Le recyclage est une bonne chose. Il s'agit même d'un acte responsable et citoyen qu'on ne peut qu'encourager. Pourtant, lorsque Rockstar se lance dans le recyclage quasi industriel de sa série phare GTA, on commence sérieusement à remettre en question l'intérêt de la chose. Après GTA : Vice City sur PS2, et GTA : Vice City Stories sur PSP, voici donc GTA : Vice City Stories de retour sur PS2, une version très similaire à l'édition portable, d'où un test lui aussi... recyclé.
GTA, c'est maintenant une affaire qui roule. Une série qui semble avancer toute seule sans qu'il y ait besoin de relancer la machine. C'est en tout cas l'impression qu'elle donne lorsqu'on la voit chaque année réinvestir les rayons de nos magasins de jeux. Pourtant, tout n'est pas si simple et GTA Vice City Stories nous laisse penser que Rockstar aurait peut-être dû se pencher un peu plus sur le développement de son titre au lieu d'appliquer aveuglément la méthode qui lui avait permis de transposer GTA sur portable avant de le faire revenir sur PS2. Cette méthode, c'est celle de l'histoire parallèle au jeu original. En gros, on va se retrouver à Vice City, se balader dans les mêmes rues que le jeu original, croiser certains de ses personnages emblématiques, mais tout ça à travers les yeux d'un nouveau héros. L'heureux élu s'appelle Victor Vance, et pour ceux qui se poseraient la question, oui, il s'agit bien du frère de Lance déjà connu des fans et que l'on retrouvera ici aussi. Vic est un bon gars, juste trop naïf pour vivre à Vice City. Enrôlé dans l'armée pour ramasser assez d'argent dans l'optique d'aider sa famille, il se fait rapidement embobiner par son supérieur Jerry Martinez, un gradé adepte de films cochons et aux narines trop blanches pour être clean. Tout dérape lorsque Vic accepte de rendre service à Martinez en allant chercher pour lui quelques paquets de poudre à l'autre bout de la ville. Le mal est fait, Vic a trempé son orteil là où il ne fallait pas, ce qui le conduira à cotoyer désormais toutes les crapules de la ville. Et comme dans tout GTA qui se respecte, il lui faudra naviguer de l'un à l'autre pour effectuer les basses besognes.
Si Vice City Stories ne s'affranchit donc pas du genre "simulation de gangsters", ce qui est somme toute normal, le titre ne tente pas grand-chose pour faire évoluer le sujet. On y retrouve ainsi toutes les composantes de la série, à savoir le vol à la tire, les fusillades entre gangs, les escortes de prostituées ou encore les missions annexes de taxi, d'ambulance ou de police. Il y a aussi les marchands d'armes AmmuNation, les garages Pay 'n' Spray pour repeindre sa caisse ainsi que les paquets cachés et représentés ici par des ballons rouges à dégommer. Jusque-là, rien de neuf sous le soleil de Vice City. Ce qui est nouveau, par contre, c'est le mode Empire, plus ou moins calqué sur l'achat de propriétés dans le jeu d'origine. Ici, les transactions sont tout de même un peu particulières. Pour vous emparer d'un business et ainsi récupérer chaque jour une coquette somme d'argent (directement versée dans votre compte en banque sans avoir à aller la réclamer), il faudra d'abord vous emparer de l'endroit par les armes. Ce n'est qu'après avoir provoqué les occupants du building et les avoir éliminés un par un, que vous pourrez décider d'acheter ou non l'endroit. Ensuite, il vous faudra déterminer du genre de commerce à ouvrir en choisissant parmi les saines occupations que sont par exemple la prostitution, le trafic de drogue ou encore le cambriolage. En tout, six activités différentes peuvent être créées et réparties à travers toute la ville. Bien sûr, votre empire attisera la colère de vos rivaux et il faudra faire face à de nombreuses rixes armées pour défendre votre position. Concrètement, vous aurez à galoper sur le lieu de l'attaque avant qu'une jauge n'atteigne sa limite, sans quoi vous devrez vous affranchir de frais de réparation avant de récupérer votre bâtiment. Je vous laisse seul juge de l'intérêt de la chose. Pour notre part, les incessants allers-retours en ville auront eu raison de notre patience et plutôt que de courir à droite et à gauche, nous avons préféré payer les factures en cas de casse.
Quelques nouveaux véhicules font aussi leur apparition dans ce volet, permettant à Vic de se balader dans les airs en hélico et même sur mer grâce à quelques jet-ski. A ce sujet, le héros est aussi capable de nager quelques brasses au lieu de bêtement sombrer sous l'eau au moindre faux pas. Enfin, pour clore sur les nouveautés, signalons l'apparition des pots-de-vin à payer sur le parking de la prison ou de l'hôpital. Ces derniers vous permettront de récupérer votre arsenal sans avoir à retourner à la planque pour le chercher. Plutôt pratique, tout comme les taxis qui vous reconduiront directement sur les lieux de la dernière mission tentée. Malgré cela, et en dépit aussi de tout ce qui fait toujours le charme d'un GTA (l'immensité de la carte, la relative liberté d'action, la grande durée de vie, les radios en voitures...), Vice City Stories éprouve quelques difficultés à nous emballer autant que ses confrères. La faute peut-être à un scénario moins passionnant (le début de l'histoire notamment) ou simplement à la lassitude de voir arriver un énième épisode encore et toujours calqué sur le modèle GTA III. En somme, on aborde ce volet sans l'enthousiasme qui accompagne généralement la découverte d'un nouveau GTA.
Contrairement à la version PSP qui affichait un bon niveau technique, cette déclinaison PS2 n'impressionne vraiment pas et ce, même si les problèmes de clipping ont disparu. Le fait est que cette version partage le moteur de la PSP, ce qui tranche un peu avec les productions actuelles de la Playstation 2. Les textures et les modélisations sont donc assez grossières mais le tout se rattrape par les jeux de lumière, typiques du jeu original, autrement dit accentués à mort pour retranscrire l'ambiance de Vice City. Les cinématiques sont plutôt nombreuses, mais on évite ce coup-ci les chargements interminables de la PSP. De toute manière, il est possible de les zapper. Au niveau du son par contre, rien à redire. C'est encore une fois du très bon boulot avec des doublages certes très grossiers et vulgaires, mais surtout des musiques directement tirées des 80's, période ciblée par Vice City Stories.
Mais alors pourquoi est-on si froid face à Vice City Stories. Probablement parce que le titre ne cherche pas à corriger les défauts que la série trimballe depuis maintenant plusieurs années. Un système de visée dans les choux (mais plus maniable que sur PSP, merci au stick droit) ou encore une physique des véhicules trop capricieuce (le moindre choc vous envoie valdinguer à plusieurs dizaines de mètres de votre caisse), deux problèmes que l'on apprécierait ne plus voir dans les GTA d'aujourd'hui. Cela dit, difficile d'être vraiment sévère face à GTA : Vice City Stories. Si l'aspect technique n'est pas toujours au top, le gameplay reste parfaitement similaire à ce que l'on connaît déjà. On peut donc au moins être sûr d'une chose, les fans se régaleront. Et à ceux qui ne connaissent pas encore, on conseillera plutôt Liberty City Stories centré autour d'une histoire plus intéressante ou carrément GTA : San Andreas, autrement plus complet. Ah oui, dernier point, cette version PS2 n'offre aucun mode multjoueur. C'est bien dommage.
- Graphismes11/20
Visiblement, GTA supporte mal les voyages. Trimballé de la PS2 vers la PSP pour revenir à sa plate-forme d'origine aura laissé quelques traces. Les graphismes sont assez datés, malgré des jeux de lumières très 80's et donc parfaitement dans le ton.
- Jouabilité16/20
La jouabilité reste globalement similaire à l'épisode précédent avec des cavales folles à travers la ville pour remplir divers petits boulots frauduleux. Vice City Stories instaure cependant un mode Empire qui vous permettra d'asseoir un business dans toute la ville.
- Durée de vie16/20
Comme toujours avec un GTA, il y a de quoi manger jusqu'à plus faim. En ne se concentrant que sur les missions principales, il est vrai que vous verrez rapidement la fin, mais dès lors que vous tenterez de réussir toutes les missions secondaires, je vous assure que vous ne lâcherez pas votre manette de si tôt. Malheureusement, le jeu se voit amputé de ses modes multi qui restent donc exclusifs à l'édition PSP.
- Bande son16/20
Back to the 80's ! Les musiques nous renvoient directement à l'époque de Cure, Blondie, Depeche Mode, Kiss, INXS ou Genesis. Ces groupes sont d'ailleurs présents dans les radios du jeu, eux et beaucoup d'autres ! Question doublages, les voix anglaises nous donnent une nouvelle leçon du mal parlé ricain. C'est fleuri, comme on dit.
- Scénario14/20
Moins intéressant que d'ordinaire, en raison d'un héros peu charismatique, Vice City Stories vaudra surtout pour son ambiance puisée directement au coeur des années 80. Malheureusement, le côté satirique que l'on connaît habituellement à la série n'est pas aussi présent ici.
La saga GTA continue avec un épisode un tout petit moins prenant que le précédent. Vu le petit prix, on pardonnera facilement les quelques défauts techniques, mais plus difficilement le scénario moins travaillé. Quoi qu'il en soit, avec son gameplay si caractéristique, Vice City Stories devrait satisfaire les nombreux fans de la série.