Harley-Davidson : Race To The Rally s'adresse avant tout aux fans de la marque mythique et de ses superbes cylindrées au look rétro si seyant. Pour beaucoup de gens, ces motos évoquent toujours une certaine image des Etats-Unis, au même titre que les cheeseburgers et le beurre de cacahouète, une vision de grands espaces, de routes longilignes où l'homme et sa monture mécanique s'avancent vers le soleil couchant en s'abreuvant de liberté. Mais qu'advient-il lorsque le rêve est impitoyablement compressé sur un CD et séquestré dans une petite boîte en plastique qui ne paie pas de mine ? Si la jaquette arbore fièrement les couleurs de la marque, le rêve se révèle définitivement brisé en une multitude de petits morceaux métalliques dès lors qu'on lance le jeu.

Harley-Davidson : Race To The Rally vous offre la possibilité de traverser les Etats-Unis, non pas en prenant votre temps et en vous délectant des somptueux paysages de ce grand pays, mais bien à toute vitesse avec au coeur l'espoir fugace de dépasser cinq autres motards tout aussi énervés que vous. De fait, vos terrains de jeu ne sont rien d'autre que des tronçons célèbres de l'infrastructure routière américaine, avec en tête de liste, la légendaire route 66. Mais le problème, lorsque l'on sort de l'enceinte sécurisée d'un circuit dédié aux sports mécaniques, c'est que vous ne serez pas les seuls sur la route. Il faudra donc partager vos terrains de jeu avec une circulation qui s'épaissira au fur et à mesure de votre progression et qui ne sera pas sans rappeler les conducteurs innocents mais sans cervelle de la série Burnout.

Cette comparaison ne s'arrête d'ailleurs pas là, puisque comme dans le titre d'Electronic Arts il sera nécessaire de faire usage de boost pour filer comme le vent. Pour bâtir ce petit capital de produit dopant, il vous sera demandé d'enchaîner les figures les plus dangereuses possible : conduite à contresens, esquives de dernière seconde, sauts sur les nombreux tremplins abandonnés çà et là sur l'asphalte et surtout massacre de vos concurrents. Malheureusement, Harley-Davidson : Race To The Rally n'a pas les moyens de jouer dans la même catégorie que son égérie d'EA. La faute à un maniement rigide qui vous empêchera surtout de tourner convenablement. Certes nous sommes sur des motos, et cela implique une conduite totalement différente de celle de véhicules dotés de plus de roues, mais quitte à faire un jeu arcade orienté vers le fun et les giclées de super vitesse, pourquoi ne pas laisser la possibilité au joueur de prendre ses virages avec aisance ?

Le jeu souffre en plus d'un autre défaut majeur, qui nuit au bon déroulement des opérations, il s'agit de la gestion des collisions, tout bonnement catastrophique. Selon l'humeur du soft, un choc frontal avec une voiture vous bloquera net ou vous enverra voler à des kilomètres de la piste. Parfois une petite touchette suffit pour que votre pilote se jette dans une étreinte purement passionnelle avec le goudron. De fait, on ne sait jamais à quoi s'en tenir et le hasard s'élèvera en tant que juge absolu lors de la moindre prise de risque. Cela est d'autant plus gênant que le seul moyen d'avoir accès à de nouvelles montures consiste à remplir certains défis pendant les courses : «Ejecter 5 autres motards à leur fonçant dessus», ou encore «Effectuer 3 sauts». Moi je veux bien, mais comme tout est toujours aussi aléatoire, je préfère rendre mon blouson en cuir couvert de cambouis tout de suite...

Harley-Davidson : Race To The Rally tente donc, malhabilement, de vous maintenir en selle, à grands coups de motos déblocables et de nouveaux objets à utiliser pour les tuner et les améliorer. Les passionnés, s'ils en ont le courage, retrouveront donc avec joie une vingtaine de modèles d'Harley-Davidson, avec entre autres l'EL Knucklehead, la XR750 Racer, ou encore la FXDB Dyna Street Bob, toutes correctement modélisées. Si les motos sont reconnaissables, on jugera sans doute le reste du décor avec beaucoup plus de sévérité. Les pistes sont sans charme ni génie, elles alternent les lignes droites et les passages beaucoup plus sinueux avec une régularité de métronome, et ce ne sont pas les quelques raccourcis souvent inutiles qui relèveront le niveau. En somme, le soft ne nous offre que des couloirs aussi pauvres à regarder qu'ennuyeux à traverser en lieu et place des grands espaces américains qu'on était en droit d'attendre. Bref, Harley-Davidson, malgré quelques bonnes idées, ne laisse aucunement le joueur passer d'agréables moments avec les motos de ses rêves. Dommage.