Si Final Fantasy Tactics a rapidement obtenu ses galons de titre culte, cette situation ne l'a nullement empêché de ne jamais franchir les très hautes frontières d'Europe contre lesquelles se sont écrasés quantité de chefs-d'oeuvre vidéoludiques nippons. Cependant avec l'arrivée de la PSP, divers RPG ont eu droit à des remakes en bonne et due forme, ceci étant souvent synonyme de commercialisation sur le vieux continent. De fait, nous ne pouvons que nous réjouir de l'arrivée de The Lion War sur la portable de Sony sachant que ce cristal de pureté échoira enfin dans nos mains en octobre prochain. Dix ans d'attente certes mais si c'est le prix pour caresser la perfection, hochons la tête en signe d'approbation.
Bien que Final Fantasy Tactics ait en grande partie tout repris à l'illustre Ogre Battle, la notoriété du jeu de Squaresoft (à l'époque, la fusion avec Enix n'était même pas encore imaginable) a dépassé celle de son aîné et perdure encore aujourd'hui grâce à une aura d'excellence qui ne sera jamais contestée au fil des années. Il faut également comprendre que Square Enix a alimenté le mythe en sortant un nouvel épisode sur Gameboy Advance, aux influences beaucoup moins torturées que l'opus original, à l'univers plus édulcoré mais au système de jeu ma foi très intéressant. Cependant, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, on serait tenté de dire que l'annonce du remake du premier Final Fantasy Tactics sur PSP aura suscité plus d'intérêt que Final Fantasy Tactics A2 sur Nintendo DS, ne serait-ce que par ce que ça implique pour tous les amoureux de la version d'origine et celles et ceux qui vont enfin pouvoir goûter à cette friandise sucrée.
Avant d'être un Final Fantasy, FFT est un tactical RPG ayant bénéficié de l'immense talent du compositeur Sakimoto Hitoshi, ici épaulé par Iwata, et de son génial réalisateur Matsuno "Laissez-moi terminer en paix FF XII" Yasumi. Le résultat en aura chamboulé plus d'un à l'époque puisque si on trouvait tous les grands thèmes chers aux FF (amour, courage, trahison), un monde riche et exsangue s'offrait à nous dans toute la splendeur et la décadence le caractérisant. Ivalice nous ouvrait ses portes et bien avant Vagrant Story et Final Fantasy XII, cet univers se révélait être un des plus incroyables microcosmes vidéoludiques sortis des usines de la firme japonaise. Ainsi quand on rejoue à Final Fantasy Tactics, la différence d'ambiance entre ce titre et son homologue GBAesque saute immédiatement aux yeux. Les couleurs criardes et le scénario rose bonbon versant parfois dans une mièvrerie de mauvais aloi cèdent ici leur place à une histoire mature, sombre exhibant ses cicatrices au grand jour. Le background, une guerre opposant deux rois pour le trône d'Ivalice, voit naître des alliances, des amitiés mais aussi des vérités cachées empreintes de douleur. De fait, Ramza Beoulve, héros principal, comprendra très tôt que son ami d'enfance, Delita Hyral, n'est pas celui qu'il croyait être, du moins au premier abord. Bien entendu, rien n'est simple dans un Final Fantasy mais Tactics va encore plus loin dans les intrigues et sous-intrigues au point que chaque protagoniste de l'histoire semble avoir un rôle à jouer dans cette tragédie de pixels. Bref, le scénario se savoure comme celui d'un roman d'époque et donne au jeu une véritable identité scripturale.
Au-delà de l'histoire, Final Fantasy Tactics : The Lion War est aussi un modèle du genre en terme de jouabilité. Bien que le tout soit basé sur des combats traditionnels au tour par tour amenés par un jeu de missions que vous devrez aller quémander dans des auberges, on se prend vite au jeu ne serait-ce que par l'entremise d'un graphisme SD mignon comme tout ici agrémenté de cinématiques inédites absolument magnifiques et totalement dans le ton, l'imagerie moyenâgeuse véhiculée par le rendu rugueux de ces séquences nous donnant l'impression de visionner des croquis au fusain issus d'un autre temps. D'ailleurs, en terme d'ajouts, on signalera également un mode coopératif vous proposant de vous amuser avec un ami à travers un lot de nouvelles missions (pratique pour obtenir des objets rares), ainsi que deux nouveaux jobs s'ajoutant donc aux vingt déjà existants parmi lesquels on trouve des oracles, des lanciers, des voleurs, des mages noirs, des archers, etc. A ce sujet, je vous rappelle qu'il vous est toujours possible de changer de job, après les avoir débloqués en fonction de votre niveau et des techniques acquises, ceci vous permettant au final d'avoir des personnages multi-classes très puissants. En parlant de personnage, si Cloud (Final Fantasy VII) fait une fois encore office de héros caché (à ce titre, prenez le temps de le booster comme il se doit car bien que notre chevelu soit un tantinet chétif au départ, il deviendra après quelques heures un véritable démon), sachez que Balthier (Final Fantasy XII) sera le second combattant à débloquer. Une raison de plus pour fouiller chaque recoin du titre.
En définitive, cette version PSP de Final Fantasy Tactics semble faire honneur à celle PSone. On reprochera tout de même à Square de n'avoir pas amélioré, même légèrement, l'aspect graphique, ou la visibilité lors des rixes, le stick analogique et les boutons de tranche étant souvent mis à contribution pour zoomer, dézoomer et tourner le plateau afin de savoir ce qui se passe vraiment sous nos yeux. On pourra aussi émettre quelques regrets concernant l'absence de voix digits lors des séquences rajoutées, le fait de voir les personnages bouger les lèvres sans émettre de sons donnant un côté assez surréaliste auxdites scènes. Pourtant, ces écueils ne sont que peccadilles devant l'ampleur de l'aventure qui vous attend dans quelques mois. On pourra même croiser les doigts en espérant pouvoir profiter d'une version localisée mais en l'état, le fait de voir arriver cette icône ludique sur nos terres est déjà un véritable cadeau tombé du ciel.