Orpheline d'un troisième volet depuis plus de quatre ans, la série Virtua Tennis est enfin de retour sur les courts pour se présenter comme l'un des titres sur lesquels Sega a le plus communiqué ces derniers mois. Sûr de lui, l'éditeur/développeur a été jusqu'à décortiquer le jeu à travers de nombreuses images et vidéos, toutes plus alléchantes les unes que les autres. A mi-chemin entre arcade et simulation, ce troisième larron d'une franchise pauvre en quantité mais riche en qualité est attendu comme le Messie par les amateurs de tennis.
Si elle s'est longuement faite attendre, cette troisième itération de la série qui a converti à l'arcade nombre de joueurs pourtant allergiques au genre a pris le temps de combiner ses qualités intrinsèques avec les progrès offerts par les machines nouvelle génération. Attendez-vous donc à un gameplay familier et déjà bien huilé, associé à une réalisation graphique de haut niveau, dictée par l'envie de proposer l'immersion la plus totale. Sega prouve du coup qu'accessibilité et réalisme ne sont pas incompatibles, ce qui devrait convenir à tous types de publics, souvent rassemblés à l'occasion de quelques soirées entre compétiteurs. En ce sens, le multijoueur prend une part importante à la longévité d'un titre qui n'est jamais aussi prenant que lorsque quatre utilisateurs humains s'affrontent sur terre battue, gazon ou synthétique. Virtua Tennis demeure donc fidèle à ses origines dont il conserve toutes les qualités mais aussi certains défauts, démontrant au passage qu'il reste encore à la série une certaine marge de progression, malgré le haut niveau atteint ici.
Passionnant à plusieurs, Virtua Tennis 3 ne l'est pas moins en solo. S'appuyant sur un mode Tour Mondial exhaustif et plutôt bien pensé, non sans rappeler celui de Top Spin, il ouvre au joueur les portes d'une carrière amenée, à terme, à le propulser au rang de numéro 1 mondial du circuit masculin ou féminin. Si l'on peut déplorer l'absence regrettée mais non moins évidente de licences de tournois, force est de constater que de nombreux efforts ont été consentis pour créer les clones des tournois du Grand Chelem, des Masters Series mais aussi des tournois plus ou moins mineurs qui fourmillent dans un calendrier très chargé. Pour preuve, on en dénombre 34 au total. Autant de compétitions auxquelles le joueur ne peut participer d'emblée puisqu'une exigence au niveau de son classement lui impose de figurer parmi le gotha du tennis international pour accéder à l'intégralité du contenu du Tour Mondial. La progression se fait alors par paliers : 300ème, 204ème, 100ème, 56ème et enfin 16ème. Ces positions dans la hiérarchie s'obtiennent tout simplement en gagnant des matchs, tournoi par tournoi, tour par tour, en simple comme en double ou double mixte (pour les doubles, le joueur a un contrôle total sur le choix de son/sa partenaire). Des rencontres d'ailleurs plutôt brèves puisqu'elles oscillent entre deux et six jeux gagnants sur un seul set, en fonction de l'épreuve. Evidemment, toutes les surfaces sont au rendez-vous, de la terre battue au gazon, en passant par le synthétique, parfois indoor. Ainsi, on parcourt le monde entier et des courts plus ou moins prisés par le public mais avançant toujours une personnalité qui les rendent uniques : Allemagne, Australie, Canada, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon...
Mais la compétition n'est pas la seule préoccupation d'un joueur ou d'une joueuse professionnelle. A commencer par son apparence, qu'il est possible de modeler par l'intermédiaire d'un éditeur original mais pas forcément pratique. Celui-ci permet néanmoins de choisir précisément le gabarit de son avatar, sa coupe de cheveux, la couleur de ses yeux et de sa peau, la forme de son nez et de sa bouche, sa main préférée, son style de service, sa position de réception, son type de revers et sa manière de frapper la balle. En sus, des chemises, des shorts, des chaussures, des raquettes, des serre-poignets et d'autres accessoires se débloquent au fur et à mesure, tantôt sous forme de récompenses de sponsors inconnus, tantôt sous forme de cadeaux de votre entraîneur et même des joueurs que vous rencontrez. Car, il faut bien noter qu'un véritable côté amical se dégage au niveau des relations que l'on vient à entretenir avec la vingtaine de joueurs professionnels modélisés dans le jeu. Ceux-ci vous proposent régulièrement des matchs d'entraînement et vous lancent parfois même des défis à travers la douzaine de mini-jeux. Des mini-jeux qui permettent d'améliorer les attributs du joueur au niveau de son service, de son jeu de jambes, de ses coups de base (droit et revers) et de la volée. Souvent décalés, ceux-ci sont avant tout ludiques et totalement en rupture avec l'idée que l'on se fait des entraînements de joueurs professionnels. Toutefois, leur pratique est primordiale et donne la possibilité au joueur, à tout moment de l'année, de s'entraîner à améliorer ses points faibles et à perfectionner ses points forts, de sorte à ce qu'il puisse choisir, à terme, le style de jeu qui sera le sien : serveur puissant, volleyeur, défenseur...
Dans cette optique, la gestion du calendrier prend une véritable ampleur, débouchant sur un réalisme bienvenu et très en phase avec les choix de carrière qu'un tennisman doit avoir à faire. Chaque semaine, plusieurs possibilités s'offrent à lui : participer à un tournoi s'il y en a un de programmé, s'entraîner aux mini-jeux, relever les défis de l'école de tennis ou même se reposer. En effet, une jauge d'endurance indique au joueur l'état de sa santé physique et doit être surveillée de près afin d'éviter les blessures qui peuvent vous immobiliser plusieurs semaines et vous faire ainsi manquer des rendez-vous majeurs. En fonction des obligations du calendrier et des choix qui sont les vôtres, différents types de repos peuvent être préconisés. Ainsi, la boisson énergétique aura un effet immédiat mais éphémère, le repos domestique nécessitera une semaine d'arrêt alors que le départ en vacances vous requinque trois semaines durant, pour le meilleur résultat dans le temps. De son côté, l'école de tennis est le meilleur moyen d'apprendre à varier son jeu et à déjouer les coups portés par tout type d'adversaires. Les défis, scindés en trois niveaux de difficulté, sont composés d'objectifs uniques de plus en plus délicats à remplir et qui nécessitent, pour les plus relevés en tout cas, une certaine science du jeu et une véritable tactique visant à forcer les déplacements et les coups de son opposant, pour conclure par un coup précis, comme une volée, un smash, un amorti ou un lob. Voici donc ce que l'on peut retenir d'un mode carrière bien ficelé mais aux défauts récurrents. Les matchs sont un peu trop courts, les cérémonies de victoires absentes ou très classiques et le niveau de difficulté global finalement un peu trop faible.
Lorsque l'on évoque Virtua Tennis 3 comme une référence en terme de réalisme, ce n'est pas seulement pour sa technique quasi irréprochable, c'est aussi pour tout le travail qui a consisté à reproduire fidèlement les styles de jeux des joueurs pros sélectionnables. En un coup d'oeil, vous reconnaîtrez la manière peu académique de servir d'un Taylor Dent ou d'un Andy Roddick, le coup droit de Rafa Nadal, le revers d'Amélie Mauresmo ou encore la volée d'un Tim Henman. Et cela s'applique à tous les joueurs au rendez-vous, sans exception. Profitons-en d'ailleurs pour lister les heureux élus : Sharapova, Davenport, Hantuchova, Hingis, Vaidisova, Mauresmo et Venus Williams chez les dames, Federer, Nadal, Nalbandian, Grosjean, Ferrero, Hewitt, Roddick, Henman, Blake, Ancic, Haas, Dent et Monfils chez les hommes. Une sélection plutôt représentative de ce qu'est le haut niveau actuel même si un certain nombre d'absences sont rapidement remarquées : Davydenko, Gonzales, Robredo ou Ljubicic pour les messieurs mais aussi et surtout Henin et Clijsters pour les dames. La raison de ces manques n'est pas connue. Toutefois, tous les styles de jeu sont présents, ce qui permet clairement de noter les différences de niveaux des protagonistes en fonction de la surface, même si les rebonds et la vitesse du jeu ne varient malheureusement pas, en tout cas pas suffisamment.
Le gameplay est cependant la cible des rares critiques qu'il est possible d'adresser au jeu de Sega. Si les animations sont criantes de vérité, la prise en main immédiate et le plaisir de jeu indéniable, quelques travers viennent nuire à la qualité des échanges même si ceux-ci peuvent être partiellement gommés après de nombreuses heures de jeu et une grande qualité de placement. Ainsi, et pour prolonger les échanges et pencher du côté de l'arcade, les développeurs ont choisi d'offrir la possibilité au joueur de récupérer des balles qui paraissent inaccessibles, en multipliant les plongeons latéraux. A chaque fois que le joueur se verra trop éloigné de la balle pour la renvoyer, il effectuera un saut pour tenter de la rattraper. Une exagération qui devient un gros défaut en double. Dans la mesure où il est impossible d'annuler une commande, si le joueur présent au filet fait l'erreur de trop anticiper et d'appuyer sur une touche, alors que la balle est clairement destinée au joueur de fond de court, son poulain plongera systématiquement pour renvoyer une balle molle ou trop longue, appelée à terminer sa course en dehors des lignes. On pestera également contre quelques calibrages douteux en ce qui concerne le moment choisi pour commencer à appuyer sur une touche. S'il faut anticiper un maximum pour déclencher un coup puissant, trop d'anticipation lors d'un retour de service laissera le tennisman figé sur place...
Virtua Tennis 3 n'est donc pas parfait mais les décors fouillés, les petits détails marquants comme la trace des balles et des déplacements sur les courts, la réalisme de l'animation, la grande variété de jeux proposés, aux antipodes des stéréotypes trop souvent constatés dans un Top Spin ou un Smash Court, sont autant de qualités qui font de ce titre une réussite. L'équilibre parfait entre arcade et simulation n'est pas complètement atteint mais le fait de pouvoir construire son jeu sur les forces du joueur dirigé et en fonction de l'adversaire est l'une des raisons qui pourra amener les réfractaires aux titres semi-arcades à craquer pour la production de Sega. L'attente fut longue mais pas vaine, voilà bien l'essentiel.
- Graphismes16/20
Les courts fourmillent de petits détails qui poussent le réalisme du jeu à son paroxysme. Rien n'a été omis et l'animation des joueurs a fait l'objet d'une capture de mouvements individuelle extrêmement réaliste. Les traces des balles et des déplacements demeurent sur le court qui se détériore au fil du match. Si l'on met de côté les couleurs parfois un peu trop flashies, la réalisation graphique est de haut niveau d'autant que les visages des protagonistes ont été particulièrement soignés. On note tout de même quelques problèmes d'optimisation sur cette version PC.
- Jouabilité16/20
Accessible, complet, varié, réaliste, le gameplay a quasiment tout pour plaire. Elaborer des tactiques de jeu devient simple mais indispensable. Tout est question d'anticipation, de réflexes et de placement afin de réussir les bons coups au bon moment. Toutefois, certaines situations durant les échanges peuvent agacer, comme la trop forte propension des joueurs à plonger lorsqu'une balle semble inaccessible. Les possibilités d'entraînement aident toutefois à corriger partiellement ce problème.
- Durée de vie15/20
En solo, le mode Tour Mondial vous occupera une quinzaine d'heures et se révèle très prenant. A côté de cela, le mode Tournois est classique et ne propose qu'un bref intérêt, à l'instar des matchs exhibitions, bien que de excellents entraînements. En mutli, et en plus des matchs de deux à quatre joueurs, les mini-jeux proposent des face à face intéressants. En revanche, il est très décevant de ne voir aucun mode Online sur cette version.
- Bande son11/20
L'un des points faibles du jeu. La localisation française des voix laisse vraiment à désirer pendant les entraînements. De plus, les bruitages censés représenter les déplacements sur gazon ou synthétique sont complètement loupés. Que dire du public qui ne réagit que par à coups et de manière très répétitive. De leur côté, les morceaux musicaux seront vite coupés par le joueur, tant ils énervent et déconcentrent. En revanche, les voix des arbitres annonçant les scores en langue locale sont plutôt convaincantes et apportent la petite dose de dépaysement nécessaire.
- Scénario/
A côté du plaisir du jeu et de l'envie d'y revenir sans arrêt, les défauts de Virtua Tennis 3 ne pèsent pas lourd. Balayés d'un revers par un gameplay capable de séduire tous les types de joueurs, ils ne rebuteront que les plus chipoteurs d'entre nous. Immersif au possible, subtil et incroyablement varié, il prend une toute autre dimension à plusieurs. D'où la déception sur PC, de ne pouvoir accéder à un mode Online...