En dépit des quelques jeux de courses qui ont fait leur trou sur Xbox 360, il est une catégorie trop souvent laissée de côté, celle des simulations prônant autre chose que des effets graphiques omniprésents. Un vide comblé par Microsoft qui a pris le temps de développer avec soins une suite à Forza premier du nom en s'appuyant sur ses qualités sans trop se soucier de ce qui n'allait pas. Un choix délibéré qui fait de cette exclusivité la première occasion pour les joueurs console d'oublier l'ombre de Gran Turismo 4 qui plane encore et toujours...
A l'heure actuelle, il est délicat de comparer Forza Motorsport 2 à un autre titre sur le marché. Aucun jeu sur consoles nouvelle génération ne possède le même profil. Seuls son aîné et GT4, sortis en 2005 respectivement sur Xbox et PS2 avancent des courbes similaires, que ce soit techniquement (toutes proportions gardées évidemment) ou dans le principe de base, celui d'une quasi-simulation fondée sur une progression proche d'un MMO. Du coup, l'équipe de développement de Turn 10 arrive en terrain conquis avec pour principale préoccupation de faire évoluer un titre à tous les niveaux, de sorte à ce qu'un palier soit franchi, en terme de réalisme, d'exhaustivité, de plaisir de conduite, seul comme en multi. Et à ce niveau-là, tous les types de joueurs seront servis. Niveaux de difficulté avec multiples aides au pilotage activées ou non, modes arcade et simulation, compatibilité exemplaire avec le volant sans fil officiel de la machine, six configurations de manette, réglages précis de la sensibilité des commandes, prise en main progressive... De quoi se laisser tenter, quelles que soient vos attentes et préférences.
Premiers contacts avec la bête : menus classieux, fonds sonores de grande qualité, apparente simplicité de navigation. Trois modes de jeu principaux proposés : Arcade, Carrière et Multijoueur. Le premier est un modèle des plus classiques du genre, comprenant 15 courses d'exhibition qu'il faut débloquer une à une, un espace défis maquillé en contre-la-montre où l'objectif est de réussir à battre les temps de 25 circuits avec des véhicules imposés et enfin un onglet course libre regroupant les 47 tracés du jeu (en comptant les inversés et les déclinaisons). Une bonne manière d'appréhender la conduite du jeu sans prendre le risque de souffrir d'une incapacité à conserver son véhicule en l'état original puisque la mécanique se veut résistante à toute épreuve en Arcade. C'est aussi et surtout un moyen de découvrir les différents types de pilotage en s'essayant aux dix catégories de voitures proposées (des voitures de série aux prototypes de course en passant par des véhicules modifiés). C'est là que vous pourrez conduire l'intégralité des 303 modèles du jeu issus de 45 marques différentes après les avoir débloqués, de la Mercedes 300SL de 1954 à la Shelby GT500 de 2007.
Le second mode est naturellement bien plus conséquent puisqu'il représente à lui seul entre 20 et 30 heures de jeu. Il vous faudra terminer plus de 300 courses réparties en 90 épreuves différentes pour en voir le bout. Vous débutez avec 10 000 crédits pour acheter une première monture parmi une dizaine proposée. Cette liste dépend elle-même du choix de la région de départ (Europe, Amérique du Nord ou Asie) qui détermine la disponibilité et le coût des voitures que vous pourrez acheter au cours de la Carrière. Ainsi, il sera plus simple de se procurer une 911 ou une Exige en Europe, une Corvette ou une Viper en Amérique du Nord, une NSX ou une Skyline en Asie... Quoi qu'il en soit, le système de progression ne change pas et les victoires en courses et épreuves offrent leur lot de récompenses : financières tout d'abord en garnissant votre compte en banque, matérielles ensuite grâce à l'obtention de nouveaux véhicules et avantageuses enfin avec l'accumulation de bons de réduction plus ou moins conséquents pour l'achat futur de voitures ou pièces supplémentaires. Une idée originale qui récompense la patience dans le trafic des mécaniques.
Le troisième, le multijoueur, peut se pratiquer en écran partagé, en liaison multiconsoles ou sur le Xbox Live. Ce dernier rallonge considérablement la durée de vie en proposant des courses d'exhibition, des courses de carrière avec une logique de niveau de progression comme en mode Carrière classique et des tournois. Notons qu'une salle des ventes est mise à disposition des joueurs pour que ceux-ci puissent vendre et acheter des modèles que d'autres recherchent ou ne veulent plus. Il est même prévu de pouvoir faire carrément don d'une voiture, à un ami qui débute par exemple. Enfin, le mode Forza Motorsport TV donne accès à des diffusions de courses en cours, ce qui est dans le prolongement du ralenti offert en Offline. Dommage en revanche que l'on ne puisse échanger des clichés pris en mode photo. Le site Internet du jeu répare toutefois ce petit manque.
Notez que dans ce Forza, le système de récompenses financières est plus subtile qu'il n'y paraît. La somme qui vous est versée dépend non seulement de votre position finale mais aussi de la rareté de la voiture dans la région sélectionnée, des dégâts qui sont automatiquement réparés et des aides au pilotage activées préalablement. Ainsi, une voiture peu courante, intacte à l'arrivée et conduite avec aucune aide vous rapportera un bon gros paquet de crédits. A vous de voir si votre niveau permet de vous passer de la trajectoire suggérée à l'écran, de l'ABS, du contrôle de traction, du contrôle de stabilité et d'une boîte auto. Les gains peuvent être également accrus en augmentant la difficulté de l'IA, en diminuant la résistance physique et mécanique de la voiture et en choisissant une usure réelle des pneus et du carburant. Voilà qui nous amène donc à aborder les différentes possibilités qui s'offrent à nous pour dépenser ce capital, tout en conservant l'idée que les cadeaux des constructeurs suffisent à progresser sans sortir un sou de sa poche durant les premières heures de jeu.
Nous l'avons dit, le nombre de modèles est considérable, vous pourrez donc trouver votre bonheur parmi la pléthore de concessionnaires du jeu, afin de répondre aux exigences de participation aux catégories d'épreuves. Des restrictions qui pourront concerner la région de production, le constructeur, le modèle, le moteur, le type, la transmission, l'année, le poids, la classe, etc... Il pourra par exemple vous être imposé de vous présenter avec une voiture sous configuration usine, sans aucune modification pour participer à certaines épreuves. Il est donc important dans un premier temps d'investir dans des modèles utiles plutôt que de craquer pour des coups de coeur qui feront doublon avec d'autres bolides de votre garage. En parallèle, l'autre gros investissement se fera dans des kits de pièces regroupés en catégories (moteur et puissance, plate-forme et tenue de route, pneus et jantes, aérodynamisme et carrosserie). Pour les néophytes, comptez sur un détail complet des améliorations apportées par la pose de telle ou telle pièce avec l'incidence directe que cela aura sur la puissance du véhicule, sa vitesse, son accélération, son freinage, sa tenue de route, sa puissance, son couple et son poids. Le tout en chiffres, graphiques et couleurs. Si ce n'est pas royal !
Au contraire d'un Gran Turismo où les modifications visuelles s'arrêtaient à des jantes, Forza 2 propose un vrai espace tuning qui, s'il n'est évidemment pas aussi développé que celui d'un Need For Speed, permet de donner un peu de caractère et d'originalité à vos modèles préférés. Ainsi, pare-chocs avant et arrière, ailerons, jupes latérales peuvent être installés. Concernant la peinture, si vous souhaitez combiner les couleurs, le capot, les rétroviseurs et les ailerons peuvent jouir d'une couleur différente de celle de la carrosserie. Petit détail sympathique, la couleur des disques de freins est aussi personnalisable. A cela s'ajoutent des centaines de vinyles et une centaine de décalcos constructeurs. Evidemment, le choix de la taille, de la forme et de la position de toutes ces couches dépend entièrement du choix du joueur. Nous terminerons ce petit tour des modifications en notant la possibilité de teindre les vitres de la couleur de notre choix. Ce côté tuning paraît un peu gadget mais on se rend compte qu'après quelques heures de pratique, les résultats peuvent être franchement concluants.
Quid du gameplay ? Aux petits oignons tout simplement. Une conduite qui permet de ressentir le poids de la voiture et reproduit fidèlement les transferts de masses. Un réalisme qui se ressent à tous les niveaux et notamment lorsque l'on passe d'une voiture de série à un modèle plus sportif pour finir avec des prototypes tels qu'une Audi R8. Tout est question de timing, que l'on utilise une manette avec les croix directionnelles ou les sticks analogiques ou encore le volant officiel. En fonction du type de la voiture, les freinages se feront plus ou moins en ligne et les accélérations plus ou moins rapidement en sortie de virage, avec une fois de plus cette notion de tâtonnement pour trouver les moments les plus opportuns à chaque pression sur une touche. L'IA est de son côté plutôt classique mais peut s'avérer très agressive et ne laisse jamais échapper une opportunité de vous dépasser si vous manquez votre freinage ou laissez la porte ouverte à l'intérieur. On pourra simplement regretter l'absence d'une vue cockpit. Il faudra faire avec quatre caméras, deux en poursuite, une sur le capot et la dernière quasiment à ras le sol.
Pour finir, un petit mot sur les réglages qui se veulent poussés et paramétrables dans les menus ou juste avant une course. Pression de pneus, étagement de boîte, carrossage, parallélisme, barres antiroulis, suspensions, amortissement, aérodynamisme, freinage et différentiel sont modifiables à souhait en fonction du tracé à parcourir. C'est à ce niveau que les non connaisseurs se sentiront un peu perdus mais la majeure partie du temps, les réglages par défaut sont suffisamment adaptés à la course pour vous permettre de la remporter sans trop d'encombres. En revanche, il faut vraiment veiller à ce qu'ils soient optimaux en course d'endurance, faute de quoi vous recommencerez à de nombreuses reprises. Le banc d'essai est en ce sens très utile puisqu'il s'agit d'une simulation chiffrée des conséquences des modifications que vous venez d'opérer sur les réglages initiaux. Un exemple parmi d'autres de l'évolution du jeu qui s'avère être de très haut niveau. La 360 tient-là un nouveau vrai hit.
- Graphismes16/20
Techniquement, le jeu n'exploite pas tout le potentiel de la console. Malgré la recherche d'un réalisme poussé, la variété des environnements, un public en 3D et des modèles très détaillés, Forza 2 n'est pas le plus beau jeu de courses de la machine puisqu'il souffre, même en 1080i d'un léger aliasing sur les contours des véhicules. Si quelques textures restent plates, le plus impressionnant s'avère être la distance d'affichage, bluffante sur le circuit de New York. Mention spéciale aux modélisations des dégâts, très poussées et toujours bienvenues dans une simulation.
- Jouabilité18/20
En dehors de l'absence d'une vue intérieure et d'une IA pas encore totalement new-gen, on ne peut rien reprocher au gameplay de Forza 2. Plus simulation qu'un Gran Turismo mais moins qu'un GTR, il se situe parfaitement bien pour être apprécié par le plus grand nombre de joueurs. Facile à prendre en main, que l'on soit adepte de la manette ou du volant, le jeu de Turn 10 est prenant dès les premiers tours de roues. Les innombrables réglages et les problèmes mécaniques dus à une conduite barbare ajoutent à cela une difficulté indispensable afin de ne pas être lassé trop rapidement.
- Durée de vie17/20
Difficile de donner une estimation précise de la longévité de Forza 2 tant qu'on n'en a pas fait le tour à 100%. Comptez environ sur une bonne trentaine d'heures offline et ajoutez-y autant d'heures que vous le souhaitez pour le multijoueur qui a fait l'objet de nombreuses attentions de la part des développeurs. C'est de très loin le jeu de courses Xbox 360 offrant autant de garanties en terme de durée de vie. Plus de 300 modèles pour 45 marques différentes, 300 courses en mode Carrière, de multiples possibilités de customisation et de réglages... Tout y est.
- Bande son17/20
Si les sons des moteurs sont étrangement un peu étouffés durant les courses, malgré l'absence tout à fait logique de musique à cet instant, on peut saluer le travail de fond qui a été effectué pour rendre les sonorités réalistes et fidèles à la réalité. Un bonheur prolongé dans des menus qui s'appuient sur des morceaux bien connus des joueurs pour offrir l'une des meilleures tracklists du moment. Il ne manque plus que la présence d'un casque et la manifestation d'ingénieurs pour couronner le tout.
- Scénario/
Très soigné, Forza Motorsport 2 s'installe sans surprise dans le gotha du genre, fixant la barre très haut pour un futur Gran Turismo 5 qui aura toutes les peines du monde à le surclasser. Complet, chaleureux, accessible mais réaliste, le titre de Turn 10 n'est pas une surprise en soi mais parvient à tenir ses promesses sans commettre trop d'erreurs. Dotée d'une grande fluidité, il ne reste plus à la série qu'à combler quelques lacunes : l'absence d'une vue cockpit, de qualifications pour toutes les courses et de conditions météo variables. On le qualifiera donc de référence perfectible.