Vous vous sentez l'âme d'un félon ? Vous avez toujours été le premier à gruger pendant les interros de maths ? Et vous avez de plus toujours ressenti un élan de sympathie lorsque Omar Sharif apparaissait sur le petit écran pour vous inciter à parier vos deniers chèrement acquis sur des quadrupèdes aux noms à coucher dehors ? Alors, mes bons amis, vous risquez bien de trouver votre bonheur sur PSP.
L'Arnaqueur, après avoir troqué son nom d'origine contre quelque chose d'un peu plus présentable, ne vous propose ni plus ni moins que de devenir le roi du pétrole en conjuguant vos capacités de combattant et vos talents d'acteur. Vous incarnez un repris de justice particulièrement vindicatif et ambitieux qui coule des jours heureux dans les entrailles d'un pénitencier pourri. Curieusement, un jour, les gardes viennent vous chercher et vous collent dehors sans ménagement. Vous apprenez alors qu'une généreuse donatrice a fait en sorte de vous libérer et que toute philanthrope qu'elle est, elle compte bien rentabiliser son investissement sur votre dos musculeux et votre carrure de tank. C'est ainsi que vous vous retrouvez intégré à un obscur réseau underground dont les activités tournent toutes autour de combats de rue aussi violents que malsains. Votre malfaitrice vous apprend peu à peu à évoluer dans le milieu, elle vous enseigne l'art du combat tout autant que les moyens d'en tirer profit, quelle que soit l'issue des affrontements. En ligne de mire, le Tournoi et ses millions de dollars de récompense. Cette compétition, organisée par le caïd de service, oppose les meilleurs combattants du milieu et votre objectif est de tout faire pour y participer. Une fois tous ces secrets révélés, votre avatar se débarrassera de son enseignante, en toute simplicité, pour se lancer dans l'aventure tout seul, comme un grand.
La période que vous passerez sous la houlette de votre Yoda urbain sera l'occasion de vous familiariser avec les mécanismes de combat du titre. Contrairement à des jeux comme Tekken : Dark Resurrection, la caméra se place vaguement en retrait, derrière vous, et légèrement de biais. D'emblée, on sait donc que l'Arnaqueur s'aborde plus comme un soft de boxe que comme un jeu de baston plus classique. Les touches d'attaque servent à lâcher des coups hauts ou bas et toujours orientés vers la droite ou la gauche. De fait, lorsque votre adversaire vous est présenté, il sera parfois utile de noter si le bougre est gaucher ou droitier. Quant aux touches directionnelles, on les utilisera pour se déplacer, bien sûr, mais surtout pour esquiver les tatanes. Par définition, les combats seront donc plutôt statiques et basés sur l'observation des mouvements de l'adversaire. Le système fait la part belle aux combos, qui varient en fonction du style de combat des personnages. Le jeu nous en offre 5, du Taekwondo, au Kickboxing en passant par la Lutte, le Street Boxing et enfin le Jeet Kwon Do (à mes souhaits). Notez aussi que si vous décidez de créer votre combattant de toutes pièces au début de l'aventure, au lieu de vous contenter d'un des modèles prédéfinis, vous aurez la possibilité de configurer vos propres combinaisons de touches pour réaliser lesdits combos.
Bref, sur le papier, les combats de L'Arnaqueur semblent intéressants et ont le mérite d'offrir une approche un peu originale. L'ennui, c'est que tout ça passe mal sur l'écran de la console. Les personnages réagissent avec lenteur, l'animation n'est pas assez fluide pour pouvoir suivre les mouvements et les feintes de vos ennemis. Et si d'aventure, votre adversaire vous étale et parvient à passer dans votre dos, vous aurez alors toutes les peines du monde à faire en sorte que votre avatar se retourne. Les empoignades sont confuses et suivent toujours le même schéma : mandale à droite, feinte, mandale à gauche, combo. Du coup, pour cacher la misère, l'Arnaqueur tente de vous entourlouper en greffant le fameux système de paris à l'ensemble. Avant chaque combat, vous aurez ainsi la possibilité de miser de l'argent sur votre combattant ou l'adversaire. Et c'est là qu'entre en scène le gâchette gauche de la PSP, qui au cours des combats, permet soit de donner de faux coups à l'adversaire, soit de simuler une douleur atroce lorsqu'on est touché. L'intérêt ? Berner le public, faire monter les paris et ainsi gagner plus de pépettes. Car pour accéder au tournoi final, il faut être en mesure de lâcher 100 000 dollars. Du coup, tout est bon. Parier sur vous-même, ou plus tard vos poulains, puisque vous pourrez en gérer jusqu'à 3 un peu plus tard, simuler un début de match difficile et enfin effectuer un come-back tonitruant en pulvérisant votre adversaire. Le tout est de pouvoir donner le change, de donner l'impression d'un combat crédible.
Une jauge permet de juger de la vraisemblance de votre performance, et si celle-ci diminue trop, votre combattant finira lynché, vous perdrez de l'argent ainsi que des places dans le classement et les portes du Tournoi s'éloigneront d'un cran. Là encore, cet aspect du jeu est une excellente idée, mais il perd rapidement de son intérêt car on s'aperçoit bien vite que gagner à la loyale rapporte presque autant qu'en truquant les combats. Plus dommageable encore, l'adversaire n'utilise pas ces tactiques et se contente de livrer son combat comme un preux chevalier, avec honneur et rectitude. Et pire que tout, tout le système d'arnaque disparaît totalement en multijoueur... Certes, utiliser tout ça dans un mode multi semble un peu utopique, mais tout de même, nous voilà avec l'exemple typique d'une brillante idée trop mal exploitée pour pouvoir faire du jeu quelque chose de vraiment accrocheur et original... Et même l'aspect gestion de vos propres combattants, qui se résume à leur préparer un planning d'entraînement et à choisir leurs combats, semble juste là pour ajouter un semblant de richesse à un mode solo qui tourne rapidement en rond.
Dans l'incapacité de prendre nos propres images, les screens qui ornent cette page nous sont fournis par l'éditeur.
- Graphismes10/20
Personnages comme arènes sont extrêmement simplistes. Votre PSP ne risque pas de trop souffrir en faisant tourner l'Arnaqueur. On passerait volontiers outre la platitude technique du soft si celle-ci ne venait pas empiéter sur le gameplay.
- Jouabilité11/20
Les combats, qui peuvent devenir techniques, surtout passée la première heure de jeu, sont malheureusement entachés par une animation hachée et des délais de réaction des personnages trop longs. Quant au système de paris et de gestion de votre équipe, il est tout simplement sous-exploité. Peut-être que si une suite voit le jour...
- Durée de vie12/20
Amasser les 100 000 dollars, étrangement convertis en euros dans cette version française d'ailleurs, devrait vous occuper une huitaine d'heures, mais l'ensemble devient si répétitif que je doute de vous voir tenir jusque-là. Quant au multi, il n'offre que le strict minimum.
- Bande son13/20
Des morceaux oldies de bonne facture constituent l'essentiel de la bande-son, mais les bruitages n'ont rien d'exceptionnel. Cela dit, le fait d'avoir gardé les dialogues originaux est plutôt un bon point.
- Scénario/
Classique, sans génie et surtout accessoire.
Le concept de L'Arnaqueur était tout bonnement excellent, mais il s'avère trop mal exploité pour offrir un véritable bol d'air frais au joueur. Les combats sont de plus trop mous et manquent de fluidité. Du coup, le soft ne semble vraiment bon nulle part et se perd dans ses propres ambitions. L'Arnaqueur mérite tout de même d'être essayé, rien que pour profiter de quelque chose d'un peu différent, mais après...