Militant activement pour la préservation des Chocobos dans le monde des jeux vidéo, Square Enix nous rappelle qu'avant de devenir des montures dignes d'arpenter les champs de bataille de FFXII, les Chocobos étaient à la base d'adorables petits volatiles jaunes semblables à de grosses peluches. Elevé au rang de mascotte de la saga Final Fantasy, cet animal sympathique est une espèce en danger qu'il convient de protéger en soutenant la sortie de softs tels que ce Chocobo Tales.
J'en vois déjà qui ricanent à l'évocation de ce titre qu'on pourrait considérer injustement comme un simple produit dérivé de la série Final Fantasy. En réalité, Chocobo Tales est un jeu conçu avec un vrai savoir-faire, et même s'il n'a pas l'ambition d'un grand RPG, il est bien plus qu'un vulgaire party-game destiné aux enfants ou aux collectionneurs fous. Voilà typiquement un jeu qu'on lance d'abord seulement avec une pointe de curiosité, et qui vous entraîne sans prévenir dans un univers chatoyant de couleurs où l'on perd toute notion du temps. Franchement, si tant est que vous ayez quelques heures à consacrer à un titre sans prétention, ce Chocobo Tales mérite tout votre intérêt et vous surprendra par son caractère diablement addictif.
Ce n'est pas la première fois que le Chocobo s'illustre dans un titre qui porte son nom, mais qui aurait pu croire que ce Final Fantasy Fables inconnu au bataillon allait être édité aussi rapidement en Europe ? Totalement occulté par la sortie de Final Fantasy III sur le même support, Chocobo Tales nous propose de retrouver ce volatile charismatique sous la forme rondouillarde et sympathique qui était la sienne à l'origine. La plupart d'entre vous se rappellent peut-être de ses différentes apparitions sur consoles, même si peu d'entre elles ont réussi à franchir les frontières du Japon. On y trouvait à peu près tout et n'importe quoi, des courses de kart (Chocobo Racing) aux jeux de plateau (Dice de Chocobo, Chocoboland), en passant par l'élevage (Chocobo Stallion) et le RPG (Chocobo Dungeon). L'univers est résolument naïf et bardé de couleurs pastel, le thème étant axé sur le monde des fables et des contes de fées dans lequel on pénètre par le biais de livres qui se déplient sous vos yeux à la manière de ce qu'on a pu voir dans Yoshi's Island. Sans viser une quelconque prouesse technique, le soft affiche une réalisation bourrée d'idées, invitant au rêve et à la détente.
Vous les aviez peut-être déjà aperçus dans Chocobo Racing, l'un des rares titres précités à être sorti chez nous, mais les habitants de l'île des Chocobos ne sont pas tous des animaux à plumes. On retrouve ainsi les adorables petits mages blanc et noir, Shirma (shiro = blanc) et Croma (kuro = noir), mais aussi le Béhémoth et toute la bande des gentils Chocobos. Le Mog joue ici un rôle tout particulier puisque son ego surdéveloppé le pousse à se prendre pour un justicier masqué plutôt kitsch. Quant aux invocations et aux monstres caractéristiques du bestiaire de Final Fantasy, on les retrouve plutôt du côté des duels de cartes sur lesquels je reviendrai un peu plus loin. L'histoire a ce petit quelque chose d'attachant qui nous fait oublier sa simplicité et sa redondance, puisque la quête pourrait se résumer à une vaste chasse aux livres de contes dans lesquels sont enfermés vos amis aux regards vides. A l'origine de leur disparition et du chaos qui règne sur l'île, un livre magique mégalomane nommé Bebuzzu tente de rassembler la puissance qui lui permettra de se réincarner dans un corps un peu plus imposant que ce vieux grimoire poussiéreux. Au fil de votre progression, vous serez donc régulièrement confronté à son acolyte Irma, une sorcière hargneuse et ambitieuse, et à ses sbires, les Chocopabos...
Le déroulement se fait à la manière d'un jeu d'aventure qui vous ouvre ses portes à mesure que vous découvrez des éléments permettant de faire avancer l'histoire. Pour schématiser, il suffit généralement de se balader dans les différents environnements de l'île pour découvrir de nouveaux grimoires qui mènent à des défis qu'il vous faut remporter pour faire avancer le scénario. Les mini-jeux prennent donc une place assez importante au sein de l'aventure, mais leur présentation est au moins aussi originale que leur déroulement. Entièrement jouable au stylet, le soft s'inspire de contes relativement connus et les détourne pour les transformer à la sauce Final Fantasy. Après avoir pris connaissance du prologue d'un de ces livres, vous devrez débloquer différents épilogues en réussissant les différentes étapes du mini-jeu qui lui est associé. Ce dernier offre généralement une variante vous opposant aux affreux Chocopabos, et c'est seulement en terminant les épreuves dans leurs niveaux de difficulté les plus élevés que vous pourrez débloquer tous les bonus que renferme ce livre. A ces mini-jeux principaux s'ajoutent un certain nombre de micro-jeux que vous pouvez dénicher en fouillant les environnements de l'île, sans oublier les nombreux services que pourront vous rendre les Chocobos déjà libérés. Alors même si le monde du jeu n'est pas très vaste, sa construction donne envie d'en voir toujours plus, d'acquérir un maximum de choses et de se surpasser pour mener à bien des challenges qui ne sont pas toujours des plus évidents. Leur variété relance d'ailleurs beaucoup leur intérêt, puisqu'on y trouve aussi bien des épreuves de dextérité que de réflexion ou de rapidité. Bien sûr, tous ces mini-jeux autorisent les parties jusqu'à 4 joueurs, pour peu qu'on quitte le mode Histoire au profit du mode Multijoueur. Ce dernier vous permet par ailleurs de défier vos amis dans des duels de cartes, ce qui est également possible en Wi-Fi.
Quelques mots quand même sur ces fameux duels, qui constituent le troisième gros morceau du jeu, ce qui fera certainement plaisir aux amateurs de jeux de cartes de type Magic ou Yu-Gi-Oh. Assez rapidement au cours de l'aventure, le Mog vous remettra un deck de base comprenant vos toutes premières cartes, et vous expliquera en détail les règles de ce système de duels basés sur les comparaisons de puissance entre les cartes. Plus riche qu'il n'y paraît à première vue, le concept fait intervenir quelques subtilités intéressantes, comme la couleur des cartes qui permet de cumuler des cristaux indispensables au déclenchement des techniques spéciales propres à certaines cartes. La résolution des tours de jeu est illustrée de fort belle manière, puisque les créatures invoquées se matérialisent sur l'écran supérieur pour déclencher leurs attaques, très bien mises en scène. L'occasion d'admirer Odin, Shiva, Bahamut et toutes les invocations de la série dans leurs oeuvres, sans oublier la plupart des monstres issus du bestiaire légendaire de Final Fantasy, comme les Bombos ou les Xylomids. Il est clair que ce sont surtout les vieux fans de la série de Square Enix qui apprécieront le plus les nombreux clins d'oeil présents dans Chocobo Tales, dans le sens où le titre rend bien plus hommage aux premiers épisodes plutôt qu'à ceux sortis sur PSOne, même si on retrouve quand même quelques échappés, à l'instar de ce diable de Caith Sith. Cerise sur le gâteau, la quasi-totalité des musiques sont des remix des tout premiers thèmes de la série, principalement issus de FF1, et apportent une touche de nostalgie qui devrait bouleverser les fans les plus sensibles. En somme, si vous êtes un inconditionnel de la saga de Square depuis ses débuts, que vous appréciez le côté naïf des premiers épisodes et que vous affectionnez les duels par cartes interposées, ce Chocobo Tales vous fera passer de très bons moments sur votre DS.
- Graphismes15/20
Empruntant beaucoup à Yoshi's Island pour son graphisme crayonné et ses décors cartonnés qui se déplient à la manière des livres pour enfants, le soft est un régal pour les yeux. Aucune performance technique mais un côté naïf et pittoresque qui ne devrait pas laisser indifférent.
- Jouabilité14/20
Le gameplay se caractérise surtout par sa variété puisqu'il combine à la fois l'aventure, les mini-jeux et les duels de cartes. Tout se joue entièrement au stylet et s'avère très agréable à prendre en main. Les règles sont claires et parfaitement expliquées, et le double écran est mis à contribution de manière intelligente.
- Durée de vie13/20
Parce qu'il est bien difficile de décrocher une fois l'aventure lancée, le mode Histoire se termine un peu trop rapidement en solo, même si réussir la totalité des défis et rassembler toutes les cartes est une autre paire de manches. L'intérêt à long terme réside dans les parties Wi-Fi et multijoueurs, autorisant l'accès aux mini-jeux et aux duels de cartes jusqu'à 4 joueurs.
- Bande son15/20
Les nostalgiques de la saga depuis ses débuts reconnaîtront sans difficulté tous les principaux thèmes des premiers épisodes, remixés pour l'occasion.
- Scénario12/20
L'histoire est surtout là pour justifier la recherche des livres de contes, mais en dehors du groupe d'Irma et des fables relatives à chaque mini-jeu, le scénario est loin d'être prédominant.
Moins anecdotique qu'on aurait pu le penser, Chocobo Tales est un jeu dispensable mais dont il serait pourtant bien dommage de se priver si vous avez une vraie sympathie pour la saga Final Fantasy. Délaissant totalement le concept du RPG, le titre combine party-game, aventure et duels de cartes pour un résultat aussi amusant qu'accrocheur, surtout si vous avez la bonne idée d'y jouer à plusieurs.