Il fallait à Sony un jeu de combat percutant pour soutenir dignement le lancement de sa nouvelle console, et c'est finalement en direction de Sega que le constructeur s'est tourné pour s'assurer que la PS3 soit la première à accueillir le cinquième Virtua Fighter. Les nouveaux acquéreurs pourront donc y jouer en exclusivité durant quelques mois avant que le titre ne soit disponible dans sa version Xbox 360, et il s'agit sans aucun doute d'un des meilleurs softs du lancement PS3.
Trop à l'étroit dans le milieu privilégié des salles d'arcade où le titre s'est forgé une réputation qui n'est plus à prouver, Virtua Fighter 5 se voit logiquement porté sur PS3 et profite des capacités de la machine pour parader dans une version qui n'a techniquement pas grand-chose à envier à l'original. Le soft est une véritable tuerie visuelle qui se laisse regarder avec d'autant plus de plaisir que la modélisation des personnages atteint maintenant des sommets en matière de réalisme. Les textures faciales et épidermiques sont tout simplement bluffantes, accentuant au maximum les ruissellements de sueur, l'apparition des veines saillantes, le mouvement des rides et l'expressivité des visages. Le studio AM2 maîtrise parfaitement son sujet et nous offre un travail impressionnant avec ce cinquième épisode, pas seulement en ce qui concerne les combattants mais aussi pour ce qui est de l'élaboration des décors dont la beauté n'a d'égal que leur caractère dépaysant. Les replays permettent d'ailleurs d'apprécier au maximum cette performance graphique, et on se félicite de trouver dans le jeu la possibilité de sauvegarder ses propres vidéos.
A l'occasion de ce cinquième volet, on retrouve avec nostalgie les principaux belligérants de la série, des plus anciens (tels Akira Yuki, Pai Chan ou encore le ninja Kagemaru), aux plus récents que sont Goh Hinogami ou Brad Burns, apparus dans Virtua Fighter 4 Evolution. Le soft dévoile ainsi un total de 18 personnages, Dural étant la seule à débloquer. Parmi ceux-ci, seuls deux s'avèrent réellement inédits et méritent donc à juste titre d'être présentés ici. Commençons par Eileen, une jeune adepte du Kou-Ken, un style de combat hérité de Chine qui n'est autre qu'une variante de kung-fu inspirée des mouvements du singe. Cet art lui aurait été inculqué par son grand-père l'ayant élevé après le décès de ses parents. La jeune Eileen a pu ensuite perfectionner son style de combat en oeuvrant dans une troupe d'opéra de Beijing, et aspire maintenant à rencontrer la fameuse Pai Chan qu'elle admire pour ses exceptionnels talents de combattante. Le deuxième personnage inédit de Virtua Fighter 5 est un solide gaillard qui se fait appeler El Blaze et porte un masque tape-à-l'oeil qui met parfaitement en valeur son regard intimidant. D'origine mexicaine, El Blaze est un adepte du Lucha libre et offre une bonne alternative à Wolf Hawkfield, le catcheur attitré de la série.
Maintenant que les présentations sont faites, voyons ce que ces charismatiques individus nous réservent en matière de combat, puisque c'est une fois de plus pour des raisons purement belliqueuses qu'ils se trouvent réunis à l'occasion de cet épisode. Avant toute chose, il peut être bon de souligner qu'à l'instar de ses prédécesseurs, Virtua Fighter 5 ne mise en aucun cas sur le grand spectacle pour s'attirer les faveurs du public. Le soft se révèle pourtant bien plus riche dans son gameplay que n'importe lequel de ses concurrents, même si sa profondeur démesurée ne s'apprécie pleinement qu'à force d'entraînement, et au prix de beaucoup de patience et de pratique. Des conditions qui peuvent légitimement rebuter tous ceux qui n'ont pas envie de consacrer tout leur temps à un simple jeu de combat, mais qui ont fait de cette série la préférée des spécialistes du genre pour qui elle constitue depuis longtemps la référence ultime en terme de baston. Virtua Fighter 5 a donc le mérite d'offrir un gameplay à la fois réaliste et technique, dans le sens où les gestes effectués par les combattants ne sont jamais excessifs. Alors même si les coups les plus difficiles à réaliser n'ont pas la prétention d'impressionner le joueur habitué à la démesure d'un Soul Calibur, ils témoignent du respect mis dans la crédibilité et la fidélité relatives aux différents styles de combat représentés dans le jeu.
Des styles qui couvrent un éventail tellement large qu'on ne peut que trouver chaussure à son pied parmi la liste des personnages proposés. Entre le catch, le judo et le kick-boxing, en passant par toutes sortes d'arts martiaux plus ou moins répandus à travers le monde, le jeu comporte vraiment des styles de combats très diversifiés qui prouvent que les développeurs se sont efforcés de rendre justice à chacun d'entre eux pour prouver que le combat est un art à part entière. Le vénérable Shun Di est toujours là pour vanter les mérites de la technique de l'homme ivre, tandis que le moine Lei-Fei fait l'éloge du combat gracieux au moyen de son shaolin kung-fu. Le force brute n'est pas oubliée non plus, comme en témoigne la présence du violent Jeffry, mais la balance entre les différents personnages est suffisamment bien dosée pour ne pas qu'il y ait de déséquilibres entre eux. Si le gameplay reprend très fidèlement la formule des derniers épisodes en date, on notera par rapport à Virtua Fighter 4 l'introduction d'un nouveau système d'esquives avec lequel il faudra se familiariser. Pour le reste, libre à vous de recourir à tous les mouvements mis à votre disposition pour vaincre votre adversaire. Sachant que sont autorisées toutes sortes d'attaques sautées, arrières et basses, sans oublier les prises d'appui sur les murs et un éventail impressionnant de projections, on ne peut pas dire que ce sont les possibilités de gameplay qui manquent. Ajoutez à cela les techniques accessibles en adoptant des postures précises et propres à chaque personnage, et vous obtenez un jeu de combat ultra complet dont le seul tort est de tout miser sur une technicité effrayante.
Le menu principal donne accès aux modes de jeu caractéristiques de la série, à l'instar du Dojo où l'on peut travailler ses coups de façon libre ou en suivant un ordre imposé. Ce mode aurait cependant gagné à proposer une interface plus conviviale pour aider le novice à se familiariser avec les astuces de combat de manière plus didactique. Le mode Personnaliser est l'endroit où vous pourrez dépenser votre argent dans l'achat d'accessoires et de tenues n'ayant d'autre intérêt que de modifier l'apparence du personnage que vous utiliserez ensuite dans les autres modes. Ces paramètres comprennent notamment différents emblèmes, signatures et autres coupes de cheveux qui feront forcément toute la différence lorsque vous vous lancerez dans l'enfer du mode Quête, gros morceau du jeu. Ce mode hérité du volet précédent n'est d'ailleurs pas sans rappeler la Carrière d'un Virtua Tennis, puisqu'il permet d'accéder à une carte depuis laquelle vous pouvez choisir les salles d'arcade virtuelles dans lesquelles vous allez défier les autres concurrents.
Jouable en solo, le mode Quête offre une marge de progression intéressante dans le sens où vous êtes libre de choisir le niveau de vos opposants dans le but de gagner de l'expérience pour atteindre le rang de 1er Dan. Le nombre de victoires et de défaites est pris en compte, et vous pouvez consulter à tout moment le pourcentage indiquant ce qu'il vous reste à découvrir. Autant dire qu'il vous faudra du temps avant d'acquérir la totalité des emblèmes, déverrouiller les dernières tenues et rencontrer tous les adversaires du mode Quête. On regrettera quand même qu'aucun mode online n'ait été prévu, d'autant que le multijoueur se résume à des affrontements traditionnels en Versus. Pour finir par le plus évident, le mode Arcade vous oppose à une série d'adversaires successifs jusqu'à la confrontation inévitable avec Dural. En conclusion, difficile d'être déçu par ce Virtua Fighter 5 qui impressionne autant par le fond que par la forme. Parce que le côté élitiste du gameplay peut rebuter, on aura tout de même tendance à déconseiller ce titre aux joueurs occasionnels qui seront peut-être étonnés par son manque de démesure et d'accessibilité. Les plus motivés n'ont en revanche aucune raison d'hésiter à franchir le pas pour découvrir le dernier cru des studios AM2.
- Graphismes18/20
Je me permets de laisser une petite marge par rapport au potentiel de la machine, mais il est clair que ce titre est une merveille au niveau visuel. J'en veux pour preuve les détails évoqués dans le corps du test, qui font qu'on oublie presque de jouer pour admirer la qualité de la modélisation des personnages et la beauté des environnements.
- Jouabilité17/20
Même s'il peut s'apprécier avec une approche de néophyte, Virtua Fighter 5 n'est pas un titre auquel on peut se permettre de jouer de manière occasionnelle sous peine de passer à côté de toute la richesse de son gameplay. La croix directionnelle est imposée, ce qui n'est pas plus mal pour un tel jeu, mais le mode Dojo aurait gagné à être plus didactique.
- Durée de vie15/20
La durée de vie tient la route grâce au mode Quête et aux parties en Versus, mais le soft manque de challenges multijoueurs et ne propose pas d'option online.
- Bande son16/20
On n'ira probablement pas jusqu'à écouter les musiques hors contexte pour le plaisir, mais elles soutiennent bien l'action. Les répliques des personnages sont impeccables et la langue respecte l'origine de chacun.
- Scénario/
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Avec ce cinquième épisode, Virtua Fighter conserve la même approche visant à privilégier le réalisme et la technicité au détriment de l'accessibilité et de la démesure. Si les affrontements se veulent moins spectaculaires que ceux de la concurrence, ils ont le mérite de s'attacher au respect des styles de combat proposés. Ceux qui perçoivent le combat comme un art plutôt que comme un simple moyen de se défouler apprécieront tout particulièrement.