La Wii vous propose aujourd'hui de sillonner son ciel en compagnie de bestioles plus emplumées que Cochise. Aux commandes d'un vieux biplan, votre nouveau job de coursier vous emmènera protéger et servir la veuve et l'orphelin, à moins que ce test vous remette les pieds sur terre.
Si vous aussi, vous aviez toujours rêvé d'incarner un pigeon, en voici maintenant l'occasion ! Mais pas n'importe quel pigeon s'il vous plaît, je parle du bien nommé Colombin Wing Junior, que nous appellerons dorénavant Junior par souci de concision et pour tuer dans l'oeuf les boutades malvenues qui, je n'en doute pas, se forment déjà dans votre esprit torturé. Au début du jeu, le grand-père de Junior décide de partir à l'aventure, mais avant, il confie sa petite entreprise aux bons soins de Junior. Cette société de services, appelée Wing And Cie, emploie des jeunes pilotes qui, aux commandes de leurs avions, remplissent toutes les tâches que la population aviaire locale daigne leur confier, moyennant finance bien entendu. C'est à Junior, et donc à vous, qu'il incombe de faire prospérer l'entreprise en remplissant des contrats, tout autant que vos poches. Un concept assez étonnant, puisqu'ici, ces animaux ailés ont semble-t-il préféré troquer leurs véritables ailes contre de pâles imitations mécanisées, mais passons. Le scénario n'est clairement pas la force du soft et la plupart d'entre vous zapperont impitoyablement les cinématiques poussives et pauvrement mises en scène.
Ainsi, vous allez vite vous retrouver assis dans le cockpit d'un petit coucou qui n'aurait pas dépareillé dans Porco Rosso de Miyazaki. Ce coucou, s'il est tout à fait correct en l'état, pourra bien sûr être amélioré et réparé au garage local afin d'en augmenter les performances en vol. Par la suite, vous pourrez même acquérir de nouveaux avions, plus ou moins adaptés à un type de mission spécifique. Au fond, Wing Island plonge le joueur dans un univers assez proche de ce que certains ont peut-être connu en jouant à un des épisodes de la série Pilotwings. Ici, on se retrouvera à survoler une mer bleue dans laquelle se perdent quelques îles et autres morceaux de terre dénudés. Les missions pour lesquelles on vous paie semblent assez variées dans un premier temps, mais s'avéreront vite semblables, surtout après avoir obtenu l'accès à la deuxième des trois zones proposées par le jeu. Les 27 missions du soft, toutes en temps limité, se divisent donc entre des petites phases de livraisons de colis de diverses natures, de repérages ou de captures d'animaux, de courses dans des anneaux, ou d'éclatages de ballons. Parfois, on devra même jouer au canard d'air en aidant les pompiers locaux à éteindre un incendie dévastateur, ou même se faire bombardier pour détruire quelques rochers et déblayer des routes maritimes. Dans tous les cas, la plupart de vos objectifs seront marqués par un point sur votre boussole et il sera impossible de vous perdre, ou même de fureter à droite à gauche dans les petits niveaux proposés.
Mais tout l'intérêt du soft réside dans son système de contrôle unique et dont certains se souviennent sans doute, puisqu'il avait servi à exposer le fonctionnement de la Wiimote lors de sa présentation. Ainsi il s'agira d'agripper la petite télécommande blanche comme s'il s'agissait d'un modèle réduit d'avion, comme dans votre plus jeune âge. Il faudra donc la manipuler comme un jouet, la pencher en avant pour voir votre appareil plonger, la pencher en arrière pour reprendre de l'altitude et l'incliner sur un côté pour tourner. Le pauvre et esseulé Nunchuk ne servira donc qu'à orienter la caméra, ou à faire office de Wiimote lorsque vous déciderez de jouer à Wing Island avec un pote, en écran splitté. Si ce mode de contrôle semble incroyablement intuitif et facile à prendre en main sur le papier, une fois la Wiimote en main, c'est une toute autre histoire. Certes, votre coucou réagit avec précision et les missions en solo s'avéreront agréables, même si vraiment superficielles et basiques. En revanche, là où ça se gâte, c'est quand vous devrez vous amuser à contrôler une escadrille entière.
Ainsi, beaucoup de missions se feront en compagnie de 4 autres pilotes, qui voleront autour de vous et vous suivront jusqu'en enfer. Le jeu s'évertuera alors à vous faire user des trois formations mises à votre disposition, et qu'on déclenchera en maintenant le bouton A enfoncé et en agitant la Wiimote dans une direction précise. Si vous tentez de vous représenter cet acte apparemment anodin, vous vous apercevrez sans doute qu'il n'est guère aisé de tenir la Wiimote comme une fléchette, tout en appuyant sur sa partie supérieure et en la secouant... Une fois sur deux, la console ne reconnaîtra rien du pitoyable geste que vous tenterez d'effectuer et vous vous retrouverez bien vite à maudire la mission en question et à souhaiter être tout seul à nouveau. Mais là encore, dès que vous entreprendrez quelque action qui change un tant soit peu de l'ordinaire, comme un rapide tour à 180 degrés, qui implique un geste proche du changement de formation, vous serez confronté au même problème. Si vous n'êtes pas extrêmement précis, vous vous retrouverez régulièrement avec un avion incontrôlable et incontrôlé et qui n'aura qu'une seule idée en tête : se croûter lamentablement sur le plancher des vaches ou vous mettre le bec dans l'eau.
En bref, Wing Island est un soft de vol insipide dont les principaux atouts s'étouffent malheureusement tout seul. Le contrôle à la Wiimote, si séduisant sur le papier, s'avère très mal pensé. Peut-être aurait-il été plus avisé d'attacher toutes les manoeuvres spéciales au Nunchuk plutôt que de tenter de tout coller sur le dos de la pauvre petite télécommande blanche, qui a bien du mal à résister sous l'ampleur du fardeau.
- Graphismes8/20
On ne peut pas dire que Wing Island brille par sa réalisation. Les environnements sont très plats et manquent de vie. Les explosions ou effets évoquent plus la Nintendo 64 qu'un véritable jeu Wii en bonne et due forme.
- Jouabilité7/20
Le fait de devoir tout contrôler avec la frêle Wiimote limite considérablement l'amusement que l'on aurait autrement pu tirer du soft. Les manoeuvres s'emmêlent et on aura davantage l'impression de subir l'action que de la contrôler. Occasionnellement pourtant, quelques missions en solo se montreront distrayantes, à défaut d'être riches et recherchées.
- Durée de vie9/20
La campagne Wing Island se compose de 27 missions qui théoriquement, ne prennent que quelques minutes à compléter, mais le maniement aléatoire fait qu'on devra parfois recommencer plusieurs fois. Ce n'est certainement pas la meilleure manière d'étendre la durée de vie d'un jeu. On pourra aussi compter sur un mode championnat qui ne propose que quelques variantes des missions de base. Quant au mode deux joueurs, il s'avère très accessoire.
- Bande son12/20
Les petites musiques légères qui accompagnent nos virées aériennes sont sympathiques, sans être exceptionnelles. Même chose pour les bruitages cartoon qui ponctuent nos actions. Le langage des personnages est informe, un peu à la manière des habitants d'Animal Crossing, mais il colle plutôt bien à ces drôles d'oiseaux.
- Scénario10/20
L'histoire semble superflue et les missions auraient peut-être gagné à être plus indépendantes les unes des autres, plutôt que d'être articulées autour de saynètes simplistes, d'images fixes ternes et de dialogues peu inspirés.
Wing Island se voulait le parfait illustrateur d'un concept excitant et innovant, mais qui se montre trop mal exploité pour offrir de véritables sensations. Wing Island est occasionnellement agréable, mais s'avérera le plus souvent frustrant et limité. Un soft à éviter.