Ce qui est étrange avec la distribution française des jeux Nancy Drew, c'est qu'on ne suit absolument pas l'ordre chronologique des sorties américaines. En effet, Dernier Train pour Blue Moon Canyon est paru en 2005 aux Etats-Unis, bien avant Danger au Coeur de la Mode, et il n'arrive qu'aujourd'hui en France. Remarquez, ce n'est pas tellement gênant, vu que chaque épisode est conçu comme une enquête totalement indépendante et on peut donc jouer à n'importe lequel des volets sans jamais avoir touché au précédent. Bien évidemment, il faut aussi tenir compte du niveau de difficulté qui peut varier d'un opus à l'autre et en l'occurrence, ce dernier train est un peu moins facile que le très accessible Danger au Coeur de la Mode.

Si on n'arrête pas de reprocher aux jeux Nancy Drew d'utiliser toujours le même moteur graphique depuis des années, un moteur vraiment vieillot qui ne profite absolument pas des technologies actuelles (et c'est un doux euphémisme), il faut bien dire qu'il y a une chose que les développeurs maîtrisent parfaitement, c'est la variété des contextes proposés. Cette fois-ci, une riche jet-setteuse invite quelques-uns des plus brillants détectives dans un train spécial pour élucider un des grands mystères de l'époque de la ruée vers l'or : la disparition de Jack Hurley. Son train fut en effet retrouvé abandonné à Blue Moon Canyon et son conducteur assassiné. Nancy Drew est évidemment du voyage et elle va rapidement s'apercevoir que les voitures spécialement restaurées pour l'occasion ont quelques invités de renom à leur bord comme les frères Hardy, oui, les héros des romans de Franklin W. Dixon. Si la première partie de l'aventure se déroule dans le train, vous aurez par la suite la possibilité de descendre de celui-ci lorsqu'il sera arrivé à destination. Ce sera l'occasion de visiter quelques lieux, essentiellement un petit musée, une crypte et une mine d'or. Pas beaucoup d'endroits différents donc, et la durée de vie s'en ressent puisqu'elle n'est pas vraiment fantastique. Mais le prix tout doux du jeu permet de faire passer aisément la pilule, d'autant qu'au final, la progression est plutôt agréable même si elle n'a rien d'original.

Car c'est bien là que se situe le véritable point faible de ce Dernier Train pour Blue Moon Canyon : son trop grand classicisme. Au regard des autres opus de Nancy Drew, rien ne le différencie de manière très nette au niveau des énigmes. Pire, on retrouve beaucoup de poncifs du genre : la clé sous une grille que l'on doit récupérer avec une sucette collante, les tuyaux à connecter, un morceau de piano que l'on doit jouer à partir d'une partition donnée... Bref, les habitués du genre risquent bien de rester un peu sur leur faim avec des puzzles aussi basiques, vus et revus. Autre problème : l'ambiance générale n'est pas vraiment au rendez-vous. Certainement la faute à une musique qui se déclenche aléatoirement et parfois même en plein milieu d'un dialogue, ce qui peut gêner l'écoute. Et pourtant, force est d'admettre que malgré ces défauts, on passe tout de même un bon moment avec Nancy et dans ces conditions, il est impossible de mettre moins que la moyenne à ce titre.