L'univers d'Aura premier du nom avait su séduire les amateurs de jeux d'aventure. Et pour cause, mélanger ainsi magie et technologie dans un monde (ou plutôt des mondes) à l'esprit très rétrofuturiste fut une expérience très agréable. Après ce succès, les développeurs ont donc lancé la production d'un second volet qui reprend l'aventure là où elle s'était arrêtée.
Pour décrire le contexte à tous ceux qui n'auraient jamais joué à Aura, on pourrait prendre pour modèle les machines imaginées par Léonard de Vinci. En effet, on est en présence de drôles d'engins à vapeur : une maison capable de se mouvoir comme une araignée, d'étranges véhicules propulsés par l'énergie de mystérieux cristaux, bref, c'est à un mix entre inventions de l'ère industrielle et magie auquel on a droit. Pour sa part, le joueur se retrouve dans la peau d'Umang, un serviteur du clan des gardiens. Ce groupement est une assemblée de sages détenteurs d'artefacts rendant possible le voyage dans des univers parallèles. Au début de l'aventure, vous allez être envoyé dans un monde inconnu dans le but de protéger ces précieux items de la convoitise d'un clan rival. Hélas, des membres de ce groupe maléfique vous ont suivi et ambitionnent de mettre la main sur ces objets pour s'en attribuer tout le pouvoir.
Tout commence dans la maison de Nikifor, un habitant du coin qui vous héberge. Vous vous apercevrez très vite que sa demeure est en fait bien plus qu'une simple bicoque faite de tôle et de bois, puisqu'elle est aussi capable de bouger et de voyager. Votre premier objectif sera donc de trouver un moyen de la mettre en marche. Et c'est loin d'être facile puisqu'il va falloir comprendre le fonctionnement d'une multitude de mécanismes, d'où la présence d'énigmes. Car il ne faut pas s'y tromper, tout comme son prédécesseur, Aura 2 est un Myst-like dans lequel vous devez venir à bout de puzzles pour progresser. Les développeurs ont d'ailleurs voulu rendre ceux de cette suite plus difficiles, ce qui devrait convenir aux joueurs confirmés mais qui risque aussi de rebuter les novices qui auront beaucoup de mal à avancer sans solution ou sans l'aide d'autres joueurs. La logique de certains puzzles est en effet loin d'être évidente à comprendre et les indications sont rares. Néanmoins, ça reste toujours cohérent et c'est donc un bon point.
Si tout cela joue naturellement en faveur de Aura 2, il y a tout de même quelque chose qui ne va pas dans ce titre, c'est son scénario. Au départ accrocheur, l'impression générale est gâchée ensuite par le manque de charisme des rares personnages rencontrés et par le fait qu'ils sont bien trop peu exploités dans l'histoire. On n'a pour ainsi dire pas le temps de bien faire leur connaissance. Pourquoi ne pas avoir été plus loin dans les relations entre Umang et Nikifor par exemple ? Pourquoi ce dernier accueille notre personnage sans se poser de questions ? On ne le sait pas et ça donne le sentiment que les événements tombent comme un cheveu sur la soupe, comme si les développeurs avaient écrit un livre dans lequel le lecteur sauterait des pages pour arriver directement aux moments importants. Le contexte n'a donc pas le temps de bien s'imposer et au final, on a un peu le sentiment que ce sont les énigmes qui ont été conçues avant l'histoire qui n'est là que pour donner un semblant d'enrobage.
Cette histoire lacunaire qui m'a, il faut bien l'avouer, un peu gêné, vient aussi des dialogues qui sont très décevants. Déjà peu nombreux, ces doublages sont aussi d'une platitude et d'un ennui rares. Les doubleurs de la VF font ce qu'ils peuvent (ils sont d'ailleurs convaincants), mais en l'occurrence c'est plutôt l'écriture qui est en cause. C'est donc toute la narration et la manière de raconter l'histoire qui seraient à revoir parce qu'en l'état, c'est loin d'être satisfaisant. En définitive, il faut donc bien admettre que notre mission passe au second plan et que c'est surtout l'enchaînement des énigmes que l'on retiendra. Certaines étant originales, les amateurs de puzzles peuvent sans problème acquérir le titre, mais en sachant bien que le scénario n'est pas le point fort du soft.
- Graphismes12/20
Les graphismes sont vraiment inconstants. Tant que l'on reste en intérieur et que l'on ne s'approche pas des éléments du décor, tout va bien : c'est joli et détaillé. En revanche, les environnements extérieurs sont nettement moins réussis. Quant aux personnages, un seul mot peut les qualifier : beurk !
- Jouabilité14/20
La prise en main de ce Myst-like est très aisée puisque c'est un gameplay typique des jeux omni-3D. Néanmoins, plusieurs éléments agacent au plus haut point, aux premiers rangs desquels on peut citer les incessants allers-retours nécessaires pour activer les mécanismes, ainsi que la possibilité de mourir qui vous obligera à sauvegarder fréquemment votre progression puisqu'aucun mode "seconde chance" n'est au programme.
- Durée de vie14/20
Globalement, le jeu est plus difficile que son devancier et la durée de vie est donc au rendez-vous. Il y a fort à parier que vous soyez bloqué à de nombreuses reprises. Finir le jeu sans aide d'autres joueurs ni solution ne sera donc l'apanage que des meilleurs d'entre vous.
- Bande son12/20
La VF est globalement bien doublée et les effets sonores ne sont pas mauvais. Hélas, la plupart des musiques (qui tournent en boucle) ne sont pas à la hauteur.
- Scénario11/20
En dehors du fait que les personnages soient anti-charismatiques au possible, on regrette que le scénario soit aussi prévisible et léger. Comme dans le premier volet, on a un peu de mal à bien s'impliquer dans l'histoire car chaque rebondissement arrive comme un cheveu sur la soupe.
Aura 2 est un jeu qui avait un potentiel énorme mais qui est au final un peu gâché par le manque de maîtrise scénaristique dont ont fait preuve les développeurs. Ils nous imposent en effet des dialogues basiques et des rebondissements qui tombent à plat. Restent néanmoins quelques puzzles retors qui plairont à ceux qui veulent mettre leurs neurones à l'épreuve. C'est donc avant tout ce dernier aspect qu'il faut retenir d'Aura 2. Un peu dommage car il y avait matière à faire quelque chose de grandiose avec un tel contexte de départ.