S'être fait écraser, pulvériser, étaler, vaporiser et répandre un nombre incalculable de fois sur l'autoroute du jeu originel ne constitue pas un motif suffisant pour empêcher Frogger d'en redemander et de revenir régulièrement sur nos chères petites consoles. Près d'un quart de siècle après sa première apparition vidéoludique, Frogger, la seule grenouille de l'univers sujette à l'aquaphobie, revient sur DS pour une aventure plate-formique de qualité, même si elle n'invente rien.
En fait, pour une fois, ce n'est pas avec Frogger qu'on débute l'aventure mais avec un jeune garçon frétillant d'impatience à l'idée de recevoir son animal de compagnie tant désiré. Persuadé qu'il recevra le superbe dragon de ses rêves, il se retrouve finalement en possession du chétif Frogger. C'est un peu comme si vous commandiez une panoplie d'Albator au père Noël et que vous obteniez le string de Tarzan. Bref, le petit gars qui se faisait une joie de participer à la compétition de dresseurs organisée par le géant du jouet Toby Inc. est tout bonnement dépité, pour ne pas dire anéanti. Partagé entre l'envie d'abandonner le batracien sur la rocade ou d'en cuisiner les gambettes, le garçonnet est finalement incité par sa meilleure amie à tenter malgré tout l'aventure. Passée sa déception initiale, le gamin apprendra bien vite que des décennies de slalom entre des semi-remorques ont permis à Frogger de développer des réflexes hors du commun, lui permettant de devenir une sorte de Terminator du jeu de plates-formes, une créature née pour bondir, une sommité de la haute-voltige, un monstre de combativité, un archange de la ruse !
My Frogger Toy Trials est donc sensiblement différent du dernier épisode sorti sur DS, en cela qu'on ne se contentera pas d'enchaîner des niveaux plates-formiques les uns derrière les autres comme on le ferait avec des saucisses d'apéritif. Tout est maintenant lié par ce contexte de tournoi de dresseurs à la sauce Pokemon. Entre chaque niveau grenouillesque, on devra faire évoluer le garçon dans un univers qui n'est pas sans rappeler Another Code et ses dialogues longuets. On pourra ainsi parler aux autres compétiteurs, ce qui donnera lieu à une bonne quantité de conversations un peu niaises et ennuyeuses, ou acheter des bonus à la boutique locale pour booster l'amphibien pustulescent. Le tout est très dirigiste et limité, ne comptez donc pas partir explorer le monde ou faire des mini-quêtes, car tout ne fait finalement office que de liant scénaristique mollasson entre les différents niveaux. Le garçon, avec Frogger dans la poche de sa salopette, devra donc se rendre à l'endroit de chaque épreuve du tournoi et c'est seulement là qu'on retrouvera les mécanismes classiques de Frogger le plate-formien, et non pas l'ami des routiers.
Et on repart en vue de haut, comme à l'accoutumée, dans des niveaux en 3D bourrés de plates-formes plus ou moins espacées et de pièges machiavéliques. On ne renie pas ses origines, loin de là, car l'ornement à pare-chocs verdâtre devra souvent faire face à des ennemis mobiles lancés dans d'interminables rondes telles des sentinelles automatisées. Il faudra donc souvent s'insérer dans ce «trafic» en calculant bien son coup, pour parvenir à la fin du niveau et ainsi réussir l'épreuve. Frogger devra bien aussi déplacer des caisses ou se suspendre à des crochets avec sa langue démesurée pour progresser dans ce dédale. Sachez d'ailleurs que si les premiers niveaux sont très faciles, le suivants deviendront vite beaucoup plus tordus et compliqués que ne le laisse présager le design enfantin du soft. Tout comme son prédécesseur sur DS, My Frogger Toys Trials conserve l'agréable mélange entre arcade et réflexion. La grenouille voyez-vous, ne se déplace pas comme Link le faisait autrefois, mais elle évolue sur une sorte de damier invisible, case par case. Appuyer sur une touche de mouvement la fera automatiquement sauter d'une case dans la direction indiquée, et pour qu'elle tourne sur elle-même ce sont les boutons L et R qui devront être sollicités. Du coup, on sera souvent obligé de planifier à l'avance nos mouvements sous peine de trépasser dans d'affreuses souffrances. My Frogger Toys Trial est donc fait pour les joueurs aux doigts aussi rapides et musclés que leurs neurones.
Au fond, pour peu que vous connaissiez déjà le batracien, vous penserez là que ce soft n'apporte rien de neuf, mais ça serait sans compter l'utilisation ponctuelle de l'écran tactile. Ainsi, on devra parfois utiliser cet appendice si particulier à la console de Nintendo afin d'aider le batracien à faire fonctionner une sorte de balancier par exemple, et ainsi le propulser un peu plus loin. C'est amusant, mais rend sans doute le jeu plus dur car il faudra souvent naviguer entre les boutons normaux et l'écran tactile, qui deviendra d'ailleurs graisseux à souhait. Certaines épreuves spécifiques exigeront même l'utilisation du stylet pour faire rouler votre personnage comme dans une sorte de petit Monkey Ball, ou même encore du micro sur lequel il faudra souffler pour faire avancer l'embarcation de fortune de la grenouille. A cela s'ajoute l'utilisation ponctuelle de déguisements qui modifient quelque peu les pouvoirs de l'animal. Déguisé en coq, il pourra picorer et détruire les murs de béton, avec un tee-shirt moulant rose les bonus de vie récoltés seront triplés, avec un costume de ninja, il pourra escalader les murs. Rien ne vous empêchera d'ailleurs de revenir dans les niveaux déjà terminés afin d'y découvrir des endroits jusque-là inaccessibles. En bref, tous ces petits éléments apportent donc une variété non négligeable au soft, de même qu'un aspect stratégique assez prononcé, et par la même une difficulté accrue. En bref, Frogger reste tout de même fidèle à lui-même et nous livre une expérience prenante et étonnamment exigeante. My Frogger Toy Trials pèche toutefois par la longueur de ses dialogues et excès de mise en scène mignonne certes, mais qui se met un peu trop souvent en avant en courant ainsi le risque de lasser le joueur avide de niveaux plates-formiques.
- Graphismes14/20
Le titre offre en fait deux styles graphiques différents. En compagnie du garçonnet, on se retrouve dans un monde coloré assez joliment détaillé qui évoque un peu Another Code, voire Animal Crossing DS. Les niveaux de Frogger sont eux plus dépouillés mais parfaitement plaisants et surtout lisibles.
- Jouabilité13/20
Dans l'ensemble, Frogger est fidèle à lui-même mais l'ajout de quelques éléments, tels que les costumes et les différentes interactions tactiles rendent le jeu un peu plus riche, mais sans doute aussi plus difficile. Les différents niveaux sont variés et agréables mais le jeu pêche par sa narration poussive et parfois trop envahissante.
- Durée de vie14/20
Parvenir à terminer les différentes étapes du tournoi occupera les apprentis grenouilles pendant un moment. D'autant qu'il faudra presque apprendre certains niveaux pour en voir le bout. A cela s'ajoute une dizaine de mini-jeux jouables à 4 en multi, et qui reprennent les épreuves inhabituelles du tournoi : football de grenouilles, course aquatique, jeu de danse, énigme de boîtes à pousser, et un deathmatch particulièrement amusant. Bref, une petite cartouche bien remplie.
- Bande son12/20
Les musiques sont tantôt sympathiques, tantôt énervantes, surtout si on se retrouve à faire et refaire un même niveau. Les bruitages ne vont pas chercher bien loin, mais ils sont aussi mignons que Frogger et ses potes.
- Scénario11/20
L'histoire est gentillette mais parfois trop envahissante, surtout au début. Cela dit, c'est peut-être la première fois qu'on dispose d'une histoire aussi dense, toutes proportions gardées bien sûr, dans un épisode de Frogger.
Frogger fête ses 25 ans avec dignité. On ne criera sans doute pas au génie, mais cet épisode est probablement meilleur que son prédécesseur sur DS. L'histoire enfantine contraste tout de même trop avec la relative difficulté du soft. Les plus petits risquent d'être frustrés après seulement quelques niveaux alors que les joueurs plus matures ne pardonneront peut-être pas un scénario un peu niais. Reste que les niveaux passés en compagnie de Frogger n'ont pas perdu de leur charme, bien au contraire.