Cela fait quelque temps déjà que nous surveillons avec attention les pérégrinations de Crush, un puzzle-game destiné à faire bouillonner les cerveaux des possesseurs de PSP. Attention fort louable de la part d'un grand éditeur tel que Sega, que de tenter de nous livrer quelque chose de différent et de rafraîchissant dans un paysage vidéoludique un peu trop uniforme et monochrome. Aujourd'hui, nous vous proposons donc un petit aperçu de ce titre qui vise avant tout à écourter sensiblement vos périodes de sommeil.
Crush nous fait suivre les aventures de Danny, un jeune homme sujet à des crises d'insomnie particulièrement carabinées. Aucun traitement conventionnel n'est jusque-là parvenu à le soulager et le pauvre gars, avec ses poches sous les yeux et ses épis dantesques, sortes d'insultes vivantes à la gravité, finit par se retrouver dans un centre spécialisé. L'établissement est géré par un savant illuminé, convaincu d'avoir développé un système capable de soigner tous les désordres mentaux possibles et imaginables, de la schizophrénie à l'addiction à la Star Academy. Tout repose sur l'utilisation d'une étrange machine, élégament nommée C.R.U.S.H., et qui permettrait de plonger le patient dans son propre subconscient afin qu'il explore lui-même les recoins les plus sombres de son esprit, y décèle ses dysfonctionnements avant de leur apporter une solution.
Après une courte formation, Danny se retrouve donc lâché dans son propre esprit torturé. Chaque niveau prend alors la forme d'une construction en 3D tarabiscotée qui évoque un peu un gigantesque amas de briques Lego. Votre but est d'évoluer dans ce dédale de blocs et de plates-formes afin de dénicher des boules de couleur éparpillées dans tous les coins. Une fois que vous en aurez rassemblé suffisamment, la porte de sortie s'ouvrira toute grande et il faudra alors s'efforcer de la rejoindre. Une tâche qui ne se montrera pas si évidente que ça. En fait, la véritable spécificité de Crush réside dans l'étrange façon que Danny adopte pour avancer.
Au-delà des traditionnels sauts de cabri et du transport de quelques objets à travers les niveaux, Danny peut surtout faire basculer son environnement d'une perspective 3D vers de la 2D, et vice versa, un peu comme dans Super Paper Mario. Notre petit homme de la nuit se trouvera ainsi capable d'atteindre des zones qui paraissaient jusque-là inaccessibles. Ce procédé, appelé «dégonflage», allié au changement d'angle de vue, permettra par exemple d'accéder à une plate-forme pourtant située en arrière-plan, à plus de dix mètres. Hop, un petit coup de 2D, et cette maudite plate-forme se retrouvera sur le même plan que Danny, qui pourra alors se jeter dessus comme un bon petit plombier à moustache. Ce pouvoir se montrera également indispensable lorsqu'on sera confronté aux monstres qui sillonnent les niveaux en répandant leur bave et leurs effluves agressives. Ces cafards, censés représenter les cauchemars de Danny, pourront ainsi être joyeusement écrasés en jouant du changement de perspective et de l'architecture des niveaux. A ces phases gluantes, se rajoutera la plus pacifique et traditionnelle quête de bonus, ou de contenu déblocable.
Si l'on se sentira un peu désorienté au début, devant ce concept étonnant et inhabituel, la grande force de Crush est de toujours vous inciter à recommencer, à chercher, à tâtonner jusqu'à ce que vous trouviez la solution. Le titre s'avère en effet particulièrement addictif et accrocheur, un aspect que la réalisation de qualité ne gâche en rien. La musique notamment, joue un rôle prépondérant dans l'immersion. Lancinante, douce, presque nocturne, parfois proche de la berceuse, cette dernière colle parfaitement à l'univers décalé du soft. L'univers de Crush est de plus parfaitement cohérent, et si les développeurs de Zoë Mode auraient semble-t-il pu se dispenser d'un scénario digne de ce nom en créant leur casse-tête, ils auront tout de même choisi de nous livrer une véritable histoire, qui évoluera au gré des niveaux et d'artworks de qualité. Bref, Crush pourrait bien se révéler comme une excellente thérapie, une thérapie destinée à vous sortir de l'apathie vidéoludique. A surveiller de près.
Dans l'incapacité de prendre nos propres images, les screens qui ornent cette page nous sont fournis par l'éditeur.