L'équipage du film Pirates des Caraïbes nous offre un double rendez-vous, à la fois dans les salles de cinéma mais aussi sur consoles dans un nouveau soft qui s'inspire du deuxième et du troisième long-métrage pour une aventure grand public très orientée action. Si les précédents jeux ne nous avaient pas vraiment convaincus, celui-ci s'avère tout aussi dispensable, en dépit des quelques bons moments qu'il nous offre.
C'est le studio de développement Eurocom qui s'est vu confier cette troisième adaptation de Pirates des Caraïbes, ce qui explique le changement d'orientation adopté par rapport à La Légende De Jack Sparrow. Si on a toujours affaire à du beat'em all moderne, on s'aperçoit que les concepteurs ont davantage souhaité privilégier la mise en scène au détriment de l'originalité de l'action, dans un souci de coller plus précisément au film. Le résultat a le mérite de nous permettre de retrouver la plupart des grandes scènes du film, comme le duel sur la roue géante issu du deuxième segment, même si en contrepartie, ce côté grand spectacle se répercute de manière beaucoup moins convaincante au niveau du gameplay. Les passages les plus impressionnants se déroulent en effet de manière purement interactive à base d'actions contextuelles, à savoir que vous n'avez qu'à appuyer au bon moment sur les touches indiquées pour réussir la séquence.
En parallèle, l'action repose essentiellement sur des combats très simplifiés qui prennent place dans des environnements atrocement linéaires, un problème difficile à contourner dans le domaine du beat'em all. Là où le soft déçoit beaucoup, c'est justement dans le caractère réducteur du gameplay qui ne propose qu'une panoplie d'actions minimalistes. Les combos se comptent sur les doigts de la main et exaspèrent par leur lenteur et leur manque de fluidité, ce qui rend le timing pénible à calculer, sans parler des répercussions que tout cela entraîne en matière de rythme. Impossible de varier un tant soit peu les affrontements puisque seuls les combos et les parades sont réellement efficaces. Vos armes secondaires, telles que les bombes, les pistolets et les couteaux, manquent de précision et sont limitées en nombre, ce qui n'incite pas vraiment à les utiliser. Les ennemis étant presque toujours en garde, il pourra tout de même être utile de les empoigner pour leur envoyer un coup de genou avant d'enchaîner ensuite avec quelques frappes au sabre.
Ces combats ridicules et franchement gavants contrastent d'autant plus avec les séquences scriptées qui, si elles ne brillent pas par leur intérêt ludique, se rattrapent au moins par leur humour et leur qualité de mise en scène. Celles-ci se distinguent d'ailleurs de plusieurs façons selon les moments où elles interviennent, mais consistent toujours à valider un certain nombre de touches indiquées pour permettre à nos héros de se sortir des situations les plus incroyables. Elles surviennent soit lorsque vous avez besoin de surmonter une série de pièges, soit lorsque vous devez synchroniser vos actions pour combattre avec un allié à vos côtés, soit lorsque Jack a décidé de faire son show. Inutile de revenir sur la personnalité excentrique du capitaine Jack Sparrow, incarné à l'écran par Johnny Depp, et qui nous fait profiter ici de ses "Jackanismes" (c'est le terme employé dans le jeu). Il s'agit en fait de courtes séquences durant lesquelles le pirate se donne en spectacle pour se jouer de ses adversaires tout en augmentant sa notoriété. Vous n'aurez qu'une seule chance pour les réussir, mais si c'est le cas, vous pourrez déverrouiller quelques bonus amusants.
Le courageux Will Turner et sa compagne Elisabeth Swann viendront aussi épauler Jack Sparrow à tour de rôle dans certains niveaux, mais on regrette amèrement le fait que tous ces personnages jouables disposent exactement de la même panoplie d'actions. Une fois arrivé à Singapour, vous pourrez également contrôler le capitaine Barbossa, mais c'est le jeu qui décidera toujours à votre place quel héros vous pourrez incarner dans chacun des niveaux. La progression fait intervenir de nombreuses interactions vous permettant de remplir vos objectifs en utilisant divers éléments du décor. En revanche, l'action est carrément mise de côté durant l'exploration des villes comme Port Royal, Tortuga ou Singapour, où il vous faudra interroger les NPC pour qu'ils vous confient des missions secondaires. En complétant votre liste d'objectifs optionnels, vous aurez la possibilité d'augmenter votre score pour déverrouiller des lieux et des personnages supplémentaires en mode Défi. Jouables en solo ou avec un ami, ces défis chronométrés vous donnent l'occasion de contrôler tous les protagonistes du film, de Bill le bottier à Davy Jones, en passant par la sorcière Tia Dalma et la plupart des NPC rencontrés au cours de l'aventure. L'objectif consiste alors à revisiter les niveaux déjà terminés en essayant soit de vaincre un maximum d'ennemis, soit de placer un combo à rallonge, soit d'amasser un certain butin. Des parties de poker ou de dés sont également proposées à certains moments de l'aventure, mais elles sont facultatives et permettent simplement de gagner un peu d'argent.
Les seuls moments où le déroulement de l'action fait preuve d'un semblant de finesse concernent donc l'exploration des ports cités précédemment, où il est possible et préférable d'agir sournoisement en recourant aux fameux Jackanismes du capitaine Sparrow. Vous pourrez ainsi piéger les gardes pour éviter des combats inutiles, sachant que l'affrontement sera inévitable en cas d'échec de la manoeuvre. Le soft nous fait explorer une douzaine de niveaux relativement brefs qui s'inspirent en grande partie du deuxième film. On démarre ainsi avec l'évasion de Jack au fort pénitencier, puis on enchaîne avec l'étape mouvementée sur l'île des Pelegostos, l'attaque du Black Pearl contre le Hollandais Volant et même la destruction du terrible Kraken. D'autres scènes propres au troisième film sont également proposées, mais dans l'ensemble, on ne retrouve pas l'ivresse du long-métrage et on parcourt le jeu avec la monotonie induite par la fadeur du gameplay. Notez que les versions PS2 et PSP sont quasiment identiques mais simplifiées par rapport à la mouture Xbox 360 qui se démarque sensiblement dans son déroulement et propose notamment des combats à mains nues et des mouvements acrobatiques.
- Graphismes11/20
Si la modélisation des personnages tient la route, les décors sont très convenus et rarement détaillés. On aurait apprécié plus de variété au niveau des animations, car la réalisation globale paraît franchement dépassée sur cette version.
- Jouabilité8/20
Si l'action mène la danse tout au long du jeu, les combats pèchent par un manque total de rythme et de fluidité qui s'ajoute à la panoplie de coups très limités. Tous les combats se ressemblent, quant aux enchaînements, ils brillent par leur lenteur et ne diffèrent même pas d'un personnage à un autre. Guère plus intéressantes, les interactions avec le décor et les actions contextuelles scriptées ont au moins le mérite de renforcer la mise en scène.
- Durée de vie9/20
12 niveaux relativement courts, toujours très linéaires et n'offrant qu'un challenge limité. La faible durée de vie vous incitera peut-être à refaire le jeu en mode Défi pour débloquer tous les bonus cachés, seul ou avec un ami.
- Bande son14/20
Les voix sont celles des doubleurs français du film, et on reconnaît plus ou moins le thème principal du long-métrage sur certaines musiques. Il fallait bien ça pour nous motiver à jouer.
- Scénario12/20
L'histoire s'inspire assez fidèlement des principaux passages du deuxième et du troisième film de Pirates des Caraïbes, mais le scénario n'est bien sûr repris que dans ses grandes lignes et sera difficile à suivre pour ceux qui ne les auraient pas vus.
Une version vraiment trop convenue pour attirer notre attention, malgré toute la sympathie qu'on peut avoir pour le film. Cette adaptation manque de punch et repose presque entièrement sur des combats très peu convaincants. Et même si un effort a été fait pour renforcer la mise en scène et la fidélité au long-métrage, l'approche ludique est mal pensée quand elle n'est pas carrément affligeante.