Si Diddy Kong Racing n'est pas le plus connu des titres du grand Rare de l'ère Nintendo 64, il garde généralement une place chaleureuse dans le coeur de ses anciens joueurs. Réplique valable au Mario Kart de l'époque, il se distingua, il y a dix ans, grâce à un mélange inattendu de 3 types de véhicules différents, et une offre multijoueur supérieure, qualitativement et quantitativement, à son concurrent. Les rares révisions apportées à ce modèle DS permettent-elles de lui faire passer un nouvel entretien, et ce malgré la dizaine d'années au compteur ?
Tout commence un beau matin quand les "juniors" de l'univers Donkey Kong, de Diddy à Dixie en passant par Pipsy ou Tiny, décidèrent de tuer le temps à leur manière. Sous couvert de terrasser un grand méchant d'appoint, le porcin Wizpig, ils décidèrent surtout de répondre à l'appel de la course. Pour ce faire, pas question de limiter les gaudrioles à la seule pétrolette à roues : les véhicules volants et aquatiques seraient aussi autorisés.
Voici, en gros, le plat de résistance de Diddy Kong Racing, à savoir son mode aventure. Plus ou moins guidé par ce scénario assez bêta, vous êtes lâché dans un espace que l'on appellera l'aire de navigation, faite de plusieurs zones thématiques (les tropiques, l'hiver, le volcan...). A partir de là, vous avez accès aux courses à proprement parler. Entre en jeu le fameux principe du ticket d'entrée, si cher à Rare et Nintendo. Toutes les courses et les zones sont barricadées par des portes qui s'ouvriront si vous avez un certain nombre de ballons d'or. Et évidemment, ces sésames vous sont rétribués pour chaque victoire dans les courses. Donc, la première course ne demande aucun ballon d'or, la seconde un seul, l'entrée dans les deux suivantes se paie avec le double, et ainsi de suite jusqu'à ce que l'environnement s'ouvre complètement, vous permettant d'aller butiner des ballons dans d'autres zones, d'autres courses, un peu comme vous voulez. Après un certain temps, on se rend compte qu'il y a une zone centrale et que toutes les autres sont reliées autour d'elle en étoile. Pour accéder à l'ensemble des aires, il vous faudra changer de véhicule. Ainsi, l'avion permet de franchir les liaisons élevées, tandis que l'hydroglisseur vous permet de rejoindre certaines îles. Diddy Kong dispose donc d'une structure assez plaisante.
Si les trois types de véhicules ont des conduites bien typées et agréables (avec un certain temps d'adaptation pour l'avion), ils manquent tous cruellement de mordant. Qu'il s'agisse de la sensation de vitesse, insuffisante, ou des bonus/malus, pas assez méchants et trop classiques, le titre reste bien en deçà des sensations procurées par les dernières productions du même genre, et plus particulièrement Mario Kart DS. Peut-être conscient de cet état de fait, Rare tente de rattraper le coup avec une idée originale de boost à l'allumage de votre bolide. Avant que le feu ne passe au vert, vous êtes invité à "chauffer" la machine à l'aide du stylet. Pour le kart, il s'agit de faire patiner les roues le plus vite possible. Pour l'Hydro, on remplira ses poumons avant de lâcher la brise sur les rotors de l'appareil. Cette utilisation minimale mais efficace de l'écran tactile est une idée intéressante, même si, les premières fois, on perd un peu de temps à passer de l'écran tactile à l'accélérateur. Avec un peu d'agilité, on prend rapidement le coup de main.
D'autres mécanismes sont là pour vous aider pendant la course mais ne convainquent qu'à moitié. Le gameplay prend en compte l'aspiration, mais n'espérez pas obtenir le même coup de fouet que dans Mario Kart DS. Chaque véhicule possède un mouvement alternatif : frein à main pour le kart, virage à 180° pour l'avion et l'hydro. Le problème, c'est que la caméra a bien du mal à suivre ces écarts de direction brusques, et ces manoeuvres sont à proscrire dans les virages les plus exigus. La gestion des collisions est, à ce titre, assez pénible puisque les appareils semblent un peu trop se coller aux murs, et il est assez laborieux de se remettre correctement sur la piste. Bon, toutes ces imperfections deviennent d'anciens souvenirs avec un peu d'entraînement. Même si légèrement vétuste, la prise en main de Diddy Kong Racing reste très correcte grâce au savoir-faire de Rare.
Si il y a bien un élément qui reste d'actualité, c'est la difficulté du soft, à mettre en relation avec la durée de vie totale, multijoueur inclus. Car Diddy Kong Racing est dur, et s'adresse à ceux qui n'auront pas peur de se faire ridiculiser par un poulpe géant. Ce boss, comme tant d'autres, ne vous pardonnera pas la moindre erreur d'inattention. Il en est de même avec les trophées, des tours complets de tous les circuits d'une même zone, afin de valider définitivement cette dernière. Evidemment, il vous faut surclasser tous les autres participants à la fin de ces enchaînements. Autant dire que si vous manquez le moindre podium, recommencez, ça sera plus rapide. Afin de se faciliter un peu la tâche, l'upgrade de ses bolides et des bonus est capital. Et pour cela, il faudra consentir à perdre un peu de temps en course pour récupérer des pièces, disposées comme tous les autres bonus aux endroits les moins évidents de la piste. Vous l'avez compris, le challenge est là, bien présent, et a d'ailleurs tendance à effacer les lacunes décrites dans le paragraphe précédent.
Armé d'un mode multijoueur impeccable grâce à des arènes de bataille idéalement pensées, le titre autorise jusqu'à 8 joueurs, en local comme online, avec une bonne partie du contenu disponible en mode ad hoc. Cependant, on reste circonspect devant les quelques ajouts apportés au contenu, lesquels font davantage office de "patchs" pour justifier le passage écran tactile. Quelques mini-jeux sans grand intérêt, du tir au ballon sur dos de tapis volant dirigé par un rail, un duel entièrement maniable au stylet : voilà le surplus de contenu assez superficiel dont dispose le possesseur de cette version DS. Si on ajoute à tous ces points négatifs des carences visuelles (décrites dans le pavé de notes) et une fréquentation du online un peu en berne pour le moment, cette réédition ne peut pas concurrencer Mario Kart DS. Il lui reste la possibilité de se poser comme une alternative, vétuste sur certains aspects, très sympathique sur d'autres. Un bon jeu, sans plus.
- Graphismes12/20
Le choix de ne pas retoucher l'original est limite et pèse lourdement sur un rendu qui n'est pas vraiment adapté à la console. A cause d'une résolution très faible et en l'absence d'une fonction de filtrage sur la DS, les textures pixellisent grossièrement. La présence d'un brouillard dans la moitié des courses, et la pauvreté de pas mal d'environnements sont gênantes. Par contre, la vitesse d'affichage ronronne. N'oublions pas que sur Nintendo 64, il en était tout autrement.
- Jouabilité13/20
Dans l'idéal, on vous mettrait un graphique sur l'intensité du gameplay et vous verriez que la courbe de Diddy Kong Racing serait stable mais peine à s'affoler. Bridé par un rythme général trop pépère et le manque de modernité du gameplay, le titre doit surtout sa saveur à la variété apportée par les différents types de véhicules et le challenge que constitue le mode aventure. Les quelques nouveautés qui utilisent les possibilités de la console restent très secondaires. Le mode bataille en multijoueur est vraiment chouette grâce à des arènes soignées.
- Durée de vie17/20
Le mode aventure ne se boucle pas le temps d'une après-midi, comme c'est trop souvent le cas. Non seulement il est bien fourni en nombre de courses mais il exigera de vous la victoire pour chaque épreuve. Si vous l'accomplissez à 100%, vous aurez de surcroît droit à une nouvelle aventure. Il faut malheureusement signaler plusieurs répétitions imposées, histoire de gonfler la durée de vie. Cependant, et en présence d'un mode multijoueur très intéressant, Diddy Kong est vraiment gonflé.
- Bande son14/20
C'est de bon goût, joyeux sans être abrutissant à la fois. Les digits, bruitages et voix, si chers à la Nintendo 64 ont été reproduits pour mieux supporter le passage sur DS. Le résultat est toujours aussi attachant et proche du concours de gimmicks.
- Scénario/
-
Le fiston de Donkey nous fait là un retour sans grands changements. Ceux qui le découvriront avec cette version devraient apprécier un jeu de courses arcade varié, accrocheur, riche et taillé sur mesure pour le multijoueur, encore aujourd'hui. Vu la situation stationnaire du jeu de kart sur DS depuis la mainmise traditionnelle de Mario, la sortie de Diddy Kong Racing est presque salvatrice en soi. Peste soit malgré tout (ventredieu !) certains éléments de gameplay franchement vieillissants, le rythme indigent, le manque de monde sur le multi online ou les faiblesses de la plastique. On a bien l'impression, quelque part, de nourrir un Rare un peu trop paresseux. Mais le plaisir est toujours là.