Comme bien d'autres titres sportifs et en dépit de ses qualités, la série des SSX semble avoir de plus en plus de mal à nous surprendre au fil du temps, et la sortie de cet épisode Wii arrive donc à point nommé pour inverser la tendance. Même si le contenu du soft n'est pas des plus original, c'est plutôt au niveau de son gameplay que SSX Blur est attendu au tournant. Les contrôles s'appuient en effet exclusivement sur la gestion combinée du Nunchuk et de la Wiimote pour nous offrir des sensations plus immersives et nous donner envie d'arpenter les pistes à la manière kamikaze au mépris de tout danger. Un pari à moitié réussi par SSX Blur, car si le soft apporte une certaine fraîcheur à la série, il ne réussit pas à égaler ses prédécesseurs en termes de richesse de jeu.

Le titre semble d'ailleurs s'adresser davantage aux néophytes qu'aux fervents adeptes de la série, ne serait-ce que parce qu'il aurait du mal à s'imposer comme une véritable suite s'il devait être transposé sur une autre machine. Comme évoqué plus haut, le contenu de SSX Blur ne surprend pas suffisamment dans le sens où il n'hésite pas à piocher dans ses prédécesseurs plutôt que de partir sur des bases totalement nouvelles. Les habitués reconnaîtront ainsi des pistes issues directement de l'épisode SSX 3, même si celles-ci ont tout de même subi quelques remaniements. Des parcours inédits ont heureusement été rajoutés, mais la démarche rappelle beaucoup ce qui avait été fait avec SSX Tricky, et tout le monde n'appréciera pas forcément que les développeurs n'aient pas davantage cherché à offrir de la nouveauté au niveau du contenu. De la même façon, on retrouve la plupart des personnages déjà existants, certains ayant en revanche disparu au profit de quelques nouvelles têtes.

Le système de progression dans le jeu n'a pas non plus beaucoup évolué, puisque le soft propose un certain nombre de modes interdépendants qui se débloquent à mesure qu'on évolue au sein du mode Carrière. Concrètement, vous choisissez un surfeur/skieur dont les aptitudes seront amenées à être améliorées au gré de ses performances, et vous partez en Freeride sur l'un des trois sommets proposés. Ces points de départ donnent accès à divers embranchements qui débouchent sur une douzaine de pistes aux challenges variés. On y trouve notamment de la course, du slalom, du half-pipe, du big-air mais aussi du slopestyle. Si certains sont davantage axés sur la vitesse, d'autres privilégient la réalisation des figures, mais tous ont le mérite de combiner les deux pour vous obliger à ne pas négliger les tricks au profit de la descente pure. Chaque challenge réussi fait monter votre total de points, vous permettant non seulement d'accéder à de nouvelles portions du domaine skiable mais aussi de déverrouiller les défis proposés dans les autres modes de jeu.

Mais qu'en est-il de la jouabilité, censée constituer le principal atout de ce SSX Blur ? Plus question, en effet, de recourir à des manipulations classiques pour contrôler son personnage à l'écran. Désormais, il faut passer par une phase d'apprentissage nécessaire pour assimiler les nouvelles astuces de gameplay. Les déplacements s'effectuent notamment en penchant le Nunchuk à gauche ou à droite, avec possibilité d'accentuer la courbure à l'aide du stick pour prendre les virages les plus serrés. Un choix déroutant au début mais qui offre certaines sensations et qui ne révèle ses limites que durant les slaloms où les changements de direction sont parfois difficiles à maîtriser. Les sauts se font soit en levant le Nunchuk, soit en appuyant sur le bouton A pour prendre une impulsion classique, le résultat étant identique. Notez qu'il est également possible de lancer des boules de neige en pleine course pour ralentir ses concurrents, ce qui n'est pas tout à fait nouveau. Les tricks sont, pour la plupart, assez simples à réaliser, puisqu'il suffit d'orienter la Wiimote verticalement pour sortir des flips, ou latéralement pour les spins. Le recours au bouton A simplifie ensuite grandement l'exécution des figures puisqu'il permet d'abréger rapidement un trick afin de se réceptionner à temps. Plus délicats, les grabs reposent sur l'utilisation du Nunchuk et s'avèrent un peu moins intuitifs, mais dans l'ensemble, la prise en main se révèle assez sympathique dès lors qu'on commence à maîtriser le tout.

Le problème réside plutôt dans la notion d'übertricks, des figures complexes et impressionnantes qu'on ne peut sortir que lorsque certaines conditions sont réunies. Il faut notamment faire monter la jauge de groove en enchaînant un maximum de tricks, sachant que plus le niveau est élevé, plus on engrange de points, sans compter qu'il est possible de puiser dans cette jauge pour profiter d'une accélération non négligeable. Lorsque le seuil requis est atteint, un indicateur vous signale qu'il est possible de placer un über lors du prochain saut, et vous verrez alors un symbole apparaître en bas de l'écran pour vous indiquer quel mouvement vous devez faire avec la Wiimote pour réussir le über. Si l'idée peut sembler bonne sur le papier, elle est anéantie par la quasi impossibilité de réaliser ces figures dans la pratique. Le symbole s'affiche beaucoup trop tard et de manière peu visible, le laps de temps donné s'avère bien souvent trop court, et le manque de tolérance au niveau de la reproduction du symbole avec la Wiimote fait qu'on n'est jamais certain de réussir. On se rabat donc par dépit sur les tricks plus traditionnels, qui auraient gagné à être plus nombreux. Tout ceci entache un peu le plaisir de jeu et rebutera probablement les habitués, tandis que les autres seront tout de même séduits par cet épisode qui exploite malgré tout une formule qui a fait ses preuves.