Plus d'un mois après son homologue PC, Command & Conquer 3 débarque sur Xbox 360. Un portage au combien délicat à mener puisqu'un pad n'a jamais réussi à égaler une souris sur le plan de la simplicité d'utilisation dans les STR. EA a néanmoins tenté le coup avec ce titre qui renoue avec l'univers futuriste des origines de la série.
Le scénario se déroule après les événements narrés dans le deuxième volet (Soleil du Tiberium). L'histoire commence alors que la paix semble régner en cette année 2047. Le NOD commandé par son leader charismatique Kane se fait très discret et le GDI semble maîtriser la situation. Mais ce n'est que le calme avant la tempête puisqu'au mois de mars, un missile est envoyé sur le centre de commandement orbital du GDI. La destruction de cet équipement important marque le début de la troisième guerre du Tiberium, minerai extraterrestre que le GDI (sorte d'ONU du futur) voudrait bien voir disparaître de la surface de la Terre alors que le NOD (organisation opérant dans l'ombre) a pour ambition de contrôler. En effet, hormis le fait qu'il pollue une grande surface de la planète, c'est aussi une source d'énergie très recherchée. Les deux campagnes solos (une pour chaque faction) racontent donc la même histoire : l'affrontement pour le contrôle du Tiberium, mais sous deux angles différents. Plus tard dans l'aventure, vous aurez même la surprise de rencontrer une race extraterrestre (les Scrins) que vous pourrez diriger dans une petite campagne bonus qui se débloque une fois que vous avez terminé celles du NOD et du GDI.
Dans les campagnes solos, la narration se montre particulièrement soignée ce qui nous donne droit à plus de 90 minutes de cinématiques tournées avec de véritables acteurs, et pas des débutants s'il-vous-plaît puisqu'EA s'est payé les services (entre autres) de Michael Ironside (V) ou encore de Josh Holloway (Lost). Pour ne rien gâcher, le doublage français est particulièrement crédible. Bref, c'est du très bon boulot et c'est en grande partie ce qui fait que les campagnes valent vraiment le coup. De plus, l'ambiance sonore est elle aussi très soignée sur le plan de la musique et des effets sonores. Pour ce qui est de la réalisation graphique, si les décors ne sont pas particulièrement enthousiasmants, les différents effets sont pour le moins superbes : il faut voir les explosions, les fumées, les lumières dynamiques... La variété des missions est pour sa part au rendez-vous : défense de points stratégiques, attaque de bases ennemies, objectifs chronométrés, capture de bâtiments... A propos des missions, il est intéressant de noter que vous recevrez des récompenses en fonction de vos performances et que vous pouvez très bien les rejouer pour améliorer vos statistiques.
Pour ce qui est de l'interface, cette version Xbox 360 réclame que vous fassiez un tour dans le tutorial pour bien assimiler le maniement au pad. En effet, les souris USB n'étant pas reconnues, vous devrez utiliser une manette pour en découdre avec vos adversaires. L'interface est composée d'onglets qui s'affichent en appuyant sur la gâchette droite. Lorsque vous en sélectionnez un, vous pouvez faire défiler les différentes options grâce à la croix directionnelle. C'est dans ce menu que tout s'effectue : construction des bâtiments, création d'unités... Quand vous cliquez sur un de vos soldats ou sur un bâtiment, vous pouvez aussi afficher un menu permettant d'utiliser ses caractéristiques propres : capacités spéciales, constructions... Faire une action sur 360 réclame donc un petit peu plus de temps que sur PC où la souris faisait merveille et permettait d'accéder plus rapidement à la fonctionnalité souhaitée. Résultat des courses : le rythme est un peu moins vif. Autre petit problème, la sélection est moins précise. Lorsque vous voulez faire un groupe personnalisé, il vous faudra en effet sélectionner un à un vos hommes ou vos véhicules. On regrette un peu l'option qui permettait de tracer un cadre à la souris pour sélectionner d'un coup toutes les unités se trouvant à l'intérieur. La maniabilité reste néanmoins correcte et il était de toutes façons très difficile de faire mieux avec une manette.
Coté prise en main, le titre reprend les grands principes du jeu de stratégie sans chercher à véritablement innover. Typiquement, une partie débute souvent par la construction d'une base (ce qui ne peut se faire que dans le périmètre immédiat dans lequel vous avez déployé votre véhicule de construction mobile). Ensuite, il faut bâtir des centrales qui produisent l'énergie nécessaire au fonctionnement des bâtiments. Enfin, il est nécessaire de récolter le fameux Tiberium, seul capable de vous fournir les ressources nécessaires à la création d'unités. Cet aspect est identique pour les trois factions qui ne se différencient en fait que par leurs unités. Ainsi, le GDI dispose d'armement lourd (le char Mammouth par exemple), tandis que le NOD se focalise sur des techniques de guérilla avec des unités certes moins résistantes, mais disposant d'armement très particulier leur permettant par exemple de se rendre furtives.
Les tactiques utilisées par ces deux factions sont néanmoins connues de ceux qui ont déjà joué à un Command & Conquer, et ce sont donc les spécificités des Scrins qui doivent éveiller leur curiosité. Un premier constat s'impose : les aliens ne sont pas très difficiles à maîtriser puisque comme nous l'avons déjà dit, leur structure de production est identique à celle du NOD et du GDI. En effet, même s'ils ne produisent pas leurs unités directement sur le champ de bataille comme leurs ennemis, le système choisi revient un peu au même. Pour créer de l'infanterie ou des véhicules, ils doivent construire des portails capables de téléporter les unités venant d'une base arrière. Pour le joueur, ça n'a aucune incidence : il devra toujours cliquer sur les unités qu'il souhaite avoir et elles lui seront livrées peu de temps après. Non, la particularité des Scrins est d'abord dans leur design pour le moins... organique. La plupart des unités mélangent en effet éléments biologiques et mécaniques.
Les éléments de soutien des Srins sont eux aussi très spéciaux et assez différents de ceux des deux autres factions. Ces soutiens sont des aides que l'on peut demander à n'importe quel moment. Celles des Scrins permettent par exemple de convoquer un vaisseau mère capable de balancer une sorte de rayon laser à la Independance Day. Et ce n'est pas tout puisqu'on peut aussi avoir des essaims de buzzeurs. Ce sont des sortes d'insectes que vous pouvez mettre en protection d'un véhicule et qui boosteront considérablement son blindage. Quant à l'arme la plus puissante des Scrins, il s'agit d'une réaction sismique que vous pouvez déclencher n'importe où sur le champ de bataille (de préférence sur une base adverse) et qui détruira toute une zone. Pour y avoir accès, il faut construire un générateur sismique et attendre qu'il se charge, ce qui prend plusieurs minutes. Comme les autres joueurs (ou l'IA) sont informés du chargement d'une super-arme (un chronomètre s'affiche en haut à gauche de l'écran), ça leur donne la possibilité de tenter un assaut sur la structure avant que celle-ci ne soit chargée à 100%.0 Mieux vaut donc toujours avoir des unités prêtes à attaquer un adversaire qui envisagerait d'acquérir une telle arme, car le laisser terminer, c'est lui donner l'opportunité de mettre à mal votre base.
Pour ce qui est du mode escarmouche, il faut préciser que l'on a accès à une vingtaine de cartes sur des terrains variés permettant d'affronter jusqu'à 3 ennemis (au lieu de sept sur PC). Il est possible de choisir le niveau de difficulté de l'intelligence artificielle, mais aussi, plus original, son comportement. Cinq personnalités d'IA sont disponibles : l'équilibrée, l'amatrice de rush, l'IA défensive qui développe sa base au maximum avant de lancer des attaques massives, l'IA dite "guérilla" adepte des stratégies de diversions et d'attaques sur plusieurs fronts et enfin, l'IA "rouleau compresseur" qui ne lance des assauts qu'avec des armées lourdes et des unités puissantes. Bref, il y en a pour tous les types de joueurs et l'option "aléatoire" permet de ne pas savoir à quel type de comportement on aura affaire avant d'y être confronté, ce qui ménage le suspense. Les développeurs ont souhaité rendre les parties rapides et la majorité des affrontements (en escarmouche comme au sein du mode campagne ou en multijoueur) n'excèdent donc pas la demi-heure ce qui permet d'enchaîner les parties à un rythme effréné.
Côté multijoueur, c'est une très bonne surprise qui nous attend puisque des modes exclusifs ont été développés spécifiquement pour le Xbox Live. Ainsi, en dehors du deathmatch, les joueurs 360 sont les seuls à disposer des modes "capture du drapeau", "capture et contrôle de zone" (où il faut s'emparer de points de contrôle et les conserver le plus longtemps possible), "siège" (consistant à détruire la base adverse une fois que le mur infranchissable qui vous sépare est désactivé) et enfin "contrôle de zone" (il faut tenir un point de contrôle situé au centre de la carte). Bref, et même si cette version 360 limite à 4 le nombre de joueurs pouvant s'affronter simultanément, ces petits modes supplémentaires sont toujours bons à prendre. Ce n'est pourtant pas cela qui fera pencher la balance en faveur de cette version puisque si vous avez un PC qui tient la route, on ne saurait trop vous recommander d'acheter le titre sur cette plate-forme qui offre quand même une jouabilité bien plus agréable.
- Graphismes15/20
On a droit à de très beaux effets de fumée, de lumières et d'explosions. En revanche, les décors sont un peu en deçà et cette version Xbox 360 connaît quelques ralentissements lorsque de nombreuses unités sont à l'écran.
- Jouabilité15/20
On ne va pas se mentir, cette version Xbox 360 reste moins agréable à manier que son homologue PC. Les contrôles au pad sont en effet moins intuitifs qu'avec la souris et réclament plus de manipulations : ouvrir un onglet et faire défiler les icônes pour arriver à la fonction souhaitée prend quelques secondes ce qui nuit un peu à l'esprit rapide et bourrin du titre. Rien de rédhibitoire cependant puisqu'il était difficile de faire beaucoup mieux sans supprimer des fonctionnalités.
- Durée de vie16/20
Très complet, le titre s'en sort aussi bien en solo grâce à des campagnes intéressantes et à un mode escarmouche complet, qu'en multijoueur où cette version 360 propose des modes exclusifs.
- Bande son17/20
Signalons tout d'abord l'excellente qualité du doublage français. Ensuite, pour ce qui est de la musique et des effets sonores, rien à signaler, c'est du très beau boulot.
- Scénario17/20
Les campagnes solos valent à elles seules l'achat du jeu, non pas à cause de l'histoire en elle-même assez classique, mais grâce aux cinématiques tournées avec de véritables acteurs qui rappellent les séries de science-fiction. En définitive, on entre comme dans du beurre dans cet univers futuriste au background très fouillé.
Difficile de trouver un gros point faible à Command & Conquer 3 tant chacun de ses aspects a été soigné. Certes, la jouabilité au pad est moins agréable qu'avec une souris, mais les modes multijoueurs exclusifs à cette version 360 parviennent à faire passer la pilule. Voilà donc un jeu de stratégie à acheter si vous aimez le genre et que vous ne disposez pas d'un ordinateur assez puissant pour faire tourner la version PC.