Soeur spirituelle d'Harry Potter, Alicia, la Bullet Witch, est la seule capable de sauver ce qui reste de l'humanité d'une invasion démoniaque. Après avoir tenté de séduire les Japonais grâce à sa plastique avantageuse, la sorcière débarque maintenant sur les consoles de l'hexagone pour faire du charme aux joueurs avides de combats basiques.
L'histoire de Bullet Witch prend place en 2013, alors qu'une grande partie de l'humanité a déjà succombé à toute une série de cataclysmes et de conflits armés meurtriers. Attirés par la mort et la destruction qui règnent en maîtres sur le monde, des démons surgissent du néant pour attaquer les survivants. Alicia, une sorcière au passé aussi ténébreux que sa tenue, décide donc de mettre ses étranges pouvoirs à contribution dans une brève croisade contre le mal. Brève, car le soft ne nous offre en tout et pour tout que quatre à cinq heures de jeu. Bullet Witch est donc un petit jeu d'action à la troisième personne dans lequel on devra se contenter de trucider tous les démons, zombis et autres créatures peu ragoûtantes qui infestent les rues des grands centres urbains américains. En fait, il est heureux que les développeurs aient choisi ce mode de vue car admirer la belle Alicia constitue le principal intérêt d'un soft qui semble toujours privilégier la forme sur le fond.
La demoiselle est superbe, c'est un fait, mais vous en conviendrez avec moi, ce seul atout n'est pas suffisant pour éviscérer toute une ribambelle de démons écumants de bave et de pus. C'est donc à l'aide d'une puissante mitraillette dont le design évoque un superbe balai high-tech, mais surtout de pouvoirs magiques destructeurs que l'on devra se frayer un chemin sanglant dans les rangs des légions infernales. Les sorts dont dispose la demoiselle ne sont pas particulièrement originaux, en revanche le rendu qu'ils offrent à l'écran est tout à fait convaincant et la satisfaction qu'ils procurent particulièrement gratifiante. Alicia pourra donc, entre autres, projeter des éléments d'un décor partiellement destructible sur l'adversaire, générer un mur de protection, faire sortir des pics du sol pour empaler ses victimes, amplifier la puissance de ses tirs ou encore déchaîner le pouvoir de la foudre. Le problème, c'est que l'interface pour accéder à ces sortilèges manque de souplesse, on devra donc parfois passer par plusieurs menus légèrement transparents sans que le jeu se mette pour autant en pause. C'est à ce prix qu'on obtient une variété finalement toute relative. Bon, il est vrai qu'à force, on prend le coup et déclencher une pluie de feu ne revient finalement qu'à retenir une combinaison de touches. Mais franchement, on aurait aimé quelque chose d'un peu plus instinctif. On pourra également reprocher au titre son système de visée très imprécis qui oblige le joueur à enchaîner les pas chassés en priant pour qu'un ennemi daigne passer sous son réticule de visée.
Malheureusement, le jeu souffre aussi de sa structure linéaire qui semble piétiner joyeusement toute possibilité de surprise ou de renouvellement. Quel que soit le niveau, avancer dans Bullet Witch revient à tuer quelques zombis, se retrouver bloqué par une barrière magique, revenir sur ses pas pour trouver la créature qui génère le champ de force - souvent un cerveau volant qui se défend en projetant tout ce qui se trouve à sa portée sur votre frêle silhouette - la désosser pour ensuite recommencer lors de la prochaine section du niveau. A l'issue de chaque section, on pourra dépenser nos points d'expérience pour améliorer ou acheter de nouveaux sorts ou armes, mais au final, le jeu n'offre pas grand-chose en terme de contenu. Bullet Witch est donc monotone, d'autant que vos ennemis, tout comme les boss ne sont ni très variés, ni très malins. Pourtant, alors qu'on se dit «Ah, j'en ai marre, j'arrête !», le soft parvient toujours à nous lancer quelque chose d'assez pêchu à la figure. Que ce soit un cerveau volant qui décide de vous envoyer un camion-citerne dessus, un hélicoptère de l'armée déversant sa cargaison de marines zombis, un boss de 30 mètres vindicatif ou encore une cinématique qui rend hommage aux beaux yeux d'Alicia.
Bullet Wich est donc un soft qui distille avec trop de parcimonie ses meilleurs moments, et qui reste malheureusement fade et convenu la plupart du temps. Ne comptez pas non plus sur la réalisation pour compenser un gameplay défaillant. Si certains décors ne manquent pas de charme, de même que les effets de certains sorts, il faudra surtout faire avec un déséquilibre entre ombre et lumière extrêmement gênant, un bon nombre de bugs graphiques, ainsi qu'un clipping venu d'un autre âge. Bref, les aventures de notre sorcière bien aimée n'attireront que les curieux et ceux que la jolie jaquette sera parvenue à séduire.
- Graphismes11/20
Alicia, tout comme certains personnages au design très organique, est très charismatique mais on ne pourra pas en dire autant de la plupart des décors et de leurs nombreux petits défauts.
- Jouabilité9/20
Le système de sélection des sorts n'est pas très pratique mais finira sans doute par être apprivoisé. En revanche, on ne pourra rien faire pour l'exécrable intelligence artificielle du soft, ainsi que sa structure linéaire et rébarbative.
- Durée de vie7/20
Il ne faudra pas plus de quatre ou cinq heures à un joueur moyen pour terminer le jeu en normal, et ce malgré quelques passages corsés. Avec ses différents modes de difficulté dont un à débloquer, le soft joue pourtant la carte de la rejouabilité, mais c'est loin d'être suffisant.
- Bande son11/20
Quelques morceaux sont plutôt jolis, mais les voix anglaises manquent cruellement de conviction. Les commentaires des soldats démons sont d'ailleurs particulièrement ridicules car ils évoquent plus des insultes de rombières aigries qu'autre chose.
- Scénario12/20
Le scénario de Bullet Witch est simple mais efficace. Il est d'ailleurs soutenu par quelques cinématiques cherchant surtout à mettre en valeur l'héroïne, et on ne s'en plaindra pas.
Bullet Witch délivre quelques trop rares bons moments dans une aventure avant tout poussive et répétitive. Si l'on prend plaisir à observer les effets des sortilèges de la sorcière sur les démons, on souffre plus que de raison pour les déclencher. Une telle héroïne dans une aventure mieux ficelée aurait sans doute pu nous faire frétiller de bonheur, mais Bullet Witch n'est rien de plus qu'un jeu d'action passable.