Le mal-aimé Wario ayant pris de la bouteille, il n'était plus vraiment intéressé par son éternelle confrontation avec Mario, dont il sortait d'ailleurs toujours perdant. Afin de noyer son ennui de manière totalement improductive, notre moustachu était en train de perdre son temps devant la télé lorsque lui vint une idée de génie : passer de l'autre côté du petit écran...
Fidèle à sa réputation d'empêcheur de tourner en rond, l'affreux Wario vient donc s'immiscer à l'intérieur d'une série policière à la Arsène Lupin, dont le héros n'a plus d'autre choix que de faire de Wario son rival pour reprendre la place qui est la sienne dans la série. Tout au long des dix épisodes qui composent celle-ci, le joueur va donc aider Wario à triompher du Comte Cannelloni en utilisant contre lui son précieux sceptre de magicien. Avec cet objet, le moustachu aux dents longues s'octroie la capacité de revêtir toutes sortes de déguisements, certes tous plus ridicules les uns que les autres, mais qui ont le mérite de lui conférer des talents fort utiles dans la quête qui l'attend.
Le premier attrait de ce titre réside ainsi dans l'emploi de ces différents costumes, au nombre de huit, et dont l'activation se fait par l'intermédiaire du stylet de la console. Pour chacun de ces déguisements, vous devez d'abord mémoriser un symbole précis que vous pourrez tracer à tout moment sur l'écran tactile de la DS pour voir Wario changer d'apparence. De cette façon, la lettre grecque "phi" transforme par exemple notre voleur en savant fou capable de déceler certains éléments cachés du décor. Le schéma simple d'un chevalet donne accès au costume de peintre et permet ensuite de dessiner des blocs pour les voir se matérialiser à l'écran. Une bulle symbolise le scaphandre d'un cosmonaute, une tenue permettant d'éliminer les ennemis à coups de rayons laser. L'éclair hérisse les cheveux de Wario et lui confère les capacités d'une pile électrique, tandis que la proue le change en pirate et lui permet de flotter sur l'eau. Le principe s'applique ainsi de la même façon pour ce qui est de la queue de dragon et des ailes de démon, ce qui donne au final une certaine variété dans la manière de négocier la découverte du jeu.
Bien entendu, ces différentes tenues s'acquièrent au compte-gouttes, ce qui vous laissera le temps de vous familiariser avec chacune d'entre elles avant de passer aux suivantes. Le fait de tracer soi-même les symboles de transformation est une idée intéressante, mais il faut parfois s'y reprendre plusieurs fois pour que le résultat soit jugé correct par la console. La précision du stylet n'est pas remise en cause, mais la précipitation entraîne souvent quelques erreurs, ce qui pourra en agacer certains. L'autre originalité des déguisements est que ces derniers possèdent chacun un niveau de puissance qui augmente à chaque fois que vous ramassez un certain type de cristaux, ce qui rajoute une marge évolutive à leurs capacités. Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas les ennemis qui vous ralentiront le plus durant votre périple, mais plutôt les énigmes, chaque salle étant l'occasion de mettre à profit les tenues déjà acquises pour progresser plus avant. Si le cheminement est assez logique dans l'ensemble, il faut bien reconnaître que le déroulement du jeu est plutôt déroutant et qu'il est facile de se perdre dans les niveaux sans trop savoir quoi faire ni où aller. Le découpage du jeu en épisodes successifs permet heureusement de s'y retrouver plus facilement en limitant les zones accessibles dans chaque environnement, mais la plupart des joueurs seront sans doute déçus par le caractère lent et laborieux du déroulement de l'aventure.
Il faut aussi évoquer l'intervention récurrente des mini-jeux, puisqu'il faudra nécessairement les réussir à chaque fois que vous aurez l'intention d'ouvrir un coffre, quel que soit son contenu. Si l'idée n'est pas déplaisante, il est dommage de constater que les épreuves en question sont aussi peu inspirées. On y trouve ainsi des activités aussi obsolètes que du coloriage, du conte (relier les points) ou du taquin (reconstituer une image), ce qui n'est pas franchement la panacée question originalité. C'est d'autant plus navrant quand on connaît l'efficacité des mini-jeux proposés dans n'importe quel opus de Wario Ware, et on finit par se dire que le soft aurait été meilleur sans. Wario : Master of Disguise ne propose d'ailleurs aucune option multijoueur, l'aventure solo ayant en plus le défaut d'être relativement courte. Les boss sont d'une facilité déconcertante et seuls les va-et-vient continuels dans les niveaux sont susceptibles de vous désorienter. Le soft a donc pour principal défaut de susciter la lassitude et la perplexité chez l'utilisateur, au détriment du plaisir de jeu, ce qui n'était probablement pas le but recherché au départ. Dommage que le résultat tienne davantage de l'exercice de style que du divertissement, car ceux qui suivaient Wario depuis ses débuts avec fidélité risquent d'être plutôt déconcertés.
- Graphismes14/20
La réalisation est réussie, en dehors du fait que l'écran supérieur se contente d'afficher en permanence la carte du niveau. Les déguisements ridicules font ressortir le côté absurde du personnage, et les environnements contribuent à l'ambiance "Arsène Lupin" qui se dégage du titre.
- Jouabilité14/20
Même si le fait de devoir les tracer systématiquement au stylet ne facilite pas toujours leur exécution, l'utilisation des déguisements apporte une vraie originalité au titre. Les mini-jeux, en revanche, ne s'imposaient pas vraiment, surtout sous cette forme-là.
- Durée de vie12/20
L'aventure ne comporte que 10 épisodes qui s'enchaînent un peu trop rapidement pour un soft qui ne mise que sur le solo. Libre à vous de retourner ensuite dans les niveaux pour mettre à profit les dernières tenues acquises.
- Bande son13/20
Les musiques sont suffisamment réussies pour nous rappeler qu'on est dans une parodie de série policière, mais c'est à peu près tout.
- Scénario11/20
Wario s'est trouvé un nouveau rival en la personne du comte Cannelloni, mais la chasse aux trésors qui sert de trame scénaristique au titre n'est pas vraiment développée.
Un titre étonnamment inventif sur le papier, mais pourtant sujet à controverse. Reposant entièrement sur l'utilisation ininterrompue et presque abusive des déguisements, l'aventure ennuie par son caractère fastidieux et par la présence de mini-jeux ridicules. Dommage que les concepteurs n'aient pas cherché à offrir plus de souplesse et de divertissement dans la progression, car on ne retrouve pas vraiment l'esprit des précédents titres dans lesquels Wario était le héros.