Les reptiles amphibies amateurs de pizzas napolitaines radioactives n'ont pas toujours été gâtés par la vie depuis qu'ils ont tenté de quitter les pages du comics originel, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais heureusement, tout le monde a le droit à une nouvelle chance, surtout quand on est susceptible de générer des hectolitres de billets verts. Aussi, c'est au studio Ubisoft de Montréal qu'on espère devoir la renaissance vidéoludique des quatre ninjas éboueurs. Les développeurs, sans doute boostés par les sandwichs au caribou, tentent en effet de dépoussiérer les écailles des tortues tout en gardant l'esprit propre à la série. Entre humour décalé, combats nerveux et haute voltige, Michaelangelo, Leonardo, Raphaëlo et Donatello devront se serrer les coudes comme jamais pour parvenir à sauver une nouvelle fois le monde.

Le scénario du titre s'inspire évidemment de celui du long métrage. Ainsi, après avoir vaincu Shredder et ses sbires, les quatre peaux vertes, désireuses de s'octroyer un peu de repos au fond de leurs égouts, voient avec désarroi un riche industriel échafauder de sinistres plans pour la domination mondiale. Pour ne rien arranger, les tortues sont encore adolescentes et connaissent donc les difficultés inhérentes à cette période charnière, entre enfance et âge adulte. Les reptiles doutent, perdent confiance en leurs capacités respectives et s'éloignent les uns des autres. La situation est donc bien mal engagée, mais Leonardo et Splinter, le maître ragondin mais néanmoins vénéré des frangins, décident de tout faire pour rassembler les frères et reformer avec eux un puissant rempart contre le mal. L'union fait la force mes bons amis ! Et c'est ce que les gentlemen de Montréal tentent de nous montrer dans ce qu'ils considèrent être le complément logique de l'expérience cinématographique.

Teenage Mutant Ninja Turtles : The Movie est un soft d'action/plates-formes avec quelques pincées d'aventure par-ci par-là. Ce qui frappe de prime abord, ce sont les indéniables qualités graphiques du soft. Les environnements sont variés et vous inviteront à virevolter sur les toits de New York, dans les inévitables égouts et même dans une jungle d'Amérique du sud copieusement chlorophyllée. On note également quelques effets visuels de bonne facture lors des combats notamment. L'animation n'est pas en reste et semble fluide, ce qui n'est pas sans rappeler les performances d'un certain prince de Perse. Il y a pire comme référence tout de même ! Cela dit, on note encore quelques petits problèmes de caméra qui semble parfois trop loin de l'action, mais gageons que ces petits désagréments connaîtront une fin tragique de la main des développeurs. Hop, un petit coup de nunchaku et on n'en parlera plus.

Mais venons-en au coeur du jeu. Comme les bonbons et surtout les Raffaellos, après l'emballage, on passe vraiment aux choses sérieuses. Le titre vous propose donc une étrange succession de séquences de plates-formes et de scènes de combat qui prennent place dans des sortes d'arènes fermées. Pour en sortir, il faudra se débarrasser de tous les adversaires avides de mandales qui se succèdent par vagues. Les premiers niveaux du soft font office de tutorial et vous permettront de vous familiariser tour à tour avec les 4 compères et leurs capacités respectives. Parce que voyez-vous, le jeu repose avant tout sur la complémentarité des consommateurs de pizzas. Chaque tortue dispose donc de son style de combat propre, en accord avec sa personnalité, de ses armes et surtout d'une technique spéciale. Les fans reconnaîtront sans peine les méthodes un peu brouillonnes de Michaelangelo qui jurent avec celles d'un Donatello beaucoup plus méthodique et appliqué. Plus tard, on pourra changer de personnage au gré des situations pour réaliser des combos. Mais attention, si vous tentez une combinaison mais que vous échouez lamentablement, le frère sollicité ira alors bouder dans son coin pendant plusieurs dizaines de secondes. Méfiance donc, car les liens familiaux, cela s'entretient.

Pendant les phases de plates-formes, on retrouvera presque tous les mouvements inclus dans les derniers volets de la série Prince Of Persia comme les doubles-sauts, les cavalcades sur les murs, les bonds de corniche en corniche et d'autres performances acrobatiques. Peut-être plus encore que pendant les combats, il faudra recourir ponctuellement aux armes de chaque ninja pour progresser. Les nunchakus de Mike (pour les intimes) par exemple, feront parfois office d'hélices et lui permettront de survoler des gouffres tel Stringfellow Hawke dans son Supercopter. Raphaëllo pourra quant à lui se servir de ses deux «sai», armes traditionnelles japonaises que j'affilierais ici à des broches pour méchoui, afin de s'accrocher aux murs à la manière de Chilla dans Kameo : Elements Of Power. Bref, il y a de quoi faire, d'autant que Teenage Mutant Ninja Turtles : The Movie joue la carte de la rejouabilité en vous incitant à refaire les niveaux pour obtenir une meilleure note et ainsi débloquer du contenu.

Ce qui inquiète votre humble serviteur toutefois, c'est la redondance du soft. Certes les environnements changent mais on aura peut-être un peu peur de tomber trop vite dans la routine du cinq minutes de plates-formes, hop, une arène de combat longuette, pour retomber dans de la plate-forme jusqu'au prochain espace dégagé inévitablement synonyme de combat. En l'état, le bébé d'Ubisoft peine à surprendre et se complaît un peu trop dans la répétition. Reste un titre qui n'est pas dénué d'une certaine saveur, mais les lecteurs courageux qui m'ont suivi jusqu'ici devront tout de même patienter jusqu'à la sortie officielle du soft fin mars pour un test en bonne et due forme.