Depuis l'arrivée de la Nintendo DS en France, quatre jeux Pokémon sont déjà disponibles sur ce support, et pourtant aucun d'entre eux ne fait réellement partie de la branche principale telle qu'on la connaît depuis les épisodes Rouge et Bleu sur Gameboy. Histoire de faire patienter les fans jusqu'à la sortie des versions Diamant et Perle, Nintendo cherche à gagner du temps avec Pokémon Ranger, un titre assez marginal qui n'est pourtant pas dénué d'intérêt.
N'ayant rien à voir avec le concept de Pokémon Donjon Mystère sorti récemment, et s'éloignant sensiblement de la recette habituelle des versions classiques de la série, Pokémon Ranger se fait fort d'introduire un nouveau système de jeu qui n'est pas pour nous déplaire. Oubliez donc tout de suite les notions de dresseur Pokémon et de tour par tour, car cet opus n'en a que faire. Désormais, le joueur incarne un Ranger ayant le devoir de servir les gens en s'appuyant sur les talents des créatures qu'il capture. Pour autant, le but du jeu n'est pas d'attraper tous les Pokémons de la région de Fiore, mais plutôt de mener à bien chacune des missions qui vous sont confiées de manière à faire avancer la trame principale. La capture n'est donc plus une priorité, mais elle vous est quand même indispensable pour progresser dans l'aventure. Celle-ci est découpée en une succession de missions qui pourront aller de l'escorte d'un individu à la recherche d'un Pokémon perdu. Mais le monde à découvrir se veut moins vaste qu'à l'accoutumée puisqu'il ne comporte que quatre villes à explorer avec leurs alentours.
On regrettera tout de même que le Pokémon désigné comme étant votre partenaire soit imposé au départ, à savoir Posipi pour la jeune fille et Négapi pour le garçon. Celui-ci aura d'ailleurs un rôle important à jouer puisqu'il est le seul à pouvoir évoluer en dehors de son habitat naturel et que vous pourrez le conserver en permanence à vos côtés. Il faut en effet bien garder à l'esprit que les Pokémon sauvages qui vous accompagneront par la suite ne le feront que de manière temporaire avant de disparaître précipitamment dès que vous aurez recours à une de leurs techniques. Leurs talents ne sont d'ailleurs pas seulement utiles en combat mais aussi sur le terrain, par exemple pour asperger de l'eau pour éteindre un feu, enflammer des ballots de paille, découper des clôtures en bois, démolir des murs, lancer une liane pour franchir un gouffre, utiliser un flash pour éclairer un souterrain et bien d'autres choses encore. Il faut savoir aussi qu'au sein même d'une catégorie, l'efficacité d'une capacité varie d'un Pokémon à l'autre, à l'instar du jet de flammes de Poussifeu qui n'a pas la même puissance que celui de Galifeu. Vous aurez compris qu'il est réellement indispensable de s'entourer d'un maximum d'alliés pour avancer dans le jeu, tout en s'assurant qu'ils possèdent des talents complémentaires, mais encore faut-il savoir comment les capturer.
On a vu que la tradition du tour par tour avait été évincée au profit d'un système de combat complètement nouveau, mais si celui-ci a le mérite d'être un peu plus amusant, il est aussi moins riche et ne fera sans doute pas l'unanimité auprès des puristes. Le système de capture repose entièrement sur l'utilisation du Capstick, un nouvel objet qui vous permet d'enfermer les Pokémon sauvages dans des cercles que vous tracez directement à l'écran à l'aide du stylet. L'animal est bien sûr en droit de se défendre, il peut donc essayer de sortir du cercle pour vous obliger à recommencer, ou même attaquer directement votre ligne de capture pour tenter d'affaiblir le Capstick. Et si la résistance de ce dernier arrive à zéro, c'est le Game Over assuré. L'astuce consiste donc à encercler le Pokémon le plus rapidement possible, sachant que la capture sera plus difficile si le nombre de cercles requis est élevé, et qu'elle pourra échouer si l'animal prend la fuite. A noter que même lorsque le processus est terminé, vous pouvez tenter de le prolonger pour gagner davantage de points d'expérience. L'idée ne s'arrête évidemment pas là puisque pour piéger les créatures les plus farouches, vous aurez la possibilité de recourir aux talents des Pokémons qui vous accompagnent au moment de la capture.
Il suffira en général de cliquer sur l'icône de vos alliés pour choisir celui qui vous viendra en aide, sachant qu'il quittera ensuite définitivement le groupe à moins qu'il s'agisse de votre partenaire attitré. Si certains se contentent de neutraliser directement l'ennemi pour vous laisser le temps de l'emprisonner, les effets produits par la majorité des Pokémon capturés sont plus délicats à utiliser. Par exemple, une créature de type plante créera un barrage de ronces à l'endroit où vous tracerez votre ligne de capture, tandis qu'une créature de type eau vous permettra de créer des bulles pour piéger l'adversaire à l'intérieur. On trouve ainsi une grande diversité de techniques de soutien aux effets multiples, allant du cercle de flammes à la projection de glace en passant par la brume toxique. Par ailleurs, plus vous monterez en grade au fur et à mesure de l'expérience acquise, plus votre éventail de techniques d'aides s'étoffera. Tout ceci relance assez bien l'intérêt du système de capture qui aurait tendance à lasser rapidement et qui n'a pas la profondeur de celui qu'on retrouve dans les principaux volets de la série. Qui plus est, l'aventure se veut plus dirigiste et surtout plus courte que ce à quoi nous ont habitué les précédents volets, malgré la présence de quelques mini-jeux et la possibilité de partir à la recherche de la totalité des Pokémons présents dans le jeu. C'est pourquoi on ne conseillera ce titre qu'aux plus curieux d'entre vous.
- Graphismes13/20
Pokémon est sans doute la série qui a su le moins évoluer techniquement au fil des versions, et cet épisode est finalement plus réussi visuellement que la plupart des autres volets. Malgré tout, la réalisation n'atteint pas des sommets, surtout lors des phases de capture qui sont graphiquement peu détaillées.
- Jouabilité14/20
Le stylet est mis à contribution de façon intelligente pour gérer tous les déplacements et interactions, ce qui évite de devoir systématiquement s'approcher d'un objet ou d'un interlocuteur pour agir. Le système de capture est amusant et se renouvelle assez bien grâce aux talents qu'on peut acquérir, mais il a un côté simpliste qui rebutera peut-être les puristes.
- Durée de vie12/20
A la fois court et dirigiste, le soft ne comporte que dix missions obligatoires plus quelques missions bonus, et les mini-jeux sont peu nombreux. Le navigateur faisant office de Pokédex, on peut très bien essayer de le compléter entièrement (plus de 200 créatures en tout), même si les Pokémons ne restent pas avec vous définitivement.
- Bande son13/20
L'environnement sonore est agrémenté de mélodies sympathiques mais sans plus. Ce n'est pas ce critère qui attire le plus l'attention.
- Scénario12/20
L'histoire est beaucoup trop convenue pour éveiller un réel intérêt et s'adresse toujours à un très jeune public.
S'il a le mérite de renouveler un petit peu le concept de la série, Pokémon Ranger a aussi le défaut de manquer de profondeur par rapport aux versions traditionnelles de la série. Même si l'aventure reste plaisante, on fait le tour du jeu trop rapidement en regrettant qu'il ne nous offre pas plus de liberté.