Née sur Playstation première du nom et ouvrant de nouvelles perspectives en matière de jeux de courses, la série des Driver a manifestement eu bien du mal à suivre la vague qu'elle avait elle-même initiée. Détrôné par GTA, Driver tente depuis quelque temps déjà de renouer avec son passé glorieux, et c'est dans les seventies et sur une nouvelle plate-forme qu'il se cherche une nouvelle jeunesse.
Driver 76 nous ré-ambarque immédiatement pour New York, en 1976, vous vous en seriez douté. Les événements de cet épisode PSP sont donc censés se dérouler trois ans avant ceux de Driver : Parallel Lines. On y incarne Ray, grand chevelu de son état, passionné par les grosses cylindrées, les rugissements des pneus sur l'asphalte et les bras d'honneur destinés aux forces de l'ordre. Tout obnubilé par la recherche et la customisation de superbes voitures, il n'en a pas moins remarqué la belle et jolie Chen-Chi, fille d'un chef de gang chinois qui dirige son personnel à la baguette. Le grand séducteur n'aura alors plus qu'une seule idée en tête : se rendre utile au gros bonnet pour tenter d'approcher sa fille. Aider un gang implique bien sûr de marcher sur les plates-bandes de tout un tas d'individus malodorants et assez peu fréquentables, mais Ray peut compter sur l'aide de Slink et de ses multiples contacts. S'ensuivra donc toute une série de pérégrinations routières à ne pas reproduire dans la réalité. L'histoire de Driver 76 vous sera contée par l'intermédiaire de pages de BD sympathiques, rapidement survolées par une caméra énergique et animées par les voix françaises des personnages.
Si le scénario, de même que les missions, ne sont pas les mêmes que dans Driver : Parallel Lines, le petit UMD nous délivre tout de même une expérience très proche de ce que les joueurs avaient pu découvrir dans leur salon. Accueilli par une carte de New York, le pilote vidéoludique aura donc le choix de remplir les 27 missions principales, qui font bien entendu avancer l'histoire, ou encore de partir sillonner la ville en toute liberté, avec pour seul objectif la récupération de 125 étoiles dissimulées un peu partout et dispensatrices de bonus. A cela s'ajoute un bon petit nombre de missions secondaires ou de mini-jeux, un peu plus de quarante, qui permettront notamment d'engraisser votre compte en banque et de garnir votre garage avec près de 60 bolides à deux ou quatre roues, puis ensuite de les customiser. Une fois votre choix confirmé et après un temps de chargement conséquent, l'intégralité de la ville vous sera accessible sans que vous ayez à souffrir d'écrans noirs lors du passage d'une zone à une autre. Si les sessions de chargements en bonne et due forme sont absentes dès lors que l'on touche le bitume de New York, on n'échappera pas pour autant à un phénomène plus insidieux : régulièrement, en pleine course-poursuite, l'écran va se figer pour nous laisser entendre la PSP triturer allègrement son petit UMD... Et oui, ils sont finalement là ces petits temps de chargements. Si dans les premières missions, on passera volontiers sur ces légers désagréments, on sera moins tolérant lors de missions plus délicates qui demandent concentration et précision. Se planter dans une manoeuvre parce qu'on aura subi 3 ou 4 secondes de chargement est particulièrement rageant.
Mais passons, et parlons des missions en elles-mêmes. Les objectifs à remplir sont variés dans cette ville de New York délicieusement datée et particulièrement étendue. Selon l'humeur de votre commanditaire et moyennant finances, vous devrez donc partir déposséder indistinctement d'immondes crapules ou d'honnêtes citoyens de leur véhicule, livrer de la marchandise, jouer au taxi, détourner des camions remplis de fruits de mer (si si !), participer à des courses de rue, tout en vous jouant de la police ou d'autres gangsters. Tout est plaisant, souvent facile, à l'exception de quelques missions ignoblement ardues, mais quoi qu'il en soit Driver 76 n'offre rien de particulièrement original. On retrouve d'ailleurs le principe classique mais efficace de la jauge de recherche, qui permet d'évaluer le niveau d'alerte des forces de l'ordre. Sachez de plus que vous ne risquez guère de vous perdre dans cet immense dédale de ruelles puisque vous pourrez constamment vous référer à une carte générale. Vous disposerez également d'une mini carte qui affiche en permanence la direction de votre prochain objectif. Le dispositif est tellement efficace qu'on passera parfois plus de temps le nez sur ces indicateurs qu'à regarder ce qui se passe sur la route, au risque d'imprimer votre pare-chocs sur le visage du citoyen moyen. La ville est en effet parcourue par un bon nombre de véhicules et de piétons habillés dans la plus pure mode des seventies vous obligeant donc à slalomer continuellement pour éviter l'accident.
Les véhicules de Driver 76 se contrôlent assez aisément, puisque tout semble avoir été parfaitement calibré pour la PSP. Si on est bien loin des incroyables pointes de vitesse des bolides des Burnout, on pendra tout de même beaucoup de plaisir à évoluer dans le trafic et à déraper dans les virages comme Starky et Hutch. Malheureusement, ce constat positif prend un peu de plomb dans l'aile dès lors que l'on s'attarde sur le cas des deux-roues. Les bécanes sont de loin les outils les plus rapides du jeu, mais leur pilotage se montrera beaucoup plus délicat. Aux commandes d'une moto, tourner devient une épreuve et la moindre chute pourra souvent compromettre la mission en cours. Autant que possible, on s'en tiendra donc aux voitures en délaissant des montures qui auraient sans doute pu apporter beaucoup plus de richesse au jeu. Driver 76 vous forcera même régulièrement à lever le pied du plancher pour le coller directement sur le bitume. Ces phases à pied sont sans doute la plus grande faiblesse du titre puisqu'on se contentera souvent d'avancer, raide comme un piquet, sans possibilité d'orienter la caméra et de faire feu sur des ennemis particulièrement stupides. Dans le même registre, notez que votre avatar aura parfois bien du mal à monter dans un véhicule et qu'il faudra littéralement se coller à la portière du conducteur pour pouvoir récupérer la bête. Driver 76 est un jeu agréable mais qui malgré son scénario différent s'avère presque être un portage de Driver : Parallel Lines. Servi par une ambiance délicieusement kitch, une bande-son parfaitement dans le ton, une réalisation honnête entachée malgré tout par quelques bugs graphiques et un framerate bancal, le soft parvient tout de même à procurer de très bons moments. Des moments que l'on pourra partager à deux, avec un seul exemplaire du soft.
Dans l'incapacité de prendre nos propres images, les screens qui ornent cette page nous sont fournis par l'éditeur.
- Graphismes14/20
La grande cité de New York nous apparaît sous un jour plutôt flatteur dans ce Driver. Pour un jeu du genre sur portable, la distance d'affichage se montre tout à fait correcte et permet généralement d'anticiper et d'éviter une rencontre brutale avec les nombreux usagers innocents qui sillonnent la ville. Cela dit, on n'échappera pas au traditionnel clipping de même que l'on subira parfois les soubresauts d'un framerate pas toujours très stable.
- Jouabilité13/20
Le pilotage des voitures est un plaisir, même si nos plus belles courses seront parfois ignoblement entrecoupées de petits chargements et de gels d'écran. Les habitués de la série y retrouveront vite leurs marques. En revanche, empoigner le guidon d'une bécane ou chausser vos bottines pour casser des dents sur le plancher des vaches n'offrira pas autant de plaisir.
- Durée de vie14/20
Les missions principales se bouclent en 6 ou 7 heures, mais on ajoutera à cela quelques 40 missions secondaires ou mini-jeux parfois ardus. Driver 76 propose également plusieurs modes multijoueurs, dont un qui permet même d'empocher la voiture d'un concurrent à l'issue d'une course. Dommage qu'on ne puisse pas se jeter dans la course à plus de deux.
- Bande son16/20
Il semble qu'on retrouve ici l'intégralité de la BO de Driver : Parallel Lines. Autant dire que vos oreilles ont de quoi se réjouir en écoutant les accords d'Iggy Pop, de Blondie, de David Bowie, de The Stranglers et de nombreux autres artistes célèbres. Yeeha !
- Scénario12/20
Une histoire classique, prétexte à enchaîner les courses et les dérapages. Le tout est cependant correctement ficelé à l'aide de petites cinématiques et de très jolies pages de comics.
Driver 76 ne révolutionnera pas le monde des jeux vidéo, mais il se montrera cependant très plaisant pour quiconque fera abstraction de ses défauts techniques, de ses motos ingérables et de phases à pied poussives. Classique sur toute la ligne, le soft offre malgré tout un contenu conséquent et de très bons moments de conduite.