Mais quelle est donc cette étrange silhouette aux contours incertains que l'on aperçoit dans le lointain ? Ce grand manteau, ce chapeau... serait-ce donc Dick Tracy ? The Shadow peut-être ? Geneviève de Fontenay ? Et bien non, il s'agit du subtil Mister Escape, qui revient sur PSP pour marcher sur les plates-bandes de l'Agence Tous Risques. Car le sauvetage c'est son affaire, et il se pourrait qu'il vous délivre vous aussi des griffes de l'apathie vidéoludique. Suivez le chemin.
Mister Escape, grand caféinomane devant l'éternel, reprend donc du service dans un jeu qui semble faire se télescoper avec adresse deux titres de légende, les Lemmings et le Prince Of Persia premier du nom. Etrange dites-vous, pourtant, l'image n'est pas si dénuée de sens qu'elle le paraît, et les fans de la première heure, ceux-là même qui perdirent une quantité indécente de neurones en tentant de démêler les niveaux du premier opus, accréditeront sans doute cette petite description aérienne. Mais n'allons pas trop vite en besogne et commençons par le début. Mister Escape donc, Mr ESC pour les intimes, gagne sa vie en sauvant celle des autres. Tout vénal qu'il est, il n'hésite pas à prendre tous les risques pour extirper des civils innocents d'un bâtiment en flammes, d'un paquebot en péril, ou même d'une pyramide effondrée. Alors que son rival de toujours, Jet, ne jure que par les gadgets high-tech, Mr ESC n'utilise rien d'autre que sa propre intelligence démesurée (et incidemment, la vôtre) pour sortir son gagne-pain du pétrin.
Après un tutorial de 10 petites missions, vous devriez être en mesure de guider le sauveteur et l'aider dans sa tâche. L'objectif est donc de dénicher tous les civils d'un niveau, et les amener à la porte de sortie, sans qu'aucune atteinte ne soit portée à leur intégrité physique. Les pièces détachées ne comptent pas. L'ennui, vous l'aurez compris, est que ces jolis niveaux en 2D sont bourrés d'embûches, de zones enflammées, de dalles électrifiées, d'interrupteurs caractériels, de caisses à déplacer et d'autres joyeusetés. De plus, tout se passe en temps limité, et si celui-ci ne fera pas défaut lors des premiers stages de l'aventure, les derniers feront de vous un esclave du temps, à l'instar du Prince De Perse qui dans sa première version, ne disposait que d'une heure pour sauver sa dulcinée. Cela dit, localiser les victimes n'est pas ce qui prendra le plus de temps, car une pression sur le bouton select permet d'afficher un schéma du niveau, grossier certes, mais sur lequel les positions de vos cibles sont indiquées.
Mr ESC est agile, saute comme un cabri, s'agrippe à tous les rebords de la création, nage, peut se faufiler dans des conduits et j'en passe. Mais le bougre n'est pas un surhomme c'est justement là que se révèle toute la subtilité du titre. Car pour parvenir à ses fins, il devra solliciter les personnes qu'il était venu sauver. Ainsi, une fois que vous serez parvenu à atteindre une victime, vous pourrez exercer un certain contrôle sur celle-ci. Par défaut, le personnage se contente de vous suivre, mais si vous réveillez le stick PSP jusque-là inutile, un petit curseur apparaîtra à l'écran et vous permettra de sélectionner le bonhomme et de lui donner des ordres contextuels. Un petit clic sur le bas d'une échelle et celui-ci s'empressera de descendre. Mieux, vous pourrez même lui demander d'actionner des mécanismes ou de faire usage d'un des nombreux objets qui jonchent votre route : extincteurs, cordes, piolets, clefs.
Six types de personnages différents sont répartis dans les 100 niveaux d'Exit 2 : les enfants, les jeunes, les adultes, les machos (Me demandez pas), les chiens et les encombrants blessés. Chacun d'entre eux possède des capacités propres et vous ne pourrez pas tous les solliciter de la même manière. Un enfant par exemple, saura se glisser dans les conduits les plus étroits et se déplacer sur des surfaces que le poids d'un adulte ferait céder. En revanche, il ne peut logiquement pas grimper très haut, et il faudra donc l'aider en le prenant dans vos bras. Le macho est le seul à pouvoir grimper à la corde. L'adulte est corpulent, et aura besoin de deux personnes pour le hisser sur une plate-forme, mais il est capable de pousser d'énormes caisses en contrepartie. Bref, vous l'aurez compris, les niveaux d'Exit 2 finissent par prendre la forme de casse-tête, de puzzles intelligents et toujours variés. Tout est fait pour que vous tiriez parti des capacités de chacun, sous peine de vous retrouver bloqué. L'entraide et une planification précise sont des éléments centraux du gameplay.
Le jeu est donc riche et prenant malgré son apparente simplicité. Et si chaque niveau réserve un challenge différent, nous poussant toujours à insister malgré la frustration et les échecs répétés, Exit 2 n'en accuse pas moins quelques vilains défauts. Défauts en grande partie hérités du premier épisode, ce qui les rend d'autant moins faciles à tolérer. Outre les quelques limitations de vos compagnons comme l'impossibilité pour eux de prendre un ascenseur seuls, et sur lesquelles on passera rapidement avec un petit haussement d'épaules, d'autres problèmes se montreront beaucoup plus frustrants. L'idiotie latente de vos compagnons par exemple se mettra souvent en travers de votre route. Pointez une zone enflammée par mégarde et ceux-ci se transformeront en méchoui avec joie. Plus gênant, leur propension à se coincer tout seuls lorsque vous leur demanderez de grimper à l'étage supérieur.
On pourra aussi reprocher la relative lenteur des mouvements des personnages, bien que parfaitement animés, qui tend à rendre certaines manoeuvres un peu trop laborieuses. Enfin, lorsque vous donnez un ordre à l'un des pauvres hères, sachez que celui-ci sera automatiquement désélectionné et que si vous souhaitez lui en donner un autre, vous devrez naviguer une nouvelle fois avec le stick pour le «cliquer» à nouveau. Une certaine lourdeur découle de ces menus problèmes d'ergonomie, et on aurait aimé une interface un poil plus intuitive dans un soft qui nous oblige déjà à être particulièrement méticuleux. Dernière complainte avant de vous laisser reprendre vos activités : Exit 2 n'est qu'une version affinée de son grand frère et n'offre donc aucune véritable nouveauté.
- Graphismes15/20
Les graphismes d'Exit 2 ne font pas dans le grand spectacle, le lourd, le pyrothechnique mais les couleurs chaudes et le style cartoon suffisent à donner un sacré charme à l'ensemble. Les décors sont plus fins que dans le premier épisode, mais c'est avant tout la qualité de l'animation qui frappe le joueur de plein fouet.
- Jouabilité15/20
Tout est question de logique dans ces niveaux torturés mais diaboliquement bien pensés. Cela dit, on aurait aimé que les petits problèmes d'ergonomie déjà présents dans le premier épisode aient été corrigés. Rien de rédhibitoire cependant. La grande force d'Exit 2 est d'offrir un challenge constant et progressif sans que l'on sombre jamais dans le domaine de la torture ou de la condescendance.
- Durée de vie15/20
Les 100 niveaux du jeu vous occuperont près de 10 heures et comme on ne change pas une formule qui gagne, sachez que vous pourrez même doubler le cheptel en téléchargeant environ 100 autres niveaux, encore plus corsés. Bref, le luxe.
- Bande son11/20
Chaque zone de dix niveaux possède son propre thème musical, souvent jazzy et caractérisé par quelques rythmiques sympatoches, malheureusement, l'ensemble s'avère rapidement répétitif. Les voix anglaises des personnages s'intègrent bien à l'univers d'Exit, même si là encore, on en aura parfois marre d'entendre un personnage répéter encore et encore qu'il a besoin d'une douche.
- Scénario/
Exit 2 est un titre extrêmement attachant qui mettra votre logique à rude épreuve. A mi-chemin entre le jeu de plates-formes et le casse-tête, il sera en mesure de séduire de nombreux joueurs désireux de goûter à quelque chose d'un peu différent sur PSP. A moins bien sûr que vous n'ayez déjà eu le plaisir de vous frotter au premier épisode, auquel cas vous vous retrouverez avec une mise à jour de grande qualité.