Eva Cash est un petit bout de femme ambitieuse car déterminée à renvoyer Lara Croft à sa gazinière. C'est donc dans l'optique de détrôner l'exploratrice de l'extrême qu'Eva se lance aujourd'hui dans une aventure où les armes côtoient les pouvoirs surnaturels et où les marines étreignent avec délectation des créatures chitineuses. Une aventure que nous allons découvrir ensemble, afin de nous soutenir mutuellement...
Lorsque votre humble serviteur se lance dans l'écriture d'un test, il aime procéder par ordre en passant d'emblée quelques secondes à résumer le scénario. Avec Eva Cash Project D.I.R.T., cette petite formalité prend des allures de chemin de croix tant l'histoire y est confuse, décousue, bourrée de clichés et dénuée d'originalité. Pourtant, l'entrée en matière se veut efficace en nous permettant d'observer notre chère (?) Eva se réveiller péniblement dans une étrange cellule, juste à temps pour voir un homme se faire joyeusement dépecer par une sorte de cafard géant. Elle ne sait ni comment, ni pourquoi elle est arrivée là, et ses derniers souvenirs font état d'une superbe fête avec des amis, dans l'état du Nevada. La pauvre naufragée de l'esprit ne se souvient même pas de son véritable nom, mais seulement que ses «amis» l'appellent Dirt, la saleté, sans doute parce qu'elle le vaut bien.
A partir de ce moment-là, vous devrez écumer toute une ribambelle de niveaux linéaires composés de couloirs crasseux et dans lesquels fourmillent des créatures baveuses tout autant que juteuses, de même que quelques humains casqués et bêtes comme leurs rangers. Le soft tente pourtant d'offrir un semblant de cohérence, par le biais de cinématiques, d'actions scriptées et d'autres artifices du même genre. L'ennui, c'est que tout semble incroyablement décousu. Alors qu'un niveau de déroule dans des ruelles jonchées de détritus, le suivant vous fera fouler les carpettes immaculées d'un manoir luxueux, tout ça avant de vous faire débarquer dans une boîte de nuit, et ce, sans la moindre explication rationnelle. La saleté ne cherche même pas à comprendre ce qui lui arrive, mais se contente de trucider tout ce qui bouge en cherchant ses «amis».
En effet, la demoiselle est loin d'être effarouchée, et elle est encore moins désarmée. En plus de posséder deux superbes couettes, des piercings, une poitrine agressive et un string en dentelle noire très seyant, Eva dispose également d'un sac à dos en forme d'ours en peluche, nommé Boo, et dont la fonction, outre le transport de rouge à lèvres et d'une lime à ongles, est de signaler à sa porteuse les endroits où elle sera susceptible de réaliser quelque action contextuelle. Au fond, nombre de joueurs accorderont sans doute plus de personnalité au petit plantigrade qu'à sa propriétaire. Mais revenons à nos moutons, Dirt pourra bien entendu utiliser des armes, du pistolet au fusil d'assaut, mais elle pourra avant tout se servir de 8 pouvoirs spéciaux dont elle ignore l'origine. Ainsi, un clic gauche sur votre mulot et vous pourrez nimber votre héroïne d'un champ de force protecteur, ou encore décapiter tous les ennemis à l'écran à l'aide d'un disque psy, voire même déplacer à distance les nombreuses caisses qui infestent votre route. Mieux, vous pourrez même contrôler vos projectiles à la manière de missiles téléguidés.
Le hic, c'est que le jeu ne vous encourage aucunement à faire usage de ces pouvoirs et que bien souvent, foncer tête baissée en faisant parler un fusil à pompe s'avérera la solution la plus efficace. On sera certes confronté à quelques «énigmes» occasionnelles, nécessitant l'usage ponctuel de tel ou tel pouvoir, mais toutes vous apparaîtront comme grossières, ineptes, et maintes fois revues dans d'autres softs. Même dans les combats, Eva ne satisfait aucunement le joueur. Entre les déplacements rigides, une configuration de touches qui n'est pas suffisamment malléable, des ennemis idiots, des mécaniques de jeu grossières, le soft expose ses lacunes à chaque seconde, de même que ses nombreux bugs. Pour couronner le tout, Eva Cash project D.I.R.T. manque singulièrement de pêche, tout comme de charisme, et ne parvient à faire s'enchaîner que quelques gunfights poussifs et soporifiques.
Les niveaux se succèdent et se ressemblent tous et même le système de compétence instauré par les développeurs ne pourra servir à sauver les meubles. Ainsi, en théorie, avant de lancer la campagne, le joueur sera en mesure de choisir entre 3 styles de jeu : précision, furtivité ou attaque. Plus le joueur progressera dans les niveaux en tentant d'être fidèle au style qu'il aura préalablement choisi, plus il empochera de points de compétence. Points qu'il pourra ensuite réinvestir dans de nouvelles armes ou munitions. Mais encore une fois, le système est littéralement réduit en miettes par l'I.A. calamiteuse des ennemis, et qui ne permet jamais la moindre subtilité. En bref, Eva Cash Project D.I.R.T. est un de ces jeux qui tentent de cacher la misère derrière une belle jaquette et une héroïne sexy (enfin presque).
- Graphismes7/20
Les couloirs grisâtres s'enchaînent, les personnages ressemblent tous à Quasimodo après une bonne cuite et l'animation est extrêmement faiblarde, voire occasionnellement risible.
- Jouabilité6/20
Quelle que soit votre configuration de touches, vous trouvez la plupart des actions disponibles difficiles à mettre en oeuvre. Ajoutons à cela des niveaux extrêmement linéaires, des ennemis bêtes à manger du foin et des combats par nature imprécis et chaotiques et vous obtenez une expérience proche de la torture.
- Durée de vie9/20
Voir la fin de l'aventure ne prendra guère plus de six ou sept heures à un joueur moyen mais masochiste. Les plus farfelus pourront même refaire les niveaux en mode contre-la-montre.
- Bande son5/20
Des musiques typées technos exécrables ainsi que quelques bruitages anémiques accompagnent Eva Cash dans ses pérégrinations. Le soft oubliera même régulièrement de faire pétarader votre sulfateuse. Quant aux doublages français, ils sont très pauvres et ont sans doute été réalisés dans l'urgence.
- Scénario4/20
L'histoire est tout simplement incohérente. On a davantage l'impression de faire face au monstre de Frankenstein, avec des morceaux volés çà et là et maladroitement recousus ensemble, plutôt qu'à un véritable jeu vidéo.
Eva Cash Project D.I.R.T. n'a rien pour lui, si ce n'est sa faculté à faire rire le joueur. Les rares bonnes idées se heurtent à des mécanismes de jeu désuets et mal pensés. Même l'héroïne, principal intérêt d'un tel jeu, n'a pas le moindre charisme. Dès les premiers instants, vous n'aurez qu'une seule envie : abandonner Eva Cash à son triste sort.