent en main exactement de la même manière. Si les phases avec Azur sont plus aériennes et basées sur les sauts de cabri, celles d'Asmar sont axées sur les combats. Tous deux se déplacent facilement mais il est bien souvent difficile de sauter au bon moment, car l'animation des deux héros ne permet pas toujours d'anticiper correctement. On dénombre également des petits soucis de caméra, puisque le soft changera régulièrement l'angle de vue au mauvais moment. Parlons enfin des ennemis, pas très malins ni très variés. Il suffit bien souvent de s'en approcher et de faire une attaque qui manque cruellement de punch (et qui étrangement, ne porte pas à chaque fois) pour les éliminer, et dans la plupart des cas, ils ne sauront même pas ce qui vient de leur tomber sur le nez. Pire, essayez donc de sauter sur le dos des adversaires, ils ne réagiront même pas et resteront immobiles, inconscients d'être le véhicule provisoire d'un passager clandestin ou du surpoids soudain dont ils sont victimes. Azur et Asmar aura donc beaucoup de mal à convaincre les acheteurs du fait de ses nombreuses lacunes.
- Graphismes7/20
Même si on retrouve le style graphique du long métrage, beaucoup d'éléments viennent ternir le(s) tableau(x). Au fond, c'est surtout l'animation qui laisse un peu désirer, puisque celle-ci finit par empiéter sur la jouabilité.
- Jouabilité6/20
Les mécanismes de jeu ont fait leurs preuves, mais la qualité de l'animation rend les mouvements trop aléatoires. Les changements intempestifs d'angle de caméra n'aident pas non plus.
- Durée de vie8/20
Seulement six heures de jeu pour terminer les 22 niveaux du soft.
- Bande son7/20
Les bruitages sont minimalistes et manquent de force. Les quelques musiques présentes évoquent bien entendu le long métrage.
- Scénario/
Azur Et Asmar vient donc grossir les rangs des adaptations de films ratées. Le titre n'a sans doute pas pu bénéficier d'un traitement royal, comme notre cher Azur, et cela se sent. De nombreux problèmes de finition empêcheront le joueur de profiter de la balade. Dommage, car on retrouve avec plaisir le style graphique d'Ocelot, de même que quelques scènes directement extraites du long métrage.