Fidèle aux bonnes vieilles habitudes, le Prince de Perse voit sa dernière aventure transposée sur PSP, car sous ce nouveau nom se cache en fait Prince Of Persia : Les Deux Royaumes, sorti sur consoles de salon en 2004. Le soft compte bien sûr quelques petites modifications mais il est resté fidèle à lui-même, aussi immuable que le temps lui-même, ou presque.
Le voyage dans le temps est un concept particulièrement attirant, et nous avons tous souhaités au moins une fois dans notre vie pouvoir revenir en arrière pour changer quelque chose, ou filer dans le futur par pure curiosité. Mais comme les nombreux films des années 80 traitant de ce sujet se sont acharnés à nous le démontrer, le voyage dans le temps n'est pas sans danger. Chaque action, aussi insignifiante soit-elle, serait ainsi susceptible de modifier profondément le cours du temps, étendant ses ramifications indéfiniment jusqu'à ce que le monde lui-même devienne méconnaissable. Et de tous les personnages de fiction, le Prince de Perse est sans doute celui qui aura le plus subi les assauts d'un temps devenu fou. Pour sauver son royaume, le Prince fut en effet contraint de malmener le cours du temps, et les conséquences de son acte le poursuivent jusque sur le petit UMD de Sony, pour notre plus grand plaisir.
C'est ainsi qu'aujourd'hui, le dernier conte du Prince de Perse s'offre de nouveau à nos doigts avides ; un conte violent et sauvage qui nous dévoile les souffrances d'un héros déchiré par ses démons intérieurs, au point que son pire ennemi n'est autre que lui-même. Pas de surprises donc, le scénario des Deux Royaumes nous arrive tel que nous le connaissions déjà. Le Prince a tué Dahaka et est parvenu à sauver Kaileena, l'impératrice du temps, modifiant ainsi leur destin à tous les deux. Le bel aristocrate reste persuadé que ses tourments touchent à leur fin et qu'il retrouvera la paix en sa cité de Babylone. Sur le chemin du retour, il se débarrasse même du médaillon du temps dont il ne voit plus l'utilité. Monumentale erreur comme dirait le gouverneur de Californie, car Babylone est en flammes, envahie par des ennemis qu'il croyait vaincus et que le temps s'est amusé à lui jeter une nouvelle fois au visage. Attaqué par de nombreux archers, le Prince ne pourra empêcher Kaileena d'être capturée, puis assassinée. Bref, l'histoire est toujours la même, et toujours aussi sombre.
Un constat qu'on pourra également appliquer au gameplay qui reste fidèle à lui-même malgré sa miniaturisation sur PSP. Il s'agira donc toujours d'enchaîner les sessions de haute voltige, les acrobaties aussi magnifiques qu'irréalistes, les esquives et les combats violents. Si dans la plupart des jeux, aller d'un point A à un point B est relativement aisé, ici l'architecture torturée mais parfaitement maîtrisée des niveaux transformera souvent le trajet en un casse-tête mortel. Vos réflexes auront autant d'importance que votre précision, votre analyse de l'environnement et votre connaissance parfaite des nombreux mouvements disponibles. Tout cela vous sera nécessaire pour éviter les pièges pléthoriques et les nombreux ennemis. Comme dans les précédents épisodes, nous pourrons donc nous jeter dans les airs, courir sur les murs, faire des roulades, nous accrocher à des corniches ou des colonnes et j'en passe. Le prince est de plus infecté par les Sables du Temps très tôt dans l'aventure, ce qui lui permettra d'exercer un certain contrôle sur ce fluide informe. Ainsi, si vous trépassez, et croyez-moi, cela arrivera souvent, vous pourrez rembobiner l'action comme vous le feriez avec une vieille cassette vidéo. Plus tard, vous aurez même la possibilité d'accélérer celui-ci afin de franchir certains obstacles.
Cette fois cependant, le véritable intérêt du soft réside dans la transformation graduelle de votre prince en un double maléfique, une sorte de Dark Vador antique, dominé par sa haine et sa soif de sang. A l'image de cet homme qui subit avec une angoisse constante le risque de sombrer dans cet état diabolique, le joueur lui aussi doit faire face au stress perpétuel de voir son personnage subir cette transformation qui le dépossède de son fluide vital à une vitesse affolante. Dès lors, on se laisse vite gagner par la panique, la menace du compte à rebours mortel nous obligeant à prendre des risques inconsidérés en fonçant éperdument dans des environnements inconnus bourrés de pièges. On meurt encore plus souvent qu'à l'accoutumée, mais la fréquence des points de sauvegarde évite de recommencer de manière inconsidérée.
De fait, avec un tel lascar, on ne sera pas étonné de voir que les combats sont un élément capital du gameplay. Le Prince, quelle que soit sa forme, dispose d'un large éventail de coups que l'on pourra d'ailleurs combiner à nos fameuses acrobaties. Hop, un saut sur un mur pour mieux retomber sur le dos d'un sbire du Vizir, voilà qui est plaisant ! Pourtant, rapidement, les combats apparaissent comme un des points faibles de Prince Of Persia : Rival Swords. Répétitifs, confus à cause d'un stick qui ne permet pas de se placer avec précision et rendus pénibles par une gestion de la caméra encore moins performante que dans les épisodes de salon. Souvent, on aura l'impression de passer plus de temps à combattre cette dernière que les vils pourceaux du Vizir. Enfin, même l'ajout des «speed kills», sorte d'actions contextuelles et superbement mises en scène permettant de terrasser un adversaire lui tombant dessus sans qu'il s'y attende, perdent vite de leur attrait tant tout semble fait pour que vous les enchaîniez sans discontinuer. Et que dire du sang des versions de salon, ici remplacé par du jus de navet et du sable ?
Le problème majeur de cette version PSP vient avant tout d'un framerate bancal qui nuit souvent à l'immersion. Pour beaucoup de gamers, le plaisir de jouer à un épisode de Prince Of Persia découle directement de la fluidité des mouvements du personnage. Une fois maîtrisé, le prince virevolte littéralement, en un ballet grisant et superbe, mais là, l'action semble parfois poussive, presque saccadée, à l'image des superbes cinématiques qui s'interrompent parfois pendant plusieurs secondes. Les temps de chargement ne sont pas forcément très longs pour de la PSP, mais certains s'immisceront en plein milieu d'un saut ou d'une empoignade, brisant le rythme et rompant le charme. Certains n'y verront sans doute que du pinaillage, mais les puristes risquent d'être moins tolérants. Quoi qu'il en soit, le fait est que Prince Of Persia : Rival Swords n'offre rien de plus que l'épisode des Deux Royaumes, si ce n'est qu'on aura cette fois droit de se lancer seul ou à deux dans quatre courses de chars indépendantes de l'aventure et disponibles dans le menu principal. Quatre courses amusantes dont il faudra apprendre les tracés, tout comme vous le feriez pour les salles de l'aventure principale. Aussi, seuls les nouveaux venus, ou les fans absolus désireux d'emporter leur Prince au boulot, auront un intérêt à acquérir le soft. On en aurait voulu plus, mais c'est déjà pas mal.
- Graphismes15/20
Le passage sur PSP ne s'est pas fait sans de nombreuses concessions. Les textures sont donc nettement moins fines que sur console de salon, même chose pour l'animation qui perd de sa fluidité. La faute à un framerate pas toujours très stable. Mais l'ensemble est tout de même très satisfaisant.
- Jouabilité14/20
Tous les mouvements du Prince et de son double maléfique sont un véritable plaisir à déclencher, même si l'ensemble n'est pas toujours très fluide. Gérer la caméra demandera parfois presque autant de dextérité que les acrobaties, mais ne boudons pas notre plaisir car Prince Of Persia : Rival Swords demeure très proche de son modèle.
- Durée de vie13/20
Tout est affaire d'apprentissage et de répétition. On mourra souvent, jusqu'à ce qu'on sache exécuter toute une série de mouvements sans ciller pour traverser une salle. Cet aspect rend la progression assez lente, et constituera une joie pour beaucoup de joueurs et un calvaire pour d'autres. Au final, huit heures devraient sans doute suffire à un gamer dévoué, mais quelles heures !
- Bande son13/20
Sans doute le point faible du soft. Les morceaux sont de bonne facture mais on ne pourra pas en dire autant des bruitages, peu nombreux et donc logiquement répétés jusqu'à ce que mort s'en suive. Notons aussi que le son aussi semble accuser quelques décalages et saccades. C'est parfois désagréable, mais pas foncièrement rebutant.
- Scénario15/20
Un conte superbe, tout aussi torturé que son héros.
Prince Of Persia : Rival Swords est un portage honnête de son grand frère de salon, mais dans tous les domaines, il s'avère sensiblement inférieur à son modèle. Logiquement moins beau, moins évident à prendre en main, il n'en reste pas moins un excellent titre d'action/plates-formes que les néophytes en la matière devraient apprécier à sa juste valeur. Les fidèles du Prince en revanche n'auront pas grand intérêt à faire l'investissement.